Dragons : La double vie de Harold

Après avoir fait ses premiers pas en 2010, la petite franchise, adaptée des nouvelles de Cressida Cowell, a bien évolué, avec un troisième opus sur le point de sortir et une série qui ne comporte pas moins de 8 saisons. Revenons sur ce qui a été la genèse de la saga Dragons. On entre immédiatement dans le feu de l’action, alors que le petit village viking du jeune Harold se fait attaquer par lesdits dragons. Quelques explications plus tard, on entrevoit la classique destinée du jeune fils du chef du village.

Jeune homme maigrelet, plus enclin au dialogue qu’à la castagne, Harold évolue au milieu de grosses brutes versées dans la grande tradition du tabassage de dragons dans les règles de l’art. Alors qu’il retrouve le dragon mythique qu’il a précédemment blessé, seul et à sa merci, il prend la décision de l’épargner. S’ensuit la classique histoire d’amitié où la bête se laisse apprivoiser, par le plus frêle des guerriers. Harold sera alors ce lien entre les deux mondes, comme en témoigne toute cette séquence dans laquelle on alterne entre son entrainement, pour combattre les grosses bêtes et l’évolution de sa relation avec Krokmou, le fameux dragon aux attitudes de gros chat. Le tour d’équilibriste d’Harold trouve tout son sens lorsqu’il parvient à faire ses preuves au combat, car c’est par le biais des astuces de dressage qu’il aura découvert avec son nouvel ami ailé qu’il arrivera à prendre le dessus. Les deux mondes s’entrechoquent et commencent à se confondre, par le vecteur de l’approche différente que Harold a développée.

Plus on avance, plus cette vision des choses permet de comprendre l’univers de Dragons sous un autre prisme. Alors que l’on est projeté dans un monde en guerre, dans lequel on admet d’entrée de jeu que les dragons sont des antagonistes à la race humaine, l’évolution du personnage va de pair avec notre changement de regard. Ce monde est suffisamment riche pour que l’illusion tienne dans un premier temps, avec ses différentes espèces de dragons, ses geeks passionnés par le sujet comme si les créatures étaient des cartes à échanger avec leurs statistiques dignes d’une fiche de personnage de jeu de rôle.

Puis on découvre tardivement l’envers du décor, la véritable raison du conflit : l’obligatoire ennemi commun, dans une dernière partie qui se prend les pieds dans le tapis. Alors que Dragons prenait son temps pour nous faire découvrir son univers, le rythme s’accélère d’un seul coup et l’on ressent cette volonté d’en finir avec cette intrigue fraîchement mise en place. Il ne reste plus qu’à dérouler les événements, sans grande surprise, avec une mise en scène qui ne se transcende jamais alors que le matériau pouvait donner de franches scènes d’action, pour une bataille qui nous laisse sur notre faim. Le changement qu’opèrent Harold et Krokmou sur leur entourage se fait dans un brusque à-coup, qui traduit une urgence d’arriver à la conclusion.

Rien de surprenant donc, dans ce film qui avec ses quelques qualités reste entravé par son aspect classique et son rythme mal maîtrisé. Reste que l’œuvre commence à accuser le poids des années, si la 3D reste tout juste regardable, le design des créatures (Krokmou et le grand méchant mis à part) et des humains pèchent par contrainte. Les différentes espèces de dragons doivent correspondre à leurs futurs maîtres, les jumeaux auront le droit à la créature bicéphale, le petit gros chevauchera… le petit gros et ainsi de suite. Le principal défaut de Dragons est aussi ce qui le sauve du naufrage, sa structure trop classique dans laquelle il s’enferme. Tout comme son ambiance sonore au cœur de laquelle une musique aussi omniprésente qu’oubliable, grâce à un mixage sonore qui la laisse au second plan. Malgré tout, il reste bienveillant dans ses thématiques et sympathique pour qui se laissera attendrir par le côté félin de Krokmou. Dragons, malgré ses facilités reste un film correct, qui aurait mérité un meilleur traitement pour atteindre son plein potentiel.

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