Churchill (2017) : Le Discours d’un Premier ministre

Le Post-Discours d’un roi

Winston Churchill a été un des personnages les plus importants du siècle dernier, en tant que Premier ministre britannique durant la seconde guerre mondiale. Les obsèques nationales dont l’a gratifié la reine Élisabeth II furent l’un des plus grands rassemblements d’hommes dÉtats ayant eu lieu dans le monde. De nos jours, on ne compte plus le nombre de biographies écrites et de films réalisés sur sa vie. De même que les citations acerbes qu’on lui attribue, qu’elles soient avérées ou non. Aujourd’hui, nous nous intéressons au film de Jonathan Teplitzky (Better than sex, The Railway Man) sorti au printemps 2017 en salles et le 10 octobre en Blu-ray et DVD, modestement appelé Churchill.

Dans ce film nous nous focalisons sur un passage court mais important dans la vie de Winston Churchill, les heures précédant l’opération Overlord, le débarquement sur les plages normandes en juin 1944. Les détails de l’opération rappellent à Churchill l’échec subi à Gallipoli lors de la première guerre mondiale, l’opération consistait également en un débarquement surprise, sur la presqu’île de Gallipoli. Des dizaines de milliers de soldats australiens et britanniques ont perdu la vie lors de l’opération. Churchill, encore hanté par ces visions d’horreur, passera les derniers jours avant le débarquement à faire tout son possible pour modifier les plans avec la volonté d’épargner les vies des nombreux soldats qui mourront sur les plages de Normandie. Mais il se heurtera à la réalité en comprenant qu’après avoir bravé la tempête, les gens oublient facilement qui tenait la barre. On assiste alors à la fin de Churchill le chef de guerre, selon Jonathan Teplitzky.

Le discours final de Winston Churchill

Le film est grandement influencé par Le Discours d’un roi, à commencer par l’affiche. On y retrouve une atmosphère intimiste et un film nous invitant à découvrir l’homme plutôt que la personnalité publique avec des musiques mélancoliques et des plans plus personnels. Et les deux films s’achèvent sur le discours de leurs héros. Churchill souffre de nombreuses faiblesses. Le scénario est simpliste et bâclé. Plutôt que de voir un Winston Churchill se battre pendant plusieurs mois avant le débarquement pour défendre sa stratégie, paradoxalement ce qui aurait été plus intense. Nous avons droit à une histoire condensée et un Winston Churchill qui défend sa stratégie 2 jours avant le D-day. Le film d’une longueur de 90 minutes commence par jeter le spectateur dans une histoire qui démarre 20 minutes trop tard en surfant sur la notoriété de Winston Churchill à défaut de nous introduire sur la version dépeinte dans le film. Churchill souffre d’un réel manque d’introduction. On subira les longueurs dans l’écriture et on verra comme une pause les quelques discours de Churchill, parce qu’il ne faut pas l’oublier, le bougre était un excellent orateur. Le réalisateur et le scénariste prennent un peu trop de libertés. D’abord avec les caricatures historiques, la réunion au sommet sur un gazon de vieux manoir. On a même droit à une blague sur l’absurdité de leur présence à tous dans un lieu si dégagé. La petite love-story entre la jolie jeune femme et le soldat sur le front, qui nous tombe dessus comme un cheveu sur la soupe. Et surtout, un évincement de Churchill un peu trop prononcé qui restait à ce moment Premier ministre et ministre de la Défense de sa majesté Georges VI, qui s’apparente plus ici à un Colin Firth low cost qu’au réel Georges VI d’ailleurs.

Quid du général de Gaulle ? En tant que français, c’est la question qui fâche. Il y a une légère tendance à oublier le rôle dans la France dans le débarquement, voire même sa simple présence. Malheureusement, pas de Charles de Gaulle dans ce film, alors qu’ils ont sûrement dû se croiser de temps en temps. Comparé à toutes les fois où Churchill et Eisenhower se croisent, ça fait mince.

Brian Cox en Winston Churchill fumant le cigare

Avec toutes ces faiblesses, il y a bien une chose qui a sauvé le navire du naufrage pendant la tempête, la distribution. Brian Cox en Winston Churchill est simplement époustouflant. D’abord physiquement, il a la tête de l’emploi et il inspire la même image que l’original. Du côté des accessoires, rien n’a été laissé au hasard, la posture voûtée, le chapeau, le nœud papillon et le fameux cigare. Brian Cox ne manquera pas de marquer les esprits et d’émouvoir dans les prises de paroles de Churchill. Miranda Richardson incarne une Clementine Churchill classieuse et avec tout ce qu’il faut pour tenir tête lors des dialogues en huis clos face au Churchill de Brian Cox. Le duo est émouvant et on ne peut pas dénier son alchimie.

Finalement, Churchill se veut clairement une revisite du Discours d’un roi mais version Winston Churchill, aussi bien dans son rythme que dans sa mise en scène et surtout sa volonté propre. Le film manque cruellement de consistance pour un moment de l’histoire qui mériterait d’être plus approfondi et détaillé. Et on se rend compte de certaines choses à la fin du film quand les fameuses quelques lignes d’exposition pour nous expliquer ce qu’il arrive après le film apparaissent – comme  dans chaque film inspiré d’une histoire vraie – nous expliquant que l’opération Overlord fut décisive, que la seconde guerre mondiale a pris fin le 8 mai 1945 en Europe et que Winston Churchill fut le plus illustre britannique de l’histoire. Le jeu d’acteur de Brian Cox est remarquable. Mais dommage pour lui, sa performance est caché par le reste du film.

Attendons de voir ce que donnera Les Heures sombres de Joe Wright, avec Gary Oldman, film s’intéressant à une partie de la vie de Winston Churchill, à partir de sa prise de pouvoir en mai 1940.

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