Rambo, la série animée : John s’anime !

Saviez-vous que Rambo avait été décliné en dessin animé au milieu des années 1980 ? Suite au succès de Rambo 2, ce cher John devient une icône pour un dessin animé visant directement les gamins américains. Forcément, le DA sera exporté un peu partout et notamment en France, tout d’abord sur Canal+ en mai 1987, puis ensuite rediffusé sur La Cinq en 1991. L’art du business de l’entreprise Ruby-Spears Inc. qui se verrait bien vendre une pelletée de jouets aux enfants fantasmant devant les cinémas les muscles saillants de Sylvester Stallone, sulfateuse à la main. Mais le temps de l’âge requis – les films étant interdits aux moins de 16 ans à l’époque – les figurines et accessoires seront accessibles en plus de 65 épisodes d’une série animée produite dans une certaine indifférence. 

En dépit de toute l’ambition de l’entreprise réutilisant les droits de Carolco, sans l’aval de Sylvester Stallone qui ne participera pas au projet, l’animé compte 65 épisodes produits. En France, les épisodes seront diffusés sur Canal+ avec l’aide de publicités dans Le Journal de Mickey, puis une VHS tirera les cinq premiers épisodes pour un montage de 100 min inarrêtable et fun.
Ce montage provient d’un échantillon monté pour convaincre les télévisions. Un pilote qui sera décliné en un produit de consommation trouvable aujourd’hui dans les brocantes ou les différents Cash pour 1€ symbolique. À savoir aussi que la série, dans son entièreté, existe en 6 DVD zone 1. Concernant les jouets ayant découlé de ce fatras typique des 80′, il y en a plus de traces malheureusement outre quelques photos de collectionneurs avisés. 

Rambo a donc suivi le même processus que les Transformers ou Tortues Ninja à l’époque. Une boîte de production opportuniste qui récupère des personnages populaires – ou pour rendre attractive une ligne de jouets – crée un dessin animé pour attirer des gamins naïfs. Pour cela, Rambo devient invulnérable et fort, un produit de propagande défendant la veuve et l’orphelin en compagnie de deux compagnons : KAT et Turbo.
KAT est une as du déguisement, quand Turbo est un spécialiste de la logistique et pilote émérite. Rambo vient le récupérer pour sa mission au bord d’un circuit de course, alors que le pilote est en pole position. Hilarant alors de le voir tout abandonner pour partir avec son ami bras-dessus/bras-dessous. Idem concernant ce cher John qui se fait démarcher une nouvelle fois par ce bon vieux Colonel Trautman. John est en train de faire une bonne sieste, un livre sur la tête, allongé dans une barque au milieu d’un lac. Rambo qui repart instantanément en guerre pour sauver Tierra Libre du joug du Général Warhawk, grand méchant des cinq épisodes servant de structure à ce film. 

La suite n’est que bonheur. Trautman apparaît sans la moindre logique pour féliciter l’équipe après ce qui semble être le premier épisode puis disparaît. John Rambo se transforme alors en un homme d’action digne d’un James Bond époque Roger Moore ou d’un Ethan Hunt repoussant les limites à chaque épisode. Rambo sait tout piloter (avions de chasse, Char, Motos, Deltaplane) ou fait du ski avec une dextérité ahurissante. Il fait aussi des pirouettes à moto sur un train, fait des bonds interplanétaires sur un pont détruit (à rendre jaloux John Woo) ou détruit des missiles avec son AK47. Nous sommes bien dans un DA des années 1980 dépassant les limites de l’incroyable fabricant les fantasmes d’enfants. Les épisodes ne sont que la cinématique des scénarii des consommateurs sur le tapis de la maison, les meubles servant de tremplins et de montagnes. Quant au reste du casting, les personnages ne sont là que pour compléter une ligne de jouets à la base réduite entre le Colonel Trautman et John Rambo. 

Oui ce dessin animé est un plaisir coupable que l’on ne reverra pas tous les quatre matins. Faut surtout savoir que ce montage de 100 minutes ne plaide pas en faveur d’une série aux épisodes de 22 min qui se grignote chaque semaine. Là est le plaisir en amuse-bouche laissant place à la lourdeur d’un montage enchaînant les moments de bravoure cradingues au cœur d’une animation de 33 ans d’âge. Ce n’est forcément pas toujours joli, la série étant une simple excuse envers les consommateurs des jouets. Le montage n’est jamais trop raccord et l’animation frise souvent. Mais à voir le nombre de séries dans le même état – revoir Les Tortues Ninja aujourd’hui peut faire sourire – démontre que la série animée de Rambo a été produite efficacement. À noter la participation aux scénarii de Jack Kirby, fidèle collaborateur de Stan Lee chez Marvel et créateur de Captain America, Thor ou les X-Men, et de Kevin Altieri à la production des épisodes, lui qui opérera ensuite sur la série culte Batman en 1992, et qui avait travaillé précédemment sur la série Ghostbuster.

Il y avait du talent pour cette commande de la part de Joe Ruby et Ken Spears qui ont cru tenir le bon filon avec John Rambo. Le succès de First Blood – Part II fut trompeur, car suite à la gamme de jouets et d’un dessin animé aujourd’hui oublié, Rambo III sera un échec cuisant permettant au personnage de poser les armes et disparaître pour quelques années. On le retrouvera en Birmanie vingt ans plus tard, mais cela est une autre histoire à ne surtout pas proposer aux enfants.

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