Twin Peaks – Fire walk with me : Les anges sont tous partis

Après l’arrêt brutal et frustrant de Twin Peaks au bout de deux saisons sur un cliffhanger insupportable, David Lynch revient à Twin Peaks pour un film en forme de préquelle, se concentrant avant tout sur les derniers jours vécus par Laura Palmer mais aussi sur une affaire de meurtre survenant un an auparavant et qui laisse bien des questions et des personnages (notamment ceux de Chris Isaak et de David Bowie) en suspens total. Certes, on aura bien du mal à nier le plaisir total que l’on aura à se plonger de nouveau dans l’ambiance si particulière de Twin Peaks mais sans son compère Mark Frost au scénario, Lynch semble complètement lâché, laissant place à ses fameux délires rendant ses films parfois plus sensoriels que littéraux.

Twin Peaks : fire walk with me apparaît alors comme une sorte de montage de séquences plus oniriques et plus dérangeantes les unes que les autres tandis que se dessinent quelques fils rouges, l’un lâché en cours de route et l’autre rendant le personnage de Laura Palmer plus tragique que jamais, apparaissant dans toute sa complexité qui fut seulement mentionnée dans la série. On voit ici Sheryl Lee donner vie à un personnage trouble, hanté par le terrifiant Bob, capable des pires excès pour s’oublier tout en tâchant d’aimer ceux qui se présentent à elle, sachant pourtant qu’ils ne la comprendront jamais.

Levant le voile sur quelques moments mentionnés de la série, le film se permet d’ailleurs de verser dans une crudité que la télévision ne permettait pas : on y voit un ongle arraché, des filles dénudées, des scènes de sexe et du sang qui gicle. Si c’est aussi fascinant de retrouver certains personnages de la série, on sera frustrés que beaucoup d’entre eux n’aient pas répondu à l’appel notamment du côté de la famille Horne, certains acteurs n’ayant tout simplement pas envie de se replonger à nouveau dans Twin Peaks après une seconde saison qu’ils avaient jugé décevante. Kyle MacLachlan lui-même hésita à reprendre l’emblématique rôle de Cooper et finit dans un rôle quasi figuratif alors que le scénario lui prévoyait beaucoup plus de scènes. D’où un sentiment étrange à la vision du film, cauchemar éveillé et sensoriel dont nous assemblons les pièces manquantes au fur et à mesure, mi-fascinés, mi-usés par les détours que Lynch emprunte.

Si Fire walk with me n’est donc pas le film espéré par tout le monde, qu’il s’avère troublant (le remplacement de Lara Flynn Boyle par Moira Kelly a du mal à passer) et qu’au fond, il semble dispensable (quoique la saison 3 l’a brillamment lié dans son univers), il n’empêche qu’il reste une expérience particulière noircissant encore plus le tableau d’un univers qui mélangeait aussi bien le glauque que l’onirisme. Et qui ne laisse ici guère de place à l’espoir sauf le temps d’une séquence finale où Laura Palmer semble trouver (enfin ?) la paix. Contrairement à la ville de Twin Peaks…

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