Supernova : Tout est une question d’acting

Réalisé par Harry McQueen, Supernova raconte l’histoire d’un couple gay incarné par Colin Firth (Sam) et Stanley Tucci (Tusker). Tusker est malheureusement frappé par la démence précoce, et à priori Alzheimer. Sa perte de mémoire et ses crises croissantes deviennent de plus en plus pesantes pour son conjoint. Leurs projets de couple tombent petit à petit à l’eau. Mais Sam refuse d’abandonner son partenaire et de céder à la facilité, par amour pour lui. Les deux sombrant dans une hypocrisie de couple afin de protéger l’autre sans pour autant constater le mal qu’ils se font.

Assurément, Supernova est un film d’acteurs. La prestation des deux amoureux est vraiment impressionnante. La scène du discours, entre autres, montre une vraie complémentarité de jeu de la part de nos deux protagonistes ainsi qu’une puissante émotions dans leur sincérité de jeu. Bien qu’Heath Ledger et Jake Gyllenhaal ont su incarner un couple gay au cinéma il y a environ 15 ans avec Brokeback Mountain, et que Viggo Mortensen a fait de même cette année avec Falling, il s’agit tout de même d’un engagement considérable. À croire que tous les acteurs vont devoir avoir leur rôle gay, comme référence de leur vie d’acteur. Jusqu’à maintenant, par chance, les rôles sont tenus avec sérieux et avec une véritable intention d’incarner un personnage fort. Cette fois, c’est au tour de Stanley Tucci et Colin Firth qu’incombe la lourde tâche de représenter l’homosexualité au cinéma. Cela reste une excuse plus qu’un élément central de l’intrigue, le couple ayant tout à fait pu être hétéro, cette histoire d’amour résonne tout de même dans un contexte actuel majeur avec un message fort en perspective.

Supernova manque quand même malheureusement de superbe avec son scénario assez simpliste au final. Inspirés par des instants dont le réalisateur a été témoin, cela montre une réalité de la vie. Ce que peuvent subir les personnes en vieillissant et de quelle manière la société reconnaît leur état mental ainsi que la perte de leurs moyens. Contrasté à leurs désirs et besoins de personnes developpant un handicap. Expliquant de fait la trivialité de l’histoire. Chacun des deux hommes dévoile cependant une passion qui traduit leur caractère bien développé dans l’intrigue. En plus de l’écriture, Tucci est un passionné d’astrologie quand Firth est un pianiste qui a du mal à remonter sur scène pour jouer de son talent. Ces passions conduisent l’histoire avec légèreté. Cela rend les personnages plus humains et plus vrais. Ils ont quelque-chose de concret. Cela n’empêche pour autant pas de voir les intrigues venir plusieurs minutes à l’avance. Est-ce l’histoire en elle-même qui est affreusement commune ? Ou simplement un désir de réalisation de mettre les acteurs vraiment au centre de l’attention et de l’intérêt ? En piochant dans des instants de vie vécus, l’histoire semble plus universelle et parle à tout le monde mais manque par conséquent d’un intérêt accrocheur par moment.

Il s’en dégage une romance et un drame assez puissant mais peu surprenant. Les acteurs sont excellents mais en réalité ce n’est pas une surprise. Tous les grands acteurs finissent par avoir ce genre de film à leur effigie pour les mettre sur un piédestal. Plus encore, le film devient larmoyant par instants. Drôle quelques fois, émouvant de temps en temps et triste le reste du temps. Une image très proche de la réalité assurément, mais dont on aurait espéré un message un peu moins flagrant pour plus de subtilité. On apprécie voir à quel point leur relation est fusionnelle et tend vers un amour absolu mais on se lasse de voir l’inexorable se produire. Il n’y a pas ou peu de surprise et la maladie d’Alzheimer semble un peu poussive pour tirer les larmes de l’œil. Il faudrait savoir si c’est là nature réaliste de l’histoire qui est censé être émouvante ou si on accepte délibérément que l’histoire manque de profondeur.

En fin de compte la question concernant le départ prématuré de fin de vie est centrale. La dégénérescence de Tusker fait ressurgir de nombreux débats forts houleux. Et la narration romancée fonctionne bien. Mais il est vrai que le film rappelle quelques prédécesseurs récents comme Falling et surtout The Father qui traitent de questionnements similaires avec beaucoup plus d’ingéniosité. Bien que le fond de Supernova soit intéressant et émouvant, son traitement factuel fait pâle figure en comparaison. Anthony Hopkins aussi sait être un très grand acteur. Le film se regarde et marquera facilement les esprits de personnes sensibles aux thématiques abordées. Mais d’autres ont fait mieux et plus encore perdureront dans le temps malgré la superbe performance de ce duo.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*