Summertime : Feel-good L.A

Remarqué en 2018 avec Blindspotting, premier film que l’on avait découvert au festival de Deauville, Carlos López Estrada est un cinéaste protéiforme, à l’aise aussi bien dans le clip que dans l’animation (il a co-réalisé Raya et le dernier dragon) et dont nous guettons les nouveaux projets avec curiosité. C’est donc avec une certaine joie que nous nous précipitons sur la découverte de Summertime qui va bénéficier d’une sortie au cinéma le 15 septembre prochain. Un film prouvant l’éclectisme de son réalisateur mais qui partage néanmoins quelques points communs avec Blindspotting, notamment cette façon d’arpenter une ville en échappant aux clichés (Oakland pour Blindspotting, Los Angeles pour Summertime) tout en dénonçant avec force la gentrification de certains quartiers.

Summertime est un projet à la genèse tout à fait inédite, né de la rencontre du réalisateur avec 25 personnes participant à un atelier où des poètes récitaient des textes très personnels. Très vite, il est venu à Carlos López Estrada l’idée de collaborer avec ces 25 artistes dans le but de faire un film, chacun d’entre eux devant écrire et interpréter une scène qu’il faudrait ensuite insérer au sein d’un récit formant une mosaïque urbaine cohérente. Summertime est ainsi le fruit d’une riche collaboration inédite, donnant au film une énergie tout à fait particulière.

Déclaration d’amour à la ville de Los Angeles, ode à la création et à l’affirmation de soi, Summertime imbrique ses nombreux personnages dans des récits se croisant et se recroisant pour offrir un panorama complet non seulement de la ville (on a rarement vu L.A filmée comme ça) mais aussi de nos fêlures et de nos doutes en tant qu’être humains. Si la sensibilité de chacun fera en sorte que certains poèmes et certaines séquences marqueront et toucheront plus que d’autres, il est difficile de ne pas être ému par ces jeunes artistes livrant littéralement leurs tripes sur un plateau lors de séquences toujours amenées de façon inventive et parfois carrément bouleversantes. Los Angeles sert de catalyseur à tous ces personnages, regroupant leurs rêves, leurs doutes, leurs envies et leurs peurs.

Tout en dévoilant toutes ces fêlures, Summertime ne se départit jamais d’une énergie remplie de positivité et le film agit comme une véritable bouffée d’air frais. Alors que les premières minutes peuvent laisser craindre une certaine redondance, López Estrada emporte le tout avec conviction et ne laisse pas au spectateur le temps de perdre le sourire. Véritable feel-good movie au concept aussi inédit que plaisant, réaliste et juste sur les sentiments qu’il dépeint mais enclin à laisser la magie opérer avec tendresse et humour, Summertime encourage avec bienveillance chacun à trouver sa voix (et sa voie) dans ce monde. Un message qui n’est certes pas nouveau mais qui se savoure d’autant plus qu’il est transmis ici sans la moindre mièvrerie hollywoodienne, dans un film laissant à chacun l’opportunité d’y projeter ses propres rêves et ses propres doutes sans aucun jugement. Autant dire que ça fait un bien fou.

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