Comment je suis devenu super-héros : Holding Out For A Hero

Comment je suis devenu super-héros s’est abordé avec quelques aprioris sur la capacité du cinéma français à être ambitieux dans l’élaboration d’un univers de super-héros. Une volonté insolente d’adapter le roman éponyme de Gérald Bronner en déplaçant l’intrigue de New-York à Paris. Comment y croire pour un tant soit peu de magie de la part d’un cinéma français rejetant toute identité du genre consciemment ? Les super-héros ne sont point l’affaire des Français obnubilés à casser tous les mythes de la bande-dessinée franco-belge avec panache (Gaston Lagaffe ; Astérix ; Spirou). Mais Comment je suis devenu super-héros ne se découvrira pas dans une salle de cinéma. Après les atermoiements covidiens, le film a été cédé à Netflix pour une exploitation sur sa plateforme à l’orée d’un été pourtant propice pour une telle proposition française dans une salle… de cinéma.

Qu’à cela ne tienne, Douglas Attal, dont c’est le premier long-métrage, convainc papa, producteur influent du cinéma français, à réunir 15 millions d’euros pour adapter un roman plutôt méconnu. En collaboration avec Gérald Bronner et quatre autres scénaristes, dont Cédric Anger, un soin particulier est amené pour peaufiner une histoire certes classique, mais diablement ambitieuse par ce qu’elle va potentiellement entraîner par la suite, si suite il y a après l’abandon du film dans les méandres du catalogue netflixien. Avec ce film, un univers se met en place permettant le développement diégétique au cinéma et/ou ailleurs. Une série possible de films en cas de succès, voire des comics pour les fans hardcore qui accrocheraient à l’univers faisant de Comment je suis devenu super-héros un film culte.
Culte, il y a une possibilité qu’il le soit ? En premier lieu, le film est unique en son genre en France, mais ce qu’il développe autour de ses personnages est assez iconique. Douglas Attal connaît son sujet réussissant à mettre en scène un long-métrage couillu. Il y a certes quelques imperfections, mais nous avons enfin le droit à l’élaboration d’un univers français avec des super-héros. Fini la petite et gentille Fantomette et autre bovin Super-Dupont, voici Titan, Monte-Carlo et Callista. 

Douglas Attal rend hommage à des personnages cultes tels que Batman ou Daredevil au cœur d’un univers proche du travail d’Alan Moore. On pense au travail de Zack Snyder par l’ambiance noir du film plongeant le lieutenant Moreau dans l’enquête sur des incidents provoqués par une mystérieuse substance procurant des super-pouvoirs à ceux qui n’en avaient pas. Il doit faire équipe avec Cécile Schaltzmann, nouvelle recrue tout juste débarquée de la brigade financière. Les deux policiers vont pouvoir compter sur l’aide de Monte Carlo et Callista, deux anciens justiciers, pour stopper le trafic de cette substance. Mais l’enquête va cependant se compliquer lorsque le passé de Moreau ressurgit.
Si le pitch se cale trop facilement sur Project Power avec Joseph Gordon-Levitt et Jamie Foxx également disponible sur Netflix, Comment je suis devenu super-héros s’émancipe pour se rapprocher d’une vision à la Mark Millar et son Kick-Ass. On pense également à Engrenages dans l’élaboration du personnage incarné par Pio Marmaï, flic taciturne au passé trouble, qui se voit affublé d’une coéquipière jouée par Vimala Pons au cœur d’un commissariat de quartier que ne renierait pas la série de Canal+.
Il y a comme un goût de polar noir dans Comment je suis devenu super-héros fixant le style à la française saupoudré de super-pouvoirs. Leila Bekhti est une super-héroïne badass aux pouvoirs prémonitoires et aux coups lourds (l’entrainement fut intense pour elle). Mais l’excellente trouvaille du film est Benoit Poolvoerde qui incarne une sorte de Batman aux pouvoirs de Diablo des X-Men se téléportant où il le souhaite, mais souffrant de la Maladie de Parkinson. Ce qui amène à des séquences drôles alors que l’action bat son plein, notamment dans le dernier tiers du film d’une puissance rare. 

Tout bon fan de comics sait forcément qu’une bonne histoire de super-héros n’est rien sans un méchant à la hauteur. Initialement dévolu à Benjamin Lavernhe, Naja est incarné par Swann Arlaud, césarisé pour son rôle dans Petit Paysan, qui campe ici un antagoniste sombre, réel psychopathe effrayant et incontrôlable qui va mettre à mal l’équipe et émanciper un héros refoulant ses effets de super. Comment je suis devenu super-héros – tout est dans le titre donc – élabore ainsi le parcours d’un homme que l’on croit commun, mais qui, au fil du récit, va devoir s’affranchir de ses peurs pour devenir le super-héros promis. Le film laisse alors, sur une dernière image frissonnante, l’espoir d’édifier un monde iconique d’envergure appelant moult péripéties savoureuses aux côtés de personnages attachants. Et pour cela, on compte maintenant sur Netflix.

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