Vivarium : Les Mystères de l’Horizon

Remarqué à Cannes lors de sa sélection à La Semaine de la Critique, puis lors de L’Étrange Festival en 2019, ainsi qu’à Gérardmer pour sa 27ème édition, on peut avouer que Vivarium aura eu la capacité de marquer les esprits et de diviser les spectateurs.
S’édifiant autour d’un concept raide mais prenant, Vivarium démarre au quart de tour avec une enseignante qui recherche avec son mari un nid douillet pour fonder une famille. Le ton est donné via un générique hypnotique, en soit un nid-d’oiseau avec le plus fort des bébés éjectant le dernier et plus faible. La dure loi de la nature.
Le couple s’arrête donc dans une agence froide à la couleur verte épinard totalement repoussante pour se voir proposer une maison et une visite instantanée. Quel mal leur a pris d’accepter, puisqu’arrivés dans la résidence, ils seront laissés sur place, l’endroit devenant un labyrinthe dont ils ne pourront à jamais sortir. 

Au spectateur ensuite de se faire son propre avis sur l’objet qui lui est présenté. Si les présences d’Imogen Poots et de Jesse Eisenberg sont rassurantes, le jeune réalisateur irlandais Lorcan Finnegan, nous propulse au cœur d’une boucle dont on ne sortira pas indemne.
Tout d’abord parce que le réalisateur, dont Vivarium est le deuxième long-métrage, ne répond pas à toutes les questions. Il nous laisse maturer et nous faire notre propre sentiment sur cette forme de société enlevant de potentiels parents pour élever une progéniture dont on ne saura jamais réellement la provenance.
Vivarium est à voir comme un long épisode de La Quatrième Dimension où le couple perd espoir avant de perdre la boule. Gemma restant patiente tout en élevant l’enfant, quand Tom se met à creuser un trou dans le jardin espérant trouver une issue. Avant cela, l’exploration infinie de la résidence retourne le cerveau comme ce genre de spectacle sait généralement le faire, pour le meilleur ou pour le pire. Dans Vivarium, il y a un «je-ne-sais-quoi» qui accroche et intrigue. Tout d’abord le promoteur, puis cet enfant qui grandit en l’espace d’une journée. Dans la boucle, le couple y restera à peine trois mois. Les deux personnages se voient comme des nourrices implantées dans ce décor relevant des tableaux de Magritte, en soit la confusion des formes, des lignes, des conventions dans lesquelles le couple est enfermé.

Là est toute la force du film, toute son énergie où il faut aller puiser pour comprendre le fond. À savoir le besoin des humains à consommer et à posséder frénétiquement. Le besoin matériel, le besoin d’enfants et le besoin de la propriété, le piège ultime dans lequel Gemma et Tom vont tomber. La résidence où toutes les maisons vert épinard se ressemblent pour mieux confondre la vie des petites gens. Le salon, la télévision, la nourriture et les enfants sont des éléments qui happent dans ce système de consommation frénétique pour mieux appartenir à une classe sécuritaire. Vivarium d’une vie en vase clos où chacun se regarde et s’appréhende pour mieux se copier-coller, se vampiriser, car la différence et l’excentricité dérangent au cœur d’une société où il ne faut surtout pas sortir du cadre. La résidence est ce cadre piège d’une société cannibale à rendre malade l’humain, l’essorer par le travail, lui cet homme qui finalement creuse sa propre tombe. 

Vivarium démontre finalement que l’humain vit dans une cage invisible plafonnée par une société mortifère à base d’abattage. Naissance, consommation, reproduction et mort d’une bête de compétition qui sert l’entité (extra)terrestre à capitaliser et épuiser les ressources pour l’ineptie de notre présence sur cette espace, sur cette Terre. La vie est un infini labyrinthe où l’humain entraîne ses progénitures pour reproduire le même schéma et ainsi, s’ancrer dans une boucle où tous se seront implantés pour mieux se sentir en sécurité. 

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