La Vie Scolaire : Un programme pédagogue et ouvert.

L’après Patients était attendu pour le duo Mehdi Idir et Grand Corps Malade. Patients a été, à sa sortie en 2016, un succès critique et public avec près de 1,2 million de spectateurs. Le contrecoup à ce succès peut être sensible pour les deux hommes. Ils reviennent trois ans après avec La Vie Scolaire, projet ambitieux nous plongeant au cœur d’une année dans le collège de Francs-Moisins, lieu où Mehdi Idir a fait sa scolarité.
La Vie Scolaire n’est pas un film sur Mehdi Idir après Patients qui racontait la rééducation de Grand Corps Malade suite à son accident. Le profil du co-réalisateur va seulement nourrir en partie le personnage de Yannis, un ado vif et intelligent à la repartie facile. Ce garçon auquel la nouvelle CPE débarquant d’Ardèche va s’attacher et essayer de soutenir en dépit de son insolence.
La Vie Scolaire suit le quotidien du collège sous le prisme de la CPE qu’incarne Zita Hanrot. L’actrice, découverte dans Fatima de Philippe Faucon, enchaîne les risques entre K.O, Paul Sanchez a disparu ou dernièrement Carnivores des Frères Renier. Zita Hanrot est l’une des plus intéressantes actrices de sa génération. Elle se mue en CPE avec une facilité déconcertante, rôle loin d’être facile entre autorité et pédagogie. Surtout qu’autour d’elle virevolte une bande de gamins attachants et insolents la faisant tourner en bourrique entre un menteur pathologique hilarant, une commère patentée et le jeune Yannis qui cache derrière son insolence des maux évidents . 

Avec La Vie Scolaire, Grand Corps Malade et Mehdi Idir réussissent aisément le passage au deuxième long-métrage. Patients était une réussite et La Vie Scolaire prouve que le résultat n’était pas un accident. Mieux les deux réalisateurs apposent une patte au cœur d’un cinéma chaleureux, engagé et impertinent. Le duo se rapproche de celui formé par Toledano/Nakache par cette même force d’écriture brossant le portrait de personnes véritables, instiguant une vie au cœur de leur métrage. Une vitalité qui rapproche par moment le film du documentaire, notamment dans les arcanes du collège dont les deux hommes ont réussi à (r)attraper l’essence et la réalité du quotidien. La filiation avec le documentaire est évidente quand on voit les gamins peuplant les couloirs et la cour de récréation, nous replongeant dans notre vécu personnel ayant grandi aussi en banlieue. 

Avec La Vie Scolaire, Grand Corps Malade et Mehdi Idir captent l’essentiel d’une année au cœur d’un collège de Saint-Denis. Ils recueillent la vie de ses gamins, leurs quotidiens et leurs réalités sans jamais tomber dans l’exagération. La dramaturgie de certains destins vient alors structurer le long-métrage, notamment Samia qui débarque dans cette banlieue grisâtre pour un motif particulier ou celui de Yannis, enfant dont le père est en prison peinant à s’en sortir par manque de confiance en son destin. La Vie Scolaire évite alors tout moralisme envers une banlieue ignorée et dénigrée. Toute démagogie est absente, même si en filigrane on capte la complexe réalité d’un tel lieu. Un petit village français entre solidarité, violence et amours, l’amitié nourrissant un quartier où la loi du plus fort règne. La Vie Scolaire se rapproche, de par ce schéma, d’Intouchables de Toledano/Nakache quand le personnage incarné par Omar Sy rentre dans son quartier et l’on en perçoit la dureté de la vie. 

La Vie Scolaire est un deuxième film touchant et sincère. Un regard nostalgique et sensible sur un moment de vie charnière au cœur de cet ensemble de béton vitré où le rire côtoie le drame et l’insolence s’allie à la solidarité. Avec cette année complète aux côtés de Samia, Yannis, Messaoud, Moussa et Dylan, on en prend plein le cœur, regonflé à bloc pour repartir sur de bases saines. On ne garde finalement que les souvenirs positifs et essentiels de cette période cruciale dans la vie de tous.

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  1. Box-Office France du 28/08/2019 au 03/09/2019 -

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