Rambo 2, La Mission : Pour survivre à une guerre…

Si l’année 1982 avait permis à Sylvester Stallone d’asseoir sa popularité grandissante comme star du film d’action, il lui fallut patienter encore 3 ans pour définitivement devenir intouchable. 1985 est l’année charnière dans la filmographie de Stallone, le début de son âge d’or où il enchaînera les succès sans jamais défaillir (de Cobra à Rocky 5 en passant par Haute Sécurité ou encore Tango & Cash). Bien évidemment, sa montée en puissance, il la doit à ses deux personnages fétiches. Sortis la même année, Rocky 4 et Rambo 2 inscrivent la volonté de Stallone à dénoncer un système politique corrompu. Si Rocky 4 pointe du doigt les défaillances de la politique reaganienne qui gangrène la Guerre Froide et le conflit américano-soviétique, Rambo 2 va raviver les séquelles de la guerre du Viêt Nam, 10 ans après la fin de cette dernière.

Nous retrouvons John Rambo purgeant une peine de travaux forcés lorsque le colonel Trautman lui propose une mission périlleuse qui pourrait lui valoir de retrouver la liberté. Il le charge de retourner au Viêt Nam afin de rassembler des preuves qui démontrent la présence de prisonniers américains dans les camps vietnamiens. Il sera rejoint sur place par une espionne anti-communiste pour le guider dans la jungle.

Réalisé par George Pan Cosmatos (Cobra, Tombstone), Rambo 2 est, à l’origine, écrit par James Cameron. Sur le modèle qu’il appliquera à Aliens, Cameron avait imaginé cette suite comme un film d’action au rythme effréné où Rambo aurait tout fait exploser avec l’aide d’un acolyte à la vanne facile. Sorte de buddy movie décomplexé que Stallone se chargera de réécrire afin de supprimer l’aspect buddy pour y insuffler le discours politique qui sied au projet (chose que désapprouvera Cameron). Et s’il y a bien une chose qui colle à la peau de Rambo 2, et qui contribuera à sa réputation d’actioner bourrin et décérébré, ce sont ses séquences d’action hallucinantes. « Cette fois-ci, on y va pour gagner ! » s’exclame Rambo dans le film. Stallone exprime ainsi la frustration d’une Amérique défaitiste et qui nourrit le fantasme d’une revanche d’un pays à l’ego démesuré. Seulement, les souhaits exprimés ici vont à l’encontre de la dénonciation du premier opus qui mettait frontalement le système face à ses responsabilités quant au sort qui était réservé aux héros de cette guerre. Rambo exprimait ce mal-être des soldats envoyés à l’abattoir qu’on a préféré ignorer à leur retour, les considérant comme inaptes à s’intégrer dans le système. Rambo 2 rejette la faute sur le Viêt Nam qu’il considère comme seul inquisiteur du trauma vécu par les soldats. Un revirement de pensée qui n’est pas sans rappeler la mainmise de la politique reaganienne de l’époque. Stallone aime taper là où ça fait mal et il va utiliser la base du scénario de James Cameron pour noyer le poisson du mieux possible. Les gens iront voir Rambo 2 pour les explosions spectaculaires et ne retiendront, pour la plupart, que ça (n’en déplaise aux Guignols de l’info qui se chargeront d’enfoncer le clou en faisant de Sly un américain crétin et avide d’explosions). Mais quand on prend le temps de creuser le film, on y entrevoit un beau doigt d’honneur à l’Amérique ainsi qu’au système politique communiste qui régnait alors au Viêt Nam. Bien joué Sly !

Bien évidemment, il faut savoir prendre Rambo 2 pour ce qu’il est tout de même et ne pas nier l’évidence. C’est un blockbuster bien huilé qui transpire la testostérone de tous ses pores, c’est un fait. Et quel spectacle ! Rambo 2 est la quintessence du film d’action 80’s qu’on savourait pleinement en famille autour d’un plateau-repas devant la télévision le week-end. On appréciera toutefois cette impossibilité de rédemption qui colle à la peau de John Rambo. L’espoir lui semble permis l’espace d’un court instant lorsqu’il tombe sous le charme de Co Bao. Possibilité d’une romance dont il sera privé rapidement et qui amènera le personnage à rentrer dans une rage folle et écraser tout ce qui se trouve sur son passage. Tel un bulldozer chargé à la testostérone, Rambo ira piétiner les soldats russes, vietnamiens et le gouvernement des armées américaines à lui tout seul. Il devient cette machine de guerre infernale scrupuleusement décrite dans le premier opus par le colonel Trautman. Et s’il y a bien une chose que le réalisateur, George Pan Cosmatos, sait mettre en image, ce sont les séquences d’action spectaculaires. On en prend plein les mirettes, c’est jouissif à n’en plus pouvoir. Le tout est soulevé, une fois encore, par le score absolument délicieux de Jerry Goldsmith qui donne de la superbe aux séquences musclées.

Rambo 2 est la suite qu’il fallait. Bien que le sous-texte soit moins mis en avant que dans le premier opus, Stallone reste fidèle à ses convictions scénaristiques. Il aime raconter des choses qui le chiffonnent en tant qu’être humain. Il aime donner du corps aux héros qu’il interprète, voilà pourquoi il est, et demeurera probablement, l’une des meilleures stars du film d’action qui n’ait jamais existé. Sly est le porte-étendard d’une Amérique ouvrière, fervent défenseur des gens du peuple. Vox populi d’une très grande envergure, il confère à Rambo 2 une teneur nettement plus gratifiante que la simple machine de guerre qui aime tout faire péter. Image que la culture populaire se chargera, malheureusement, de garder par la suite.

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