Cela commence à devenir habituel, les documentaires s’intéressant à des personnalités peu connues ou étant affiliés à des domaines excentriques ou de culture étrangères sont en général assez pertinents et permettent de découvrir toute une culture dont on ne soupçonnait pas forcément l’ampleur. Ici il s’agit des lamas de la religion bouddhiste, une religion bien connue pour ses enseignements de paix, de partage et de pardon. L’enfance d’un maître raconte donc l’histoire de Kalou Rinpoché, un maître lama héritier d’un autre maître Rinpoché choisit par une destinée décrite par ce dernier. On voit comment il est devenu maître dès son enfance, l’éducation qu’il a suivit, le détachement forcé avec ses parents, la bénédiction que lui a apporté le Dalai Lama jusqu’à l’âge adulte et sa vie plus libre et moins religieuse d’aujourd’hui. On découvre aussi les travers de certaines conditions, les erreurs de choix, ce qu’il regrette, les mentalités parfois bancales des gens qui l’entouraient voir de certains de ses disciples.
Le documentaire dans son intégralité est passionnant, car il retrace avec des images à l’appui, toute la vie du maître depuis son enfance, sous la tutelle de Hermès qui s’occupait de lui et qu’il considère comme sa grande sœur ou sa cousine. Il s’agit là d’un projet majeur d’avoir pu suivre Kalou Rinpoché depuis sa naissance et sur autant d’années. Un projet qui dure finalement depuis 30 ans et nous rappelle un peu le film Boyhood. Ce long-métrage propose une véritable expérience humaine car il est travaillé sur le très long terme dans l’espoir et l’attente de pouvoir enfin être diffusé et dévoilé au monde entier. On découvre grâce à L’enfance d’un maître la véritable institution des maîtres bouddhistes et leur apprentissage. Une religion avec ses avantages et ses inconvénients mais qu’il est très enrichissant de découvrir.
Comme son nom l’indique malheureusement, L’enfance d’un maître s’attarde un peu trop longtemps sur l’enfance de Kalou Rinpoché. Cette partie du documentaire est justement celle qui permet de mieux comprendre la hiérarchie et les coutumes bouddhistes. Un passage intéressant et primordial pour placer le contexte et l’ambiance de l’histoire mais un peu trop longue pour s’intéresser au personnage en question. Certains éléments sont importants, comme les échanges avec ses parents, mais notre maître étant un enfant, son caractère et son rythme de vie nous est légèrement redondant. On se lasse vite, on n’apprend plus grand chose supplémentaire et on s’impatiente de savoir pourquoi le documentaire sort aujourd’hui ou ce qui l’a poussé vers une voix qu’on lui considère de progressiste.
Sa vie actuelle est donc totalement survolée. C’est d’autant plus dommage que c’est justement tout ce passé, parfois beau et tendre, parfois tragique et meurtrier, qui a forgé la mentalité de ce Rinpoché. On aurait adoré en apprendre plus sur son adolescence et son passage vers l’âge adulte. C’est quand même cette période de la vie qui forge un caractère et qui pousse les gens vers un destin plutôt qu’un autre. Aujourd’hui, et le film s’en targue, Kalou Rinpoché aurait plus de 100.000 fans sur Facebook et proposerait de nombreuses conférences sur la confiance en soi. C’est tout de même dommage de n’avoir que quelques secondes alors qu’il semble que ce soit l’élément le plus improbable de sa personnalité.
En conclusion, l’histoire est très intéressante et L’enfance d’un maître nous montre une culture et une personnalité passionnantes. Malheureusement les 2 premiers tiers du films tournent très vite en rond et on perd de l’intérêt quand notre impatience s’accroît. Ce n’est que lorsqu’on l’écoute parler durant les interviews aujourd’hui qu’on en apprend sur sa personnalité actuelle et son dessein en tant que maître bouddhiste. Le temps qu’il reste pour aborder sa vie actuelle, diamétralement opposée à celle qu’il avait quand il était au Tibet, est trop court pour raconter ce pourquoi le film s’est finalement vendu. On reste donc sur une grosse faim malgré tout l’apport passionnant que le film nous propose.
Soyez le premier à commenter