Charles Chaplin est et restera sûrement le plus grand artiste enfanté par le cinéma. Aujourd’hui nous nous intéressons à son tout dernier film et le seul et unique tourné en couleur. La comtesse de Hong-Kong, film de 1967. Il est disponible en Blu-ray et DVD chez Elephant Films depuis le 25 Octobre 2017, au cœur d’un cycle Marlon Brando composé de l’Homme de la Sierra, la Nuit du lendemain et La Comtesse de Hong-Kong
Marlon Brando (Le Parrain, Apocalypse Now) interprète Ogden Mears, un ambassadeur américain faisant escale à Hong-Kong qui fait la connaissance de la comtesse Natasha Alexandroff jouée par Sophia Loren (Mariage à l’italienne, La Chute de l’empire romain). Après le départ du navire, Ogden Mears découvre une passagère clandestine dans sa cabine, la comtesse Natasha Alexandroff, souhaitant aller aux État-Unis pour y prendre un nouveau départ. À cette époque, la Chine était effectivement le refuge d’anciens aristocrates russes ayant fui leur pays après la révolution de 1917. Mais une vie peu envieuse les attendait eux et leur descendance, comme on peut le voir dans le film où les jeunes femmes sont obligées de louer leurs charmes pour subsister. Les États-Unis et leur « american dream » restaient une promesse d’espoir pour les immigrés souhaitant prendre un nouveau départ.
Finalement, on ne se concentre que très peu sur Hong-Kong puisque le film a plus des airs de huis-clos entre Marlon Brando et Sophia Loren, histoire se déroulant sur un bateau oblige, entrecoupé d’entrées en scène burlesques des autres personnages. On le remarquera très vite, la mise en scène est très théâtrale, avec des personnages qui entrent et sortent du champ par la porte. Mais surtout, le film émet une aura de film muet, il y a une séparation entre les dialogues et l’image. On essaie de faire passer le plus de messages par le langage gestuel et corporel, ce qui est sûrement la meilleure chose à faire quand on traite d’une histoire d’amour, cela rend le film intemporel. Charles Chaplin qu’on retrouve aussi à la composition associe textes et musiques pour les mettre sur un pied d’égalité. Les dialogues ont une certaine musicalité et il offre une présence à la musique en passant allègrement de sons extradiégétiques à des sons diégétiques pour forcer le spectateur à y prêter attention.
Pour son dernier film, Chaplin nous offre du simple sans donner dans le banal avec une histoire d’amour entre deux personnes complètement différentes. Malgré qu’on soit parfois déçu de l’absence de scènes nous montrant l’amour naissant de manière conventionnelle, La Comtesse de Hong-Kong trouve sa force dans l’alchimie qui crève les yeux entre Marlon Brando et Sophia Loren dans des échanges conflictuels. Un Marlon Brando qui déborde de charisme comme dans tout ce qu’il fait, qui au moment du film commençait déjà à ne plus vouloir apprendre ses textes et insistait pour qu’on les lui donne seulement au moment de jouer pour plus de spontanéité. Un Marlon Brando qui joue à merveille l’homme strict et droit mais tout de même capable de tomber tendrement amoureux. Une Sophia Loren pleine de charme et avec un regard envoûtant, jouant admirablement la femme avec un caractère bien trempé n’ayant jamais été véritablement heureuse avant sa rencontre avec Ogden Mears et qui découvre pour la première fois ce qu’est l’amour.
Charlie Chaplin, nous laisse avec une belle histoire d’amour intemporelle sans prétention. Une histoire pourtant simple mais portée par un casting de folie. Avec un prémisse tout à fait original, traitant de la situation des apatrides en Chine. Le film nous fait rire, le film nous fait monter les larmes aux yeux. Et pour son dernier film, comme pour l’Opinion publique, Charlie Chaplin ne jouera pas ou seulement une simple apparition en steward souffrant de mal de mer. Charlie Chaplin fera toujours partie de l’histoire du cinéma, toujours présent dans nos âmes de spectateurs. À sa sortie, le film avait été très mal reçu et aujourd’hui c’est un chef-d’œuvre considéré comme un de ses meilleurs films, La Comtesse de Hong-Kong.
Soyez le premier à commenter