Alfred Hitchcock présente – Saison 6 : Saison charmante mais essoufflée.

De manière fréquente, Elephant Films nous gâte avec des petites pépites télévisuelles sorties d’une autre époque. Depuis quelques années maintenant, l’éditeur a entrepris de sortir l’intégrale de la série Alfred Hitchcock présente, anthologie d’histoires de meurtres, de chantages, de mensonges et de manipulations en tout genre. Cette fois-ci, nous nous penchons sur la saison six de la série, disponible en coffret DVD depuis le 13 décembre dernier.

Avant-dernière saison de la série, cette sixième fournée d’épisodes sent l’essoufflement. Il faut dire que cela fait cinq ans et déjà 191 épisodes que la série a permis au crime de s’inviter chez les américains par le biais de la télévision. Et en 191 épisodes, croyez-le ou non, on commence à faire le tour de la question. Si les talents convoqués par la série répondent toujours présents (Claude Rains, Martin Balsam, Leslie Nielsen, Gena Rowlands, Sydney Pollack, Walter Matthau, Ricardo Montalban, Barbara Del Geddes, Dean Stockwell, Peter Falk), force est de constater que les histoires concoctées par les scénaristes sont moins prenantes qu’avant. D’abord parce que certaines ont un goût de déjà vu et ensuite parce qu’elles apparaissent parfois plus faibles que les autres, avec des chutes sympathiques (comme l’amusant Mrs. Bixby and the Colonel’s Coat) mais sans grand intérêt.

D’ailleurs, à force d’avoir tourné autour d’histoires criminelles, la série finit par emprunter d’autres directions pour éviter la répétition. Certains épisodes viennent donc lorgner du côté du fantastique (The Doubtful Doctor), du western (Outlaw in Town) et d’autres se dirigent carrément vers une veine plus intimiste, loin des crimes et des mensonges, en se concentrant par exemple sur l’histoire liant un professeur de poterie et un jeune garçon dans The Contest for Aaron Gold. Des histoires toutes amplement divertissantes mais qui viennent légèrement troubler la force de la série que l’on a connu plus féroce et plus cynique.

Restent quelques pépites dont les dénouements assez cruels et inattendus viennent donner plus de saveur à cette saison. Réalisé par Robert Florey, The Changing Heart nous conte l’histoire d’un jeune homme tombant amoureux de la petite-fille d’un horloger passionné d’automate. Quand sa petite-fille tombe malade et meurt, l’horloger remplace le cœur de celle-ci par un mécanisme d’automate… Un épisode au final glaçant qui aurait pu se trouver quelques années plus tard dans Night Gallery. Même chose pour The Landlady où un jeune homme se retrouve à la merci d’une vieille dame amoureuse de la taxidermie… Un épisode écrit par Robert Bloch, l’auteur du roman Psychose, d’après une histoire de Roald Dahl, une association qui fait des étincelles !

Venant en fin de saison, l’épisode Final Arrangements est l’un des plus irrésistibles morceaux de la sélection où l’on suit un homme brimé par sa femme vider son compte en banque pour prendre des dispositions funéraires en avance et acheter du poison… avant de se suicider pour échapper à sa mégère de femme, la laissant démunie ! Évidemment, époque oblige, Alfred Hitchcock, présentant et concluant chaque épisode, ira de son petit commentaire à la fin de cet épisode pour bien souligner que le suicide n’est pas la solution à tous les problèmes ! Le maître du suspense, toujours pince-sans-rire, se montre toujours aussi inventif dans ses petits apartés, dénigrant régulièrement les publicités indispensables au programme.

Malgré une baisse d’inventivité assez flagrante dans ses scénarios, cette sixième saison s’apprécie tout de même dans toutes ses largeurs, se montrant certes inégale mais toujours savoureuse, grâce à la jolie niche de talents que fut la série, jamais avare en surprises.

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