Stranger Things – Saison 3 : Amis pour la vie !

Dire que nous avions été déçus par la saison 2 de Stranger Things est un euphémisme. Elle avait rempli son rôle de divertissement, mais avouons qu’à la fin du dernier épisode, nous n’étions pas moins avancées qu’au départ. C’est donc avec une certaine appréhension que nous attendions cette saison 3 de Stranger Things espérée depuis quelques mois.

Hawkins été 1984, les petits jeunes de notre club bis des ratés batifolent sur les collines de la ville ou s’enferment dans leurs chambres prenant conscience qu’il n’y a pas que Donjons et Dragons dans la vie. Nos jeunes aventuriers connaissent leurs premiers émois amoureux, la bande se délitant quelque peu. Des séances de cinéma volées en passant par les portes dérobées pour découvrir en avant-première Le Jour des Morts-Vivants de George Romero ou Retour vers le Futur à l’affiche cet été-là ou manger des glaces à thèmes, tout cela est possible suite à l’implantation d’un centre commercial flambant neuf à la périphérie d’Hawkins. Les adolescents et les familles de la ville s’y agglutinent bêtement en délaissant le centre-ville. La série débute non pas sur des questions de références (pas d’inquiétudes, ça viendra dans les épisodes suivants), mais sur un regard sur l’Amérique du début des années 80. Un tournant pour notre société avec l’exubérance des marques forçant à la consommation réadaptant leurs produits avec des packagings pop. Coca se réinvente par un produit placebo et M&M’s devient cool. Les centres commerciaux explosent dans cette Amérique qui consomme plus et en demande toujours plus pour déboucher sur notre décadence actuelle. Les premiers épisodes de cette saison 3 montrent l’attirance des habitants d’Hawkins à consommer des glaces et traîner au cœur de cette superficialité pendant que le sort du monde se joue au-dessous de leurs pieds.

La série s’ouvre sur l’intention des Russes à rouvrir le portail pour l’exploiter vilement, là où le gouvernement américain a opportunément échoué. C’est un peu déplacer le problème vers d’autres pour mieux le réexploiter, mais cette saison 3 réserve de belles surprises. Notamment dans l’exploitation de ses personnages, Stanger Things affiche énormément de possibilités et une galerie de personnages de plus en plus éclatés. Les Duffer Brothers, créateurs et showrunner de la série, ont l’excellente idée de créer différentes trames faisant vivre des groupes éparses au cœur d’intrigues parallèles qui se rejoindront bien naturellement dans les trois derniers épisodes dantesques. 
Ainsi on suit Elfe, Mike, Lucas, Max et Will sur les traces d’une invasion de body snatchers plutôt agressifs, tandis que Dustin, Steve et Maya suivent la trace d’une possible invasion russe. Pendant ce temps-là, Nancy et Jonathan enquêtent sur des faits étranges impliquant une vieille habitante d’Hawkins, tout comme Joyce et Hopper suite à des baisses de tensions magnétiques. Tout cela va les mener vers une même et seule résolution, les conséquences des actes russes au cœur d’Hawkins jouant sur les différents faits mystérieux menant les diverses enquêtes parallèles à concorder.

De ces trames distinctes établies, la série trouve un bon équilibre nous permettant de jongler entre les diverses péripéties tout aussi prenantes les unes des autres. Nous connaissons les protagonistes principaux de la série depuis deux saisons permettant le démarrage rapide des intrigues. On suit Elfe et ses amis avec autant de plaisir que Dustin et Max. Surtout que la série continue de se référencer directement au cinéma pop des années 70/80 en convoquant habilement L’invasion des Profanateurs de Philip Kaufman, Christine de John Carpenter ou Terminator de James Cameron le tout saupoudré par la tension de l’époque anti-communiste due à La Guerre Froide. On peut alors penser à certains clins d’œil fait au buddy-movie, sous genre de l’actioner en vogue à l’époque, vu la multiplicité des duos dans les intrigues inscrivant la série comme un «big buddy-movie» : Hopper & Joyce ; Dustin & Steve ; Steve & Robin ; Dustin & Erica ; Nancy & Jonathan.

Cette saison 3 de Stranger Things en profite pour réparer les défauts de rythme inhérents aux séries siglées Netflix. Un fil narratif décousu notamment dans la saison 2 faisant passer le spectateur par des épisodes vides bouchant les cases pour absolument inscrire la série sur un format de 9 chapitres. Cette saison 3 comptera 8 chapitres sans gras nous enivrant au cœur d’une aventure trépidante oscillant entre horreur, action et aventure. Les grands y retrouveront le charme des productions des années 70/80 avec un rythme soutenu quand les gamins vont prendre part à une aventure accrocheuse où il pourra s’identifier à l’un des personnages. On remarque précisément que cette saison 3 brasse beaucoup plus large que les deux précédentes saisons en mettant en avant chaque personnage. Les adultes trouveront leurs marques avec Joyce et Hopper, les adolescents avec Steve, Robin, Nancy et Jonathan, quand les enfants prendront plaisir à suivre le Club Bis des ratés avec Dustin comme porte-drapeau comique et héroïque, le cerveau du groupe, pendant que tout le monde se repose sur Elfe.

Elfe, l’élément majeur de cette saison 3, elle qui manquait clairement de présence dans la saison 2 jusqu’au chapitre 7, tournant de la saison. Dans cette nouvelle fournée d’épisodes, Elfe devient le personnage super-héroïque de la série, l’icône auprès de Dustin, d’un divertissement devenu populaire auprès de tous. Tous les moments de bravoures passent par elle, invincible petit bout de jeune fille incarné avec charisme par Millie Bobby Brown. L’actrice d’origine anglaise devient une star grâce à la série accédant aux blockbusters hollywoodiens faisant face à différents monstres divins susnommés Godzilla ou Mothra. Millie Bobby Brown ou la promesse de la future grande d’Hollywood aux côtés de Maya Thurman-Hawke, fille de, mais surtout interprète de Robin captivant l’écran et se mettant d’emblée à hauteur de Steve et Dustin. Pire elle avale Steve pendant que lui-même s’aperçoit de sa funeste vie à force de laque Farah Fawcett et de sandwich mangés en cours.
Stranger Things est un vivier de promesses pour le cinéma américain. Finn Wolfhard s’est révélé dans les précédentes saisons pour mieux apparaître au casting de Ça Chapitre 1&2 ou d’être au casting du prochain Ghostbuster 3. À ses côtés Gaten Matarazzo, coqueluche de la série, devrait aussi devenir l’une des gueules de demain, acteur inné aux mimiques irrésistibles. Il est clairement notre chouchou, le véritable vent frais de Stranger Things.

De par cette saison 3, Stranger Things trouve son paroxysme. La saison idéale qui a su enfin trouver l’équilibre nécessaire à l’exploitation totale de ses moyens. Une aventure effrénée où chaque personnage trouve sa place au cœur d’une intrigue mêlant, par un savant dosage, horreur-comédie-action-aventure. Ne nous demandez pas, nous ne savons pas par quelle magie les Frères Duffer et leur équipe ont réussi ce miracle, mais cette saison 3 de Stranger Things est, pour le moment, la saison parfaite, le programme s’exprimant au maximum de ses capacités. Espérons juste que Netflix réussisse à inscrire ce tour de magie à toutes ses autres séries qui souffraient également d’un rythme décousu, mal inhérent aux programmes netflixien depuis la création des programmes originaux de la plateforme.

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