Le Secret de Mon Succès : Fall & rise in New York city

Toujours dans l’idée de proposer des titres insoupçonnés du catalogue d’Universal, Elephant Films nous a fait l’honneur de ressortir en combo Blu-Ray/DVD, Le Secret de Mon Succès. Comédie mettant en scène un Michael J. Fox en pleine ascension (il sortait du succès de Retour Vers Le Futur), la réputation du film n’a jamais cessé d’alimenter les discussions chez les fans de son acteur. Considéré comme l’un de ses meilleurs rôles, Le Secret de Mon Succès est un film qui était, jusqu’alors, réservé à une élite minoritaire. Sorti en plein mois de juillet, distribué a minima lors de sa sortie en VHS et très peu télédiffusé, il était ce genre de film qu’on adorait garder sous le manteau. Comme s’il fallait faire perdurer indéfiniment sa relation privilégiée avec ses fans, Le Secret de Mon Succès n’était jamais vraiment cité dans divers tops des comédies américaines des années 80. Œuvre hybride entre le teen movie et le film sur le monde de la finance, Le Secret de Mon Succès s’offre enfin son baroud d’honneur en blu-ray…et il était temps.

Brantley Foster, récemment diplômé de l’Université du Kansas, quitte ses parents pour New York où il a décroché un emploi en tant que financier. Dès son arrivée, il découvre que l’entreprise pour laquelle il était censé travailler a été reprise par une société rivale. En conséquence, Brantley est mis à pied avant même qu’il n’ait commencé à travailler. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un autre emploi, il est engagé dans le service courrier de la Pemrose Incorporated, dirigée par son oncle, Howard Prescott. Lors de l’inspection des rapports de l’entreprise, Brantley se rend compte que Prescott et la plupart de ses collègues sont carrément inefficaces dans la gestion de la boîte. Après qu’il ait repéré un bureau vide dans le bâtiment, il prend l’identité de Carlton Whitfield et entend se faire une place en tant que cadre exécutif de l’ombre. Commence ainsi son ascension vers le sommet entre mensonges et coups de bluff. Combien de temps Brantley Foster pourra-t-il assumer sa double-identité sans être découvert ?

Ce qui frappe dès l’ouverture du film est le ton délibérément léger qu’il emploie. Aidé par une bande-originale Hard FM pour laquelle le groupe Night Ranger composera le morceau éponyme du film (sur la demande de Michael J. Fox; et nous vous mettons au défi de ne pas avoir une sacré patate après l’écoute du morceau), Le Secret de Mon Succès respire le teen movie à plein nez. Mais pas n’importe quel type de teen movie. Un teen movie à la John Hughes. Le film pourrait être un prolongement de La Folle Journée de Ferris Bueller qu’on n’y verrait que du feu. Tout comme son cousin Ferris, le personnage de Brantley est jeune, séduisant et terriblement intelligent. Doté d’un bagou hors-normes, il est sûr de ses capacités. Il apprendra rapidement que la vie ne compte pas lui faciliter la tâche et que pour prouver sa valeur, il devra gravir les échelons par sa ruse et sa confiance. Sur un scénario de Jim Cash (co-scénariste de Top Gun), Le Secret de Mon Succès permet à son réalisateur, Herbert Ross (Footloose), de parfaitement jongler entre séquences potaches et cocasses et séquences aux enjeux dramatiques très appuyés. Sorti la même année que Wall Street d’Oliver Stone, Le Secret de Mon Succès est un joli pied à l’étrier pour tous les adolescents qui s’intéressent au monde de la finance. Bien qu’il élude énormément des aspects techniques du métier de cadre financier, il peut être le parfait instigateur d’une vocation chez ses jeunes spectateurs. Le film n’oublie jamais qu’il est une comédie et, en tant que telle, la satire est sa meilleure arme. Entre scènes de séduction balourdes sous fond de remake des Dents de la Mer et de nombreuses scènes de changement de vêtements à faire pâlir Superman, Le Secret de Mon Succès se déguste avec un entrain bon enfant. Parfait film du dimanche après-midi qui apporte un certain vent de fraîcheur, il augmente la cadence des gags au fil des minutes, c’est un vrai plaisir à suivre. Plus son héros prend de l’ampleur, plus les situations comiques sont à la hauteur de ses fourberies. On regrettera, toutefois, un Deus ex machina forcé et digne d’un mauvais vaudeville ou d’une mauvaise sitcom pour la conclusion de l’histoire. Malgré la facilité de sa fin, n’omettons pas de replacer le film dans le contexte de son époque où le happy ending demeurait la clé d’une comédie populaire réussie. Peu importe que la révélation finale soit ratée, il aurait été difficile d’imaginer une autre fin que celle proposée.

Si la réalisation est dynamique et que le scénario ne manque pas de ressorts, Le Secret de Mon Succès doit énormément à la force de son casting. Michael J. Fox fait preuve d’une aura spectaculaire dont la qualité de son jeu n’a d’égale que la confiance qu’il insuffle en son personnage. S’il était impeccable chez Zemeckis, mais grandement aidé par un casting en or (Christopher Lloyd en tête), il doit assumer la lourde tâche de faire reposer l’entièreté du film sur le simple capital sympathie qu’il commençait à entretenir. Et ce n’est pas une surprise de constater qu’il porte littéralement le film sans jamais vaciller. Herbert Ross parvient à iconiser son premier rôle avec une force de conviction imparable. Tel John Hughes qui faisait passer Matthew Broderick pour un grand acteur, Ross est persuadé des talents de Michael J. Fox. Si le grand public retiendra le nom de Michael J. Fox plutôt que celui de Broderick, ce n’est pas pour rien. En dépit de toute la sympathie que nous éprouvons pour Broderick, nous lui préférerons toujours l’aisance nettement plus fluide de J. Fox. De plus, ce qui aide grandement Michael J. Fox à s’épanouir dans le film tient dans la caractérisation de tous les personnages qui gravitent autour de lui. Tous plus abrutis les uns que les autres, le film prend le contre-pied du cliché qui voudrait que le petit fermier venu du Kansas soit moins élevé intellectuellement que les gens de la ville. Le Secret de Mon Succès emprunte exactement le chemin inverse. S’il s’agit d’un « fall & rise » en bonne et due forme, le scénario de Jim Cash dessine, en filigrane, une critique acerbe du monde de la finance. Selon Cash, ce monde devrait être géré par des têtes bien pleines plutôt que par des portes-feuilles bien remplis. Pour ce faire, tous les associés auxquels se confronte Brantley sont d’une stupidité à toute épreuve. Non content de servir parfaitement le tempo comique du film, notons un casting absolument prodigieux lorsqu’il s’agit de jouer la stupidité. La direction artistique fait des merveilles et les comédiens s’amusent comme des enfants. Le Secret de Mon Succès est un régal de tous les instants. Et même quand il est à deux doigts de basculer dans un humour graveleux de bas étage, le film est sans cesse rattrapé par le talent de mise en scène de Ross, avec la complicité évidente de Michael J. Fox.

Le Secret de Mon Succès est une comédie délicieuse, qui sent bon les années 80, l’amour de la satire et avec des acteurs de talent. Une comédie feel-good, inoffensive, faite avec tous les meilleurs sentiments du monde et au ton toujours juste. Le tout est porté en état de grâce par un Michael J. Fox en pleine possession de ses moyens qui nous gratifie d’une ascension à la fois économique et sociale comme on rêverait tous d’en avoir. Sans tomber dans la facilité (mis à part son climax trop tiré par les cheveux), Le Secret de Mon Succès n’oublie jamais de prôner ce qui est essentiel à l’épanouissement de tout un chacun : les études, la culture et l’expérience sont les meilleures armes face au pouvoir de l’argent. Discours, certes, utopiste quand on analyse l’état du monde dans lequel nous vivons, mais qui donne un sacré baume au cœur et de l’espoir en l’humanité. Une preuve formelle qu’une comédie peut véhiculer de belles valeurs tout en divertissant correctement. De plus, le master proposé par Elephant Films est d’une propreté impeccable qu’il serait fort dommage de s’en priver. Un achat plus que recommandé pour quiconque aimant la comédie façon John Hughes.

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