Le Sens de la Fête : Une petite entreprise qui connaît la crise.

Le sens de la Fête ou le sens de la vie. Chez Nakache & Toledano, la vie est constamment associée à la fête. La vie est une fête en dépit de ses drames. Meilleure preuve avec Samba, leur précédent film, pour remarquer le bonheur dans une vie misérable et dramatique.

Dans leur nouveau long-métrage, le duo phare du cinéma français actuel, après Intouchables ou Samba, revient pour une vraie fête, celle-ci concrète, le mariage d’un couple et plus précisément son organisation. Alors point place à la famille, etc., le film se concentre sur la société engagée pour préparer les festivités. Sur une journée complète, on va suivre Max (Jean-Pierre Bacri, excellent) et son armada pour la préparation de l’événement d’un jeune couple. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu ou presque.

Cette petite entreprise prise dans le feu de l’organisation de ce mariage va être la transposition d’un microcosme de société. Comme tout bons auteurs de comédies dramatiquse, Nakache/Toledano prennent comme excuse ce mariage pour servir le portrait d’une multitude de personnages extrait du quotidien pour explorer les tourments des Français actuellement.

Le Sens de la Fête est donc un film choral. Nakache & Toledano ne s’y étaient pas frottés depuis Tellement Proches et son samedi soir en famille dans un HLM de la région parisienne. Toujours en banlieue parisienne, mais au cœur d’un beau château, Max, le pivot du film, va avoir le droit à quelques sueurs froides pour mener à bien sa soirée. Chez le duo de réalisateur, tout le film repose sur les personnages et leurs écritures. Les dialogues sont ciselés à la direction parfaite. Et chaque comédien y prend un plaisir monstre, notamment Gilles Lellouche en chanteur de mariage totalement ringard. Mais celui qui jubile est Jean-Pierre Bacri. Quand il n’écrit pas pour lui-même, il a parfois tendance à cabotiner, surjouer et être ce bougon servi à la sauce « Bacri ». Chez les réalisateurs d’Intouchables, il trouve une humanité rafraîchissante, une bonté d’âme, un certain écrin rappelant le charme de cet acteur plutôt discret ces derniers temps au cinéma. Après quelques rôles mélancoliques et sombres (Monsieur SimGrand Froid), il retrouve la dynamique d’un cinéma vif dans ce feel good movie où seuls Toledano & Nakache ont la magie pour déployer une telle poésie d’âme. Ils sont actuellement les seuls à pouvoir gratifier leurs films d’une telle simplicité, une candeur procurant cette force du divertissement permettant aux spectateurs un bien-être au cinéma.

Mais il faut bien un jour où un détail ne prend pas sens. Après les réussites pour Intouchables et Samba, le tandem se loupe un tant soit peu après réflexion à la sortie. Si le film permet de se vider totalement la tête pendant 1h45 de métrage, il n’explore pas toutes les possibilités affichées ou se permet des facilités grossières. Une évidence d’un film choral, c’est la multiplicité de ses personnages. Si quelques-uns ressortent forcément (Jean-Pierre Bacri en prime), le reste se joue avec de grosses ficelles, voire quelques lourdeurs. À commencer par le personnage de Jean-Paul Rouve en photographe suffisant et grossier. Son parcours dans le film est chaotique et finit malheureusement derrière un buisson. Une faute de goût assumée totalement par les réalisateurs, mais devenant affligeante après coup. On regrette la non-écriture des personnages interprétés par Alban Ivanov (qui n’évolue jamais réellement), de Vincent Macaigne (toujours dans un schéma de personnage névrotique inconsistant) ou encore de William Lebghil. Les personnages secondaires ne seront que les laquais de Max et son histoire d’amour en péril avec Josiane, sa maîtresse interprétée par Suzanne Clément. Suzanne Clément qui se retrouve gentiment en arrière-plan, juste présente pour se jouer de Max. Un rôle puéril sans consistance pour un final bien trop attendu.

Le Sens de la Fête nous présente finalement une joyeuse soirée. Un divertissement calibré en roue libre à l’image de sa mise en scène. Le scénario était prometteur assuré par des dialogues savoureux et percutants. Mais Nakache et Toledano se jouent de leurs mises en scène pour un sixième film commun facile et enjôleur. Le talent du cast sauve une écriture paresseuse et une vision ressassant toujours les travers identiques à leurs précédents films  : conflits, amours contrariés, racisme et problèmes sociétaux. On espère juste que Le Sens de la Fête soit une petite erreur de parcours, trois fois rien, avant leurs prochains films toujours en duo ou pas.

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