Marie Stuart, reine d’Écosse : La tête haute

Le cinéma s’étant toujours intéressé à l’Histoire de façon fréquente, il était inévitable que Marie Stuart, dont l’histoire n’avait pas été racontée au cinéma depuis plusieurs années se retrouve tôt ou tard au cœur d’un nouveau film. La publication de la biographie de cette reine singulière par l’historien John Guy en 2004 permet d’appuyer l’écriture d’un scénario et de voir d’un œil nouveau la rivalité entre Marie Stuart et Elizabeth Ire.

Écrit par Beau Willimon (House of Cards) et réalisé par Josie Rourke dont c’est la première réalisation après une fructueuse carrière théâtrale, Marie Stuart, reine d’Écosse n’échappe pas au côté leçon d’histoire des films du genre mais séduit par son approche féministe et pertinente. Se concentrant sur la vie de Marie de son retour en Écosse pour récupérer le trône qui lui est dû jusqu’à son exécution après 18 ans d’emprisonnement, le film met en exergue la rivalité entre Marie et sa cousine la reine Elizabeth Ire. Car si les deux femmes partagent la même volonté de fer et le même sentiment de devoir quant à leur trône, la présence de Marie sur le territoire met en péril le règne d’Elizabeth et ce d’autant plus qu’Elizabeth n’a pas d’héritiers.

La destinée des deux femmes, les seules à même de se comprendre dans ce monde d’hommes est sans cesse mise en parallèle à travers la mise en scène où une scène avec Elizabeth répond à une scène avec Marie. Cela devient d’autant plus flagrant quand Marie tombe enceinte, accentuant la triste solitude d’Elizabeth, reine décidée à ne pas laisser sa condition de femme et de mère dicter sa conduite. C’est d’ailleurs tragique de voir que les deux femmes n’ont pu co-exister ensemble car le film insiste bien sur leur puissance et leur grandeur face à des hommes incapables de se plier aux volontés des femmes, désirant le pouvoir sans jamais s’en montrer dignes. Dans le film, quasiment pas un seul d’entre eux n’est à sauver. Ils trahissent, complotent, assassinent, reviennent vers Marie, usent de menaces, complotent encore, trahissent toujours. Le second mari si charmeur de Marie se révèle être un triste pantin, un lâche et un ivrogne tandis que son fidèle garde du corps perd patience et veut la forcer au remariage avec lui pour prendre le trône. Sans la félonie des hommes, Marie Stuart et Elizabeth Ire auraient peut-être pu régner ensemble.

Film profondément féministe, Marie Stuart, reine d’Écosse évite les pièges habituels du genre grâce à son scénario habile. Josie Rourke peut d’ailleurs remercier la solidité du scénario de Beau Willimon car sa mise en scène, bien qu’inspirée dès qu’elle touche à Marie et Elizabeth manque un peu de souffle dans l’ensemble, rendant le film parfois un peu froid en dépit des belles envolées de la partition musicale de Max Richter.

En plus d’être un portrait de femme d’une belle modernité, Marie Stuart, reine d’Écosse offre à Saoirse Ronan un superbe rôle que la jeune actrice endosse avec son talent habituel, faisant de Marie une figure tragique certes mais dont la volonté de fer est particulièrement admirable, même au cœur des situations les plus sinistres. Face à elle, Margot Robbie semble prendre un malin plaisir à s’enlaidir puisqu’après Moi, Tonya, elle compose une Elizabeth aux sentiments fragiles et au maquillage blafard quasiment effrayant. Ces deux actrices, très bien entourées par des seconds rôles qui auraient cependant mérité un peu plus d’attention (Jack Lowden, Joe Alwyn, Huy Pearce, Ian Hart, David Tennant) forment le cœur d’un film parfois un peu sage mais néanmoins fort intéressant, ne serait-ce que par ses partis pris.

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