Ben is back : Et il aurait peut-être dû rester où il était !

Nul doute que si ce brave Jean-Luc Delarue était encore de ce monde, ce film aurait fait merveille lors d’une de ses fameuses soirées-débats, avec ici pour thème central le fameux « la drogue, c’est mal » ! On aurait pu y marteler, comme le film le fait avec une subtilité à toute épreuve (est-il besoin de préciser qu’il s’agit là d’ironie particulièrement perfide ?) à quel point ce fléau entraîne angoisse et souffrance pour l’entourage du principal concerné, et que au-delà de sa propre vie en jeu à force d’excès en tous genres, il faut également penser un peu aux autres, nom de Dieu, ceux qui nous aiment et font tout pour nous sortir de cet enfer. Et en la matière, on peut dire que le film y va fort, avec son personnage de mère courage interprété avec fièvre par Julia Roberts (et là, il ne faut y voir en revanche aucune animosité déplacée, cette comédienne étant fortement appréciée par l’auteur de ces lignes par ailleurs). Mais commençons tout d’abord par le commencement, logique me direz-vous, en plaçant un peu le contexte.

Ben is back, donc, et il ne faut pas bien longtemps pour comprendre où il avait passé l’année écoulée. Il faut dire que le scénario, ayant une haute estime du spectateur et de sa capacité à assimiler une œuvre tout seul comme un grand, l’assomme à chaque instant de dialogues psychologisants sur-explicatifs, histoire de ne laisser personne sur le bas-côté. Le grand gaillard revient donc dans sa famille, à l’occasion de Noël, et l’on voit très rapidement que ce retour n’était pas prévu, et que l’ambiance est du genre glaciale à cette perspective, les dialogues évoquant les fêtes de l’année précédente qui sont visiblement parties sévèrement en vrille par sa faute. La maman est bien entendu très contente, tout autant que surprise, par cette apparition soudaine, mais on sent la perplexité du reste de la famille, à commencer par la sœur, et le beau-père avec qui la mère a eu deux autres enfants. Mais tout en mesurant les risques que cela entraine, la famille accepte qu’il passe Noël avec eux, à certaines conditions non négociables. Nous ne rentrerons par dans les détails de l’intrigue, cela serait fastidieux, et ne servirait en rien cette critique que vous aurez devinée pour le moins sur la réserve, pour rester poli.

Car très rapidement, il devient évident que l’on est face à ce qui pourrait s’apparenter à un téléfilm M6 de Noël, du genre gros pudding bien écœurant, fait pour réunir la famille autour d’un thème important, apte à être débattu dans le calme et la sérénité. Pas une once de cinéma donc, mais une grosse tartine de phrases débitées par des acteurs donnant leur maximum pour avoir l’air convaincus, mais bien peu aidés par des dialogues dont la subtilité n’est clairement pas le maître mot. En soi, le fait d’assumer un cinéma à thème plus que de forme, n’est pas critiquable en soi, du moment que ce grand thème est traité avec un minimum de tact, dont est visiblement dépourvu le cinéaste (père de l’acteur principal, Lucas Hedges). Car vouloir démontrer les effets d’une telle addiction sur tout l’entourage (et l’on ne parle pas seulement de la famille) est une chose, mais accabler sans cesse le personnage comme si ce dernier devait éternellement expier ses fautes passées aux conséquences parfois tragiques (le décès d’une amie qu’il avait rendue accro), est une faute de goût difficilement pardonnable, surtout lorsque le film fait finalement marche arrière lors d’une ultime partie déconcertante à force d’être à côté de la plaque, où une Julia Roberts outrée et paniquée part à la recherche de son fiston, avec ce que cela entraine de situations improbables (la partie avec le dealer est embarrassante) et de sentimentalisme  nous expliquant que l’amour d’une mère est tout, et que sans ça, on est foutu, alors un peu de reconnaissance tout de même. Accumulant les absurdités jusqu’à saturation, le film nous perd définitivement à partir du moment où l’enjeu principal consiste à retrouver un chien pour sauver Noël.

Il n’y a aucune gloire à allumer un film qui, quel que soit le résultat, résulte du travail de plein de personnes ayant cru, au moins à un moment, à son potentiel. Mais il y a malheureusement des fois où malgré toute notre bonne volonté de spectateur, on peine franchement à sauver le moindre élément de cette œuvre. Ce film en fait partie, et, quel que soit le bout par lequel on souhaite le prendre, et éventuellement le sauver (sincérité de la démarche, utilité d’évoquer ce type de sujet …), celui-ci s’avère ridicule d’un bout à l’autre, au point de provoquer une véritable gêne à son issue. Mais comme il ne sert à rien de tirer sur l’ambulance, on préfèrera en rester là, avec comme ultime indication : vous avez toujours la possibilité d’y aller pour vous faire votre propre avis …  

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