The Beta Test : Hollywood Ending

Nous avions découvert le travail de Jim Cummings en 2018 avec Thunder Road, récompensé par le Grand Prix au festival de Deauville. Après avoir fait une incursion dans un studio hollywoodien pour réaliser un malicieux film de loup-garou (The Wolf of Snow Hollow, malheureusement indisponible en France), Jim Cummings revient vers une forme d’indépendance qui lui tient à cœur avec The Beta Test, film co-écrit et co-réalisé avec son ami PJ McCabe pour un peu plus de 200 000 dollars, avec une troupe d’amis mais toujours une belle ambition.

Farouchement attaché à son indépendance, Jim Cummings tire donc à boulets rouges sur Hollywood avec The Beta Test. L’idée de base était de réaliser un film où le mensonge et l’adultère sont de mise et selon lui, il n’y a pas de milieu plus mensonger et plus hypocrite que celui d’Hollywood, en particulier celui des agents. The Beta Test s’impose très vite comme une farce aussi drôle qu’effrayante dans laquelle Jordan Hines, agent hollywoodien sur le point de se marier, reçoit une lettre anonyme le conviant à une rencontre sexuelle sans conséquences. Il relève le défi mais se retrouve très rapidement pris dans une spirale infernale, menaçant à tout moment de faire craqueler le monde de mensonges qu’il a bâti autour de lui…

Un sujet fort que Cummings et PJ McCabe travaillent avec un humour singulier, s’autorisant tout, que ce soit des moments basculant dans l’horrifique ou des séquences de pure comédie. Sorte de mélange bien épicé entre Eyes Wide Shut et Under the silver lake, The Beta Test séduit notamment parce que Jim Cummings y brille une fois de plus en personnage au bord de l’implosion, prêt à craquer à tout moment face à une situation qui le dépasse. Une partition à laquelle il est habitué et qu’il brode depuis Thunder Road avec toujours un sens assez ahurissant de la comédie, n’hésitant pas à user de ruptures de ton pour mieux surprendre et faire rire même dans les moments les plus inattendus. La différence est qu’ici son personnage est un vrai salaud auquel on peut difficilement s’attacher, son humanité semblant s’être effacée au contact du milieu hollywoodien.

C’est d’ailleurs là toute la limite du film : c’est méchant, cynique et drôle mais cette descente aux enfers manque de cohésion et d’ampleur. D’un côté, quand The Beta Test raconte l’effondrement d’un Hollywood replié sur soi et voué à mourir étouffé sur ses propres vices il est très intéressant et vise juste (on sent derrière toutes les séquences autour de cette thématique l’amertume liée à des expériences réellement vécues). De l’autre, quand il tente d’élever son récit vers quelque chose de plus fou, il n’y parvient pas totalement, handicapé par un personnage antipathique et un budget léger qui se ressent profondément dans la mise en scène, celle-ci manquant d’une touche qui pourrait rehausser le récit, un brin figée dans une photographie froide et plate trahissant le manque de budget du film. Qu’importe si cette troisième réalisation semble parfois marquer un léger retour en arrière pour Jim Cummings, elle fait cependant office de note d’intention pour la suite : celle d’un cinéaste chérissant son indépendance et s’autorisant une liberté de ton aussi libératrice que salvatrice. Forcément, on guette la suite avec impatience.

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