Outlaw King : La fainéantise à son paroxysme

Après avoir réalisé Les Poings contre les murs et Comancheria, on attendait David Mackenzie au mieux de sa forme. Signant Outlaw King pour la plateforme de vod Netflix, le réalisateur s’attaque encore à un pur film basé sur une ambiance, une atmosphère, une esthétique marquantes faisant la sève même de la production. Outlaw King revient sur l’intronisation du roi Robert Ier, Robert de Brus, et l’une des premières guerre d’indépendance qu’il a mené pour la libération de l’Écosse. Les faits semblent globalement assez proches de la réalité, bien que l’on pourra toujours remettre en doute une part romancée plus ou moins négligeable.

L’histoire des guerres d’indépendance écossaise au moyen âge sont assez prisées, d’une manière générale l’histoire médiévale de l’Europe est un véritable terreau fertile pour les scénaristes souhaitant s’attaquer à cette époque. Outlaw King pourrait presque se vendre comme une suite non officielle à Braveheart. Cependant, la quête de William Wallace est si captivante, qu’il est toujours dommage d’être confronté à un film dont notre attention ne quitte plus les textes introductifs parlant ici justement de Sir William Wallace. Comme beaucoup d’histoires avec un contexte trop intéressant, notre curiosité se porte alors sur les éléments secondaires à tertiaires du film, et non l’histoire principale ici traitée. D’ailleurs, la comparaison avec Braveheart s’arrête ici tant la touche Mackenzie ne se dessine pas au travers de cette production. Cette dernière ayant parfois plus de traits communs à Camelot voire les Monty Python. Le film ne trouve pas son caractère immédiatement, il faut beaucoup de temps avant de vraiment se plonger dans l’ambiance et trouver son rythme.

La faute à une mise en scène diablement trop attendue. Ne s’improvise pas Peter Jackson, Mel Gibson ou Ridley Scott qui veut. Savoir créer une ambiance médiévale ou historique semble plus compliqué que prévu pour le réalisateur. Pourtant les terres écossaises et irlandaises sont propices pour créer de telles atmosphères. Des décors trop simple finalement peu mis en valeur. Des tenues et des accessoires qui n’ont pas d’histoire ou de vécu dans leurs aspects. Même les scènes de combat et de batailles semblent aller au ralenti. Tout cela manque cruellement de crédibilité et d’entrain. Le scénario avance mais notre intérêt recule, à l’exception d’une poignée on ne s’attache jamais vraiment aux personnages, à l’exception de la belle Elisabeth de Burgh (jouée par la magnifique Florence Pugh).

A vrai dire le jeu d’acteur est loin d’être brillant. On a rarement vu Chris Pine aussi effacé et saoulé d’être là. À croire que tourner pour Netflix n’était pas une volonté de sa part. Complètement à côté de ses pompes et parfaitement transparent, difficile de l’imaginer en souverain écossais. Il finit même par agacer tant on le confondrait avec un dépressif. Aaron Taylor Johnson et quelques autres acteurs secondaires tiennent leur rôle et de son côté Florence Pugh resplendit. À la décharge de Chris Pine, difficile de sortir son épingle du jeu avec des dialogues aussi convenus que ceux là. Ne déifions pas Mel Gibson, il n’empêche que les répliques sont affligeantes de simplicité, au mieux elles n’ont aucune saveur.

Il faut attendre quelques scènes d’infiltration pour enfin trouver son compte. Les scènes de batailles commencent alors à prendre forme et offrir un spectacle digne de ce nom. Même la scène de fin, qui devrait signer un terme épique au long métrage, ne dégage aucun rythme et un dynamisme très minime tant sa mise en scène est lisse. C’est un format vu et revu dans quasiment toutes les productions de ce type. Un piège vieux comme le monde lorsqu’une armée est 4 à 5 fois moins nombreuse. Le plan pour la bataille est expédié, la préparation de celle-ci est survolée, la stratégie n’est même pas expliquée. Le tout manque cruellement de profondeur et d’intensité, le résultat semble signifier un véritable manque de travail et d’investissement. Les enjeux se succèdent sans vraiment emporter le spectateur sur son chemin. De temps à autres un nouveau protagoniste apparaît sans qu’il ne nous intéresse, quand on a la chance de comprendre d’où il sort et qui il est.

Outlaw King a ceci de bienvenue qu’il donne l’envie irrésistible de se replonger dans l’ambiance de Braveheart. Le simple souvenir des musiques ravive notre nostalgie, un élément parfaitement inexistant de cette production Netflix. Au final c’est un énorme raté, peu inspiré, auquel même les acteurs ne semblent comprendre leur présence et dont le travail en amont à été grandement négligé. Pour terminer sur une pointe quelque peu humoristique, on notera qu’en français le film est titré « Outlaw King : le roi hors la loi« , en somme une traduction de ce que veut dire Outlaw King… autant le traduire directement à ce compte là non?

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*