Les Animaux Fantastiques : La bête curieuse

Dès le départ, Norbert Dragonneau nous accompagne, faisant la transition : de l’Angleterre aux États-Unis, des années 90 à aux années 20, de Poudlard au MACUSA (Magical Congress of the USA). Débarquant aux States d’entrée de jeu, le profane, comme l’habitué de l’univers de J.K Rowling ne sera pas déstabilisé (si ce n’est pour quelques références et name droppings au cours du film). En tout cas, pas par le changement de décor. Tout est vite contextualisé pour découvrir une autre facette du monde des sorciers, les institutions, leurs règles et l’influence de la magie dans cet univers singulier. Le tour du propriétaire est rapidement et efficacement effectué. Norbert arrive donc à New York, faisant une halte dans son voyage de zoologiste du fantastique, mais il va vite se retrouver aux prises avec des situations qui le dépassent. Entre les différentes factions qui se font face, un dangereux criminel en fuite, et un non-maj (les moldus américains) qui en sait trop à cause de Norbert : c’est un joyeux chaos.

Un chaos qui se laisse difficilement dompter, comme certains des compagnons animaux de Norbert et qui comme eux, part dans tous les sens sans réel but apparent. Si la trame de fond existe, elle prend un temps monstre à se développer, qui plus est, indépendamment de son personnage principal qui passe son temps à subir plutôt qu’à agir. Les différentes intrigues vont en effet rester parallèles une très grande partie du long métrage, ce qui porte atteinte aux enjeux rattachés à Norbert, qui se résumeront à partir à la chasse aux Pokémon dans les rues du vieux New York, en évitant de se faire gauler par la plèbe. Coup de chance malgré tout, ces nombreuses scènes d’expositions restent belles (le design des bestioles marque un véritable effort) et rythmées dans une explosion de CGI réussie. La découverte de tout cet extraordinaire macrocosme fait suffisamment illusion pour que l’on évite de s’ennuyer. Le facétieux Niffleur, l’astucieux Botruc ou encore le furieux Eruptif bénéficient d’assez de capital sympathie pour qu’on en arrive presque à pardonner cet écart de conduite. L’illusion fonctionne pour qui se laisse porter par le courant des nombreuses péripéties, parfois inutiles, qui pallient un récit prévisible (sur lequel on insiste), tant sur les réponses aux questions qu’il pose que sur les trajectoires des personnages. Un mal pour un « bien ».

Heureusement, au milieu de ces facilités réside une anomalie salvatrice. Norbert, notre héros, a tout du héros atypique, du rat de bibliothèque, asocial jusque dans son langage corporel, il arrive pourtant à faire preuve d’une forme d’assurance incertaine. Le jeu d’Eddie Redmayne avec sa posture courbée, ses regards (qui, lorsqu’ils ne vous fuient pas, vous fixent en restant dans le vague), ses sourires espiègles ou son air éberlué d’innocent, nous intrigue. Un personnage difficile à lire, inhabituel pour ce genre de voyage, qui ne manquera pas de faire son effet (et ce malgré une marge d’évolution un peu faiblarde). Un point fort qui fait souffrir le reste du casting en carence de charisme, entre Tina, cas typique de la pète-sec capable de vous balancer à la RH pour vol de trombones, Kowalski, le non-maj maladroit au cœur d’or ou Croyance, l’enfant perdu qui devrait porter plainte contre son coiffeur, sans compter cette transaction finale dans laquelle on perd un Colin Farrell moribond pour quelques minutes d’un Johnny Depp pas très prometteur… Reste Queenie, véritable touche de couleur et d’énergie dans ce tableau un poil morne côté humains, qui ne manquera pas d’en faire fondre plus d’un.

Un concept sympathique qui se repose sur les acquis de la précédente licence (en témoigne un score classique loin d’un John Williams engagé), un voyage qui en manquant son objectif principal, réussit au moins à nous dépeindre une fresque animée et distrayante. Victime de ses forces, qui sont aussi ses limites, Les Animaux Fantastiques reste une bête curieuse, que l’on aime admirer un temps avant d’en détacher le regard.

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