Le Mystère Henri Pick : Enquête sur un auteur au-dessus de tout soupçon.

David Foenkinos a reçu une consécration littéraire tardive. Il est reconnu par la critique, mais le public le découvre réellement avec Charlotte en 2014. Bizarrement c’est avec un livre qui divise que le public le suit, alors que les critiques s’offusquent pour certains de ce style simplement faux.
Pour le cinéma aussi, c’est l’auteur qui prend les rênes avec son frère Stéphane, directeur de casting puis scénariste. Ils adaptent ensemble La Délicatesse en 2011 avec François Damiens et Audrey Tautou. Le film est un succès, alors les affaires s’emballent. Jean-Paul Rouve adapte Les Souvenirs en 2014, puis Jean-Pierre Améris transpose Je Vais Mieux en 2018. Si le premier est un succès public, le second passe totalement inaperçu.
C’est à Rémi Bezançon que l’on doit l’adaptation du Mystère Henri Pick en salles le 6 mars 2019.

Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne, une jeune éditrice découvre un manuscrit extraordinaire qu’elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n’aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu’il s’agit d’une imposture, un célèbre critique littéraire décide de mener l’enquête, avec l’aide inattendue de la fille de l’énigmatique Henri Pick.
De ce pitch aguichant, nous partons dans une enquête voilée d’un mystère accrocheur. Entre Georges Simenon et Agatha Christie, nous faisons face à l’assassinat de la popularité d’un livre, dont l’enquête du critique littéraire incarné par Fabrice Lucchini va servir à débusquer l’auteur de la tromperie.
Fabrice Lucchini incarne Jean-Michel Rouche, un critique agressif et obstiné, sorte de Bernard Pivot aigri par le manque de succès de ses écrits. Il est donc devenu un critique respecté sur la place de Paris, celui dont l’avis compte en dépit de la méchanceté du personnage. Au départ, nous peinons à l’apprécier, mais le jeu succulent de Lucchini emmène le personnage vers le pastiche et la critique même du personnage au cœur d’une enquête palpitante. L’homme va s’ouvrir au fil de son avancée bien aidé par la fille d’Henri Pick, incarnée avec douceur par Camille Cottin. L’actrice tempère Rouche et amène une sensibilité en essayant de protéger la mémoire de son père.

Le Mystère Henri Pick est un film à acteur, Rémi Bezançon les dirige avec excellence. Si le style de l’homme est encore à définir en termes de cinéma, les comédiens trouvent en permanence la place nécessaire pour étaler leurs talents sans tomber dans les extrêmes. L’exemple fait avec Luchini que Bezançon canalise et capte l’essentiel pour les besoins du personnage.
Le Mystère Henri Pick est aussi un agréable moment d’évasion sur les terres bretonnes où Rouche mène l’enquête dans cette fameuse librairie. Entre Paris et la Bretagne, l’enquête révèle quelques rebondissements faussant le twist final. Si pour notre part nous avions un coup d’avance, la résolution de l’enquête et ses répercussions sur les personnages permets de ressentir l’émotion attendue.
L’enquête menée pour découvrir la véracité des origines de ce livre conduit Rouche de l’aigreur au bonheur. Dans cette recherche et son échange final, il retrouve en lui la passion et la beauté d’écrire. L’écriture, l’outil incroyable pour comprendre le monde ambiant, sa complexité et sa paix. Par Le Mystère Henri Pick, le personnage principal se fait happer par les fondements de l’ouverture vers l’autre et le bonheur que cela déclenche. La solidarité et l’amour font de lui un nouvel homme capable de saisir de nouveau la plume et d’enfin s’exprimer avec talent.

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