Leave No Trace : l’appel de la forêt

Cinéaste peu prolifique, Debra Granik n’en a pas moins une filmographie déjà très cohérente. Habituée du festival de Deauville, elle venait cette année y présenter Leave No Trace, son troisième long-métrage de fiction en 14 ans. Réalisatrice amoureuse des grands espaces, Debra Granik continue son exploration de l’Amérique profonde, proche de la nature. Une Amérique où l’on aspire à des choses simples tout en luttant pour une forme de liberté.

Leave No Trace suit Will, un père et sa fille Tom, vivant dans la forêt à côté de Portland. Vétéran de guerre, Will fuit la société et ses règles, ayant décidé de vivre comme il l’entend, proche de la nature. Rattrapés par les services sociaux, Will et Tom sont vite rangés dans des cases. Alors que Tom est séduite par la possibilité d’une vie moins autarcique, Will ne tarde pas à avoir la bougeotte et souhaite rapidement s’enfuir vers la forêt…

Sereinement, Debra Granik pose un regard tendre sur ses personnages et laisse le film avancer à un rythme lent, laissant de la place pour les silences, les regards et les grands espaces. Chez la cinéaste, la nature américaine n’est pas hostile, elle est au contraire un refuge pour ceux refusant d’être rangés dans des cases, forcés à se conformer à la société. Granik montre la possibilité d’une autre existence, loin du chaos urbain et donne la parole à ceux que l’Amérique a oubliés. Visiblement traumatisé par la guerre, Will ne trouve son confort que dans la nature, dans cet appel de la forêt, ce retour à l’état sauvage (sublimé lors de certains plans). Tom, lassée de cette vie en constant mouvement et sans un minimum de confort, est alors tiraillée entre son père qu’elle aime profondément et cet appel de la société ouverte sur les gens.

Très beau portrait d’amour filial, Leave No Trace est porté par deux acteurs épatants. Ben Foster, déjà présent au cœur du festival de Deauville avec Galveston, y démontre une fois de plus son talent à camper des personnages taiseux qui disent tout avec les regards. La jeune Thomasin Mckenzie, déjà aperçue dans Le Hobbit : la bataille des cinq armées, y fait office de révélation, à l’instar de Jennifer Lawrence dont le talent avait véritablement éclos dans Winter’s Bone. Ces deux acteurs touchants forment l’épine dorsale d’un film un peu lent mais dont le propos emprunt d’amour et de tolérance envers l’Amérique sauvage ne manque pas de justesse, proposant une alternative au bruit et à la fureur de la société moderne.

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