Sans Pitié : Inspiration made in Korea !

Sans Pitié s’est révélé lors de sa sélection « Hors Compétition » lors du 70ème Festival de Cannes. Troisième essai du prometteur Byung Sung-Hyun, ce polar sur fond de mafia bénéficie d’une sortie salles après les jolis succès du cinéma coréen en France, notamment avec The Strangers ou Dernier Train pour Busan de Sang-Ho Yeon.

« Tarantinesque » voit-on opportunément utilisé en accroche de l’affiche. Outre le fait aguichant de cette valeur publicitaire, nous retrouverons peu de Quentin Tarantino dans le travail de Byun Sung-Hyun. Seule son introduction sur le quai d’un port entre un homme dévorant un poisson et un autre fumant une clope pourrait nous référer au travail du réalisateur américain. Dans le creux de Sans Pitié, on pense beaucoup au cinéma de Steven Soderbergh, notamment Hors d’Atteinte, parfois même à Ocean’s Eleven. Dans la structure des personnages, on pense à Guy Ritchie période anglaise (Arnaque, Crimes et Botaniques  ; Snatch  ; Rock’N Rolla). Des personnages en marge, un peu fous et jouant en permanence de cette folie abrupte. Sul Kyung-gu est une véritable découverte à cet effet. Imprévisible, on ne devine jamais ses pensées ni ses intentions alors que se joue de multiples twists tout le long-métrage. Adjoint du parrain local, il se rêve « Parrain » à la place du « Parrain ». Un schéma habituel, reconnu des meilleurs polars contemporains. Le genre s’est forgé dans ses convenances, Byun Sung-Hyun se jouant facilement de ses codes pour les morceler de façon éparse dans un récit cisaillé.

L’arrivée du jeune Hyun-su, interprété par YIM Si-wan, va bouleverser le petit monde fermé de cette mafia, mais surtout HAN Jae-ho. Une relation fusionnelle, ambivalente parfois, va les conduire vers un jeu de faux-semblants passionnant. Les têtes tombent en même temps que les masques, chacun abattant ses cartes au rythme de révélations justes. Sans Pitié est un essai équilibré, finement travaillé, se fondant dans les codes pour mieux jouer avec. Le film est roublard, amusant, mais surtout passionnant par la trajectoire de ces deux personnages charismatiques. Tout le film repose sur eux deux, cette amitié, cette relation presque père/fils, voire amoureuse comme le révèle certains plans finaux.

Nouvelle découverte importée de Corée du Sud, Sans Pitié est une nouvelle jolie découverte d’un cinéma audacieux. Byun Sung-Hyun dynamite le genre polar de l’intérieur par de multiples références pop, mais surtout par une envie et une passion formelles de bien faire. Le film en ressort fort et captivant, notamment par ses deux personnages attachants, un jeune loup et un chef malin qui vont se jouer de tout un organigramme, une affaire infernale sans pitié pour un polar moderne et inspiré.

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