Ralph Super King : Gloire au roi !

Toujours dans l’idée de ressortir des comédies populaires du catalogue Universal, Elephant Films nous gratifie d’une édition blu-ray et DVD de Ralph Super King. Comédie passée totalement inaperçue dans nos salles à sa sortie et quasiment absente des rayons familiaux dans nos vidéos-clubs à l’époque, elle possède moult qualités qui lui permettent d’être réhabilitée aujourd’hui. Écrit et réalisé par David S. Ward, Ralph Super King est une adaptation du roman Headlong d’Emlyn Williams.

La Cour d’Angleterre au grand complet est décimée par électrocution lors d’une séance de photo. On recherche activement un quelconque descendant. Le plus proche parent encore vivant est un chanteur/pianiste se produisant dans des cabarets à Las Vegas du nom de Ralph Jones. Mais cet américain bon vivant, dévoreur de hamburgers, doit passer par une rééducation. Pourra-t-il assumer son nouveau rôle, beaucoup plus contraignant qu’il n’y paraît, même avec l’aide du fidèle aristocrate Willingham ?

Fort d’un succès honorable au box-office mondial (rapportant plus de 52 millions de dollars pour un budget de 23 millions, assurant à David S. Ward son plus gros succès), le film n’a que très moyennement convaincu la presse d’époque qui le définissait comme un conte basique et sans véritable intérêt. Pire que tout, Ralph Super King s’est attiré les foudres du public anglais qui s’est révolté contre lui. Les anglais ont déclaré avoir été choqués par la mise en scène de la mort de la totalité de la famille royale. Pour autant, le livre d’Emlyn Williams n’avait suscité aucune réaction de la sorte alors que son postulat de départ demeurait identique à son adaptation cinématographique. Cruelle ironie qui, si l’on voulait être médisant, nous ferait croire à un certain manque de culture littéraire chez nos amis britanniques. Dès lors que l’on touche à la famille royale, il est très facile de s’attirer les foudres du peuple anglais. Seulement, Ralph Super King ne serait pas la délicieuse comédie qu’il est sans cette entrée en matière rocambolesque. Imaginer un américain rustre s’accaparer les pouvoirs du royaume d’Angleterre a de quoi faire hérisser quelques poils, certes. Par ailleurs, et c’est à cela que l’on reconnaît l’élégance du scénario, le film ne sera jamais diffamatoire envers la monarchie ou l’aristocratie britannique. Pour ce faire, le choix de John Goodman pour camper Ralph était tout simplement le meilleur des choix. A l’époque, personne d’autre n’aurait pu inspirer autant de sympathie pour interpréter cet homme grand et rustre, sorte de nounours attendrissant avec un caractère bien affirmé, mais au cœur immensément bon…personne d’autre que Goodman n’aurait réussi (mis à part John Candy). Il y a un parallèle intéressant qui se dessine entre le personnage de Ralph et l’homme qu’est John Goodman à la vie. En effet, en 1991, Goodman est déjà relativement bien installé dans le paysage cinématographique américain. Éternel second rôle reconnaissable entre mille, il ne s’est jamais plaint de sa stature médiatique. Très critique envers son physique, il a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne correspondait en rien à l’idéal du premier rôle pour lequel le spectateur va payer sa place de cinéma pour le voir emballer la jolie jeune fille en fin de film. Avec Ralph Super King, David S. Ward lui prouve qu’il a eu tort d’être aussi méprisant envers ses capacités. Bien que le public ne fut pas spécialement au rendez-vous, le film lui permettra d’être mieux mis en valeur lors d’autres productions parmi lesquelles son rôle de Fred dans La Famille Pierrafeu qui démontrera qu’il peut tout à fait jouir d’une posture d’homme sexy et fort et d’avoir la belle femme à ses côtés. D’ailleurs, sa romance avec la sublime Camille Coduri est un pilier essentiel au bon fonctionnement de Ralph Super King. La romance du film ne semble jamais galvaudée tant elle sonne juste. Le duo Goodman/Coduri enchante plus que de raison, mais n’oublions pas le reste du casting.

Ralph Super King possède tous les atouts du film familial que l’on prend plaisir à (re)découvrir. Non seulement, il est illuminé par l’éminente sympathie qu’impose naturellement John Goodman. La divine Camille Coduri fera chavirer n’importe quel cœur. La romance ne fait jamais forcée et n’est jamais niaise. David S. Ward trouve le ton parfait pour ravir autant la spectatrice venue chercher une comédie romantique que le spectateur allergique aux histoires de contes de fées. De plus, les moments de comédie ne sont jamais ringardes ou lourdes. Goodman s’amuse comme un enfant et est sans cesse tempéré par un casting en or massif qui s’assure du ton adéquat des répliques. Quel plaisir de le voir être secondé par Peter O’Toole, John Hurt ou encore Richard Griffiths (l’oncle Dursley dans la saga Harry Potter). Les acteurs évoluent dans un cadre splendide. Le film a été tourné au Palais de Buckingham et au Highclere Castle dans le Hampshire, ainsi que dans divers comtés nobles de l’Angleterre comme le Kent ou Buckinghamshire. Par le biais de ces fabuleux décors, Ralph Super King assure une identité visuelle unique. Le héros baigne dans une atmosphère chargée d’Histoire. Le décalage avec ses habitudes citadines n’en est que plus flagrant. Mais plus que de jouer la carte du choc des deux univers, Ralph Super King démontre que les deux mondes peuvent se côtoyer sans susciter une quelconque anomalie. Le film rapproche les peuples et son univers réconfortant joue énormément sur le capital sympathie qu’on lui octroie en fin de lecture. De plus, l’univers musical du film, s’accordant entre les compositions discrètes de James Newton Howard et le rock’n’roll endiablé de Little Richard, assène le coup de grâce définitif quant aux qualités évidentes du métrage.

Ralph Super King est une comédie servie par un casting en or, une réalisation solide et une écriture fine qui sait grossir les traits juste comme il faut. Tous les éléments sont réunis pour nous faire passer un moment agréable et nous divertir correctement le temps d’une séance en famille. De plus, le master proposé par Elephant Film est d’une excellente qualité et vous permettra de (re)découvrir ce film oublié du grand public. Ralph Super King est un outsider qui n’a à rougir de rien et qui se doit d’être réhabilité.

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