The Prom : Prise unique

Quoi de mieux, quoi de plus édifiant que Netflix et ses innombrables productions pour habituer le public et les cinéphiles à la médiocrité la plus pérenne ? Depuis désormais une dizaine d’années, la plate-forme distribue moult programmes aux esthétiques interchangeables, convoquant la plupart du temps nombre de réalisateurs yes man sans ambitions ni caractère propres, se permettant par-dessus le marché de rameuter certains grands cinéastes n’ayant plus réellement besoin de faire leur preuve compte tenu de leur prestigieuse filmographie, allant même jusqu’à parfois discréditer leur talent (nous vous renvoyons là au très décevant The Irishman de Martin Scorsese, film-testament pompeux et lénifiant à l’authenticité fortement discutable…). Si l’on retient cependant – et à de rares exceptions – quelques œuvres de haute qualité (Uncut Gems des frères Safdie, Marriage Story de Noah Baumbach ou, très récemment, le dernier film de David Fincher) Netflix perpétue depuis son essor les produits sans saveurs précédés d’une com’ plus ou moins douteuse (le pitch ultra racoleur de l’exécrable 365 jours, la polémique autour du cas de Mignonnes…) allant de la plus simple et oubliable anecdote au pire de ce qui se fait en matière de formatage.

Sort donc – quelques jours avant la Noël de cette année 2020 plus qu’étrange en définitive – The Prom de Ryan Murphy, prototype de comédie musicale dopée aux édulcorants et standardisée jusqu’à la corde narrant la croisade moribonde d’une troupe d’artistes sur le retour en quête de cause bien-pensante et d’opinion publique attendue : profitant du scandale local mettant en scène la jeune Emma Nolan s’étant vue refuser l’accès au bal de fin d’année de son lycée pour des raisons de tendance sexuelle jugée hors-norme, Dee Dee, Barry et Angie sautent sur le buzz afin d’acheter la paix sociale à renfort de cabrioles et autres chansonnettes certes pas déplaisantes mais vues, revues, entendues et réentendues des centaines de fois avant ledit produit. Occasion pour nous de voir et de revoir encore Meryl Streep (Dee Dee Allen) et Nicole Kidman (Angie Dickinson) surjouer dans cette friandise douce-acidulée, plombées par un James Corden (Barry Glickman) proche de la gay caricature… C’est de la superficie de marché de Noël gentiment cafardeuse, sans profondeur aucune et consensuelle à en devenir malaisante.

Du point de vue de la forme et de la mise en scène, The Prom n’échappe jamais au syndrome Netflix consistant moins à voir des films qu’à consommer des produits, encore et toujours réglé sur le pas du politiquement correct et du normatif. Ryan Murphy se voudrait audacieux et/ou revendicateur en invitant les spectateurs les plus réactionnaires à accepter la différence et ses multiples raisons d’être (oui en 2020 un(e) adolescent(e) a le droit d’embrasser sur la bouche un(e) autre adolescent(e), oui il n’est pas ridicule de ressembler à Barbie et Ken et de gesticuler dans les centres commerciaux en chantonnant d’insipides rengaines…), mais tombe d’emblée dans le produit impersonnel et mièvre à en mourir. C’est certes parfois plaisant, ni bon ni même mauvais, encore moins réellement subversif, juste divertissant et complètement dispensable… Un morceau de cinéma quelconque à usage unique, rien de plus.

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