Les Animaux Fantastiques – Les crimes de Grindelwald : Quand les sorciers brassent du vide

La saga Harry Potter aura toujours tout notre amour. Parce qu’en dépit de ses défauts, elle constitue le haut du panier d’un genre usé jusqu’à la moelle par les studios hollywoodiens et qu’elle a toujours eu beaucoup de charme et de magie. Quel dommage dès lors de vampiriser cet univers (au potentiel assez fort, on le reconnaît) pour offrir aux spectateurs une nouvelle saga, ambitieuse certes mais totalement fadasse.

On était déjà circonspect face au premier opus des Animaux Fantastiques mais avec le recul, on lui reconnaît un certain charme. Un certain charme qui disparaît très rapidement avec ce second film intitulé Les crimes de Grindelwald. Un second opus qui s’avère très rapidement bordélique, multipliant les personnages et les intrigues avec un sens du rythme particulièrement étrange. Difficile en effet de s’y retrouver dans ce méli-mélo de personnages. D’un côté, Grindelwald parvient à s’évader. De l’autre, il y a Norbert Dragonneau qui est envoyé à Paris par Albus Dumbledore pour retrouver Croyance avant qu’il ne soit retrouvé par Gindelwald. En allant à Paris, Norbert compte aussi retrouver Tina tandis que Jacob l’accompagne pour retrouver Queenie. Croyance, enfermé dans un cirque à Paris avec Nagini, décide de s’enfuir pour retrouver sa véritable identité. Mais l’on suit aussi un peu Leta Lestrange dont on en apprendra un peu plus sur l’histoire familiale.

Que se passe-t-il ? Qui fait quoi ? Chose improbable, J.K. Rowling qui officie seule au scénario semble elle-même ne pas le savoir et multiplie les incohérences dans son propre univers. Elle met au point des rebondissements ahurissants dignes d’un soap (la fin vaut son pesant d’or) et s’avère parfaitement incapable de caler son récit sur une ligne simple et directe. Dans l’essentiel, Les crimes de Grindelwald raconte l’ascension de celui-ci, parvenant à attirer à lui de nombreux partisans grâce à un discours habile. C’est du côté de Grindelwald et de Dumbledore que le récit intéresse le plus, s’attardant sur l’histoire de deux personnages iconiques de l’univers Harry Potter, permettant d’ajouter un peu de noirceur étonnamment lucide dans un film bordélique. C’est d’ailleurs Jude Law et Johnny Depp qui s’avèrent être les seuls acteurs à tirer leur épingle du jeu. Law est tout à fait convaincant en Dumbledore jeune, avec suffisamment de malice et de charisme pour s’imposer. Johnny Depp surprend en Grindelwald. En dépit d’un look peroxydé pas forcément réussi, sa prestation tout en froideur et en retenue l’impose comme un méchant prometteur.

Cela dit, plus le film avance et plus l’on réalise que la saga va bien avoir du mal à garder son focus sur Norbert Dragonneau. Celui-ci, toujours interprété par un Eddie Redmayne de moins en moins convaincant, peine à trouver sa place au sein d’une guerre qui se met en place et qui devrait le dépasser. En élargissant le récit, J.K. Rowling fait preuve d’ambition mais ne parvient jamais à fasciner. Son scénario semble surchargé de séquences et d’informations mais paradoxalement, il ne raconte rien.

La réalisation de David Yates finit par achever le tout. Depuis L’ordre du Phénix, le cinéaste s’est montré incapable de véritablement transcender l’univers Harry Potter. Seulement personne chez Warner ne semble réaliser que Yates manque de talent. La preuve est faite dès les premiers instants des Crimes de Grindelwald : en une évasion nocturne au montage totalement illisible abreuvée de CGI  et en une séquence au Ministère de la Magie aux gros plans aberrants, David Yates affiche une fois de plus ses limites. Et tire d’un scénario bordélique un film totalement laid, aux scènes d’action illisibles, incapable de raconter quoi que ce soit, visiblement plus préoccupé à l’idée de faire du fric que de faire de l’art (sachant que les deux ne sont pas incompatibles, il suffit de revoir Le prisonnier d’Azkaban pour s’en rendre compte).

Dire des Crimes de Grindelwald qu’il déçoit serait donc bien trop gentil et l’on espère sincèrement une vraie remise en question pour le troisième opus. On le sait demander un scénario bien construit et une vraie vision de metteur en scène c’est beaucoup mais on vous l’assure, ça ferait beaucoup de bien à tout le monde ! Surtout qu’à y regarder d’un peu plus près, la saga a un vrai potentiel, il serait temps de s’en rendre compte et de ne pas continuer à faire n’importe quoi avec…

3 Rétroliens / Pings

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