Ant-Man et la Guêpe : Toujours à la recherche d’une bonne histoire

Ant-Man et la Guêpe est une suite directe du premier film et un des énièmes films de la franchise Marvel. Prometteur, le premier film n’avait pas eu le succès escompté à sa sortie, n’empêchant pourtant pas sa suite d’être très attendue par les fans. Grand absent des Avengers, Ant-Man apparaissait un peu comme le vilain petit canard que l’on délaisse de l’histoire principale. C’est comme cela que Disney surfe en partie sur le coup marketing de l’explication du pourquoi du comment Ant-Man n’était pas présent contre Thanos dans Infinity War. Il en ressort un super héros qui ne sait pas vraiment trouver sa place au sein du MCU, plutôt comique avec un ton assez enfantin, on constate facilement que ce n’est pas un super héros qui possède la même fanbase que ses comparses et qu’il est beaucoup plus difficile de l’imbriquer au sein du reste de l’histoire.

Si l’on peut noter une certaine évolution au sein des films Marvel à vouloir creuser toujours plus profondément le caractère des personnages (Spider-man Homecoming, Black Panther) et rendre chaque histoire et chaque super héros un peu plus mâtures, Ant-Man et la Guêpe signe clairement la rupture de ce contrat. Outre l’immaturité notoire de son héros se rapprochant sous certain aspects au Deadpool de Ryan Reynolds, le charisme en moins, on note surtout une histoire, à l’instar du premier opus, incroyablement pauvre. Le fait est qu’en dehors du personnage de Fantôme et de celui joué par Laurence Fishburne, rien n’est vraiment développé pour essayer de faire comprendre aux spectateurs la situation et les relations des personnages. Beaucoup finissent par en avoir marre de Robert Downey Jr. et de son Tony Stark, c’est logique après 10 ans de bons et loyaux services, l’envie d’un peu de changements se fait ressentir. Pour autant, après seulement 1 film, Paul Rudd commence déjà à agacer tant son personnage rejoint les caractérisations les plus basiques du cinéma américain. Gamin dans sa tête, avec une fille sous les bras, en coloc avec son ex-femme et le nouveau mari de cette dernière. On est face à l’adulescence la plus primaire qui puisse exister, mais chez un adulte de plus de 35 ans. C’est un schéma déjà bien rodé qui fonctionne assez mal lorsque le personnage en question a déjà eu le droit à un film précédent pour le faire évoluer. La scène d’intro était pourtant assez touchante de maladresse, car elle donnait une énorme profondeur sentimentale au personnage. Une attribution guère plus exploitée par la suite. De son côté La Guêpe est un personnage assez classique dont il n’y a pas grand chose à dire, mais le manque de construction précédemment abordé s’applique également au personnage de Michael Douglas, Hank Pym. L’acteur est excellent, il l’a démontré tout au long de sa carrière, mais son personnage ici est tout aussi agaçant que son élève. Buté, incorrigible, dans le déni et le reproche constant, il n’y a aucune demi mesure dans ce personnage et absolument rien qui justifie à ce point son antipathie. Si bien que lorsqu’il redirige notre héros vers Bill Foster (Laurence Fishburne) et qu’on voit comment il le traite ensuite, on se demande rétrospectivement pourquoi il a orienté nos héros vers ce personnage. Il l’introduit comme s’il était le second meilleur ingénieur après lui-même, mais passe son temps à ridiculiser son travail et considérer que c’est ni plus ni moins qu’un charlatan, voire un mauvais élève.

Et c’est en partie avec cette pauvreté narrative qu’on se rend compte à quel point les blockbusters ont de plus en plus de mal à raconter de véritables histoires. Les scénaristes répètent des schémas classiques, désormais devenus des codes du genre, en ne sachant absolument pas pourquoi ils le font ni comment l’adapter correctement à l’histoire. La rivalité entre Hank Pym et Bill Foster n’est clairement expliquée nulle part, finissant par devenir ennemis pour la seule et unique raison d’un manque cruel de communication. Enfin surtout que Michael Douglas refuse de l’écouter. Leur conflit n’a strictement aucun background autre que le sale caractère du Dr. Hank Pym. Les deux partis ont beau avoir le même objectif et aucune raison valable de se marcher dessus pour le réaliser, ils ne se rejoignent cependant jamais, ne cherchent jamais à communiquer malgré que le méchant ait énoncé clairement son but et qu’ils ne cherchent jamais vraiment définitivement à s’entretuer. Le fait est que l’on crée une nouvelle fois un faux méchant qui ne l’est que parce que les personnages ont décrété qu’il l’était, à l’instar de Killmonger dans Black Panther, qui n’avait pas les motivations d’un méchant à la base, mais que les scénaristes ont appuyé pour le rendre plus menaçant et dangereux sans lui ajouter la profondeur nécessaire pour autant. Encore que pour Killmonger l’artifice fonctionnait grâce à une astuce de montage qui laissait supposer le background du dit personnage, mais ici l’excuse est grossière, trop facile.

Le pire vient des auteurs, s’étant bien rendus compte que Fantôme n’était pas un méchant suffisant. Pour pallier ce problème, on se retrouve avec une sorte de pègre qui cherche constamment à dérober la technologie de Pym, et dont on se fiche royalement tant on sait qu’ils ne seront jamais vraiment capable de faire face à Ant-Man et la Guêpe. Par dessus tout cela, on rajoute le Shield, ou du moins une sorte de police des super héros qui se charge de tenter continuellement d’arrêter Ant-Man. Le résultat est sans appel, c’est un fouillis sans nom qui cherche juste à noyer de grosses failles scénaristiques, plutôt que d’essayer de trouver de vrais background aux personnages. C’est dommage car les antagonistes Marvel, sans être systématiquement des psychopathes dignes du Joker, ont toujours été globalement bien écrit avec une vraie profondeur tout en étant intéressants pour l’histoire.

Au final on retiendra surtout que le film embrouille beaucoup pour masquer ses failles, camoufler sa pauvreté scénaristique et combler le manque d’action, d’autant que les scènes de combats sont plutôt bien orchestrées, nettement meilleures que d’autres films de la franchise. La saga Ant-Man étant malheureusement avant tout humoristique, on constate une mise en scène jouant énormément sur le hors champ (qu’il soit hors cadre ou camouflé par des éléments à l’image). C’était un peu la chose à craindre avec Ant-Man, une histoire dont le dramatique est rapidement emporté par l’humour. Le rendant convenu, attendu et peu intrigant, notamment destiné à un public légèrement plus jeune (comme pourrait l’être Spider-Man : Homecoming) l’empêchant ainsi de véritablement s’épanouir au milieu des autres monstres des Avengers. Quant à l’excuse de « pourquoi il n’était pas avec les Avengers », pire que ça aurait été de dire qu’il ne pouvait pas car il avait poney. Et même si la scène post générique est courue d’avance, elle laisse sur un suspense non négligeable, curieux de voir la suite d’Infinity War. Voilà le véritable job d’Ant-Man, être le faire valoir des Avengers.

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