100% Loup : … qui n’a pas les crocs.

L’hégémonie triomphante de Disney sur le divertissement familial depuis des décennies a laissé peu de places pour l’éclosion et l’émancipation d’autres créateurs/studios pour produire du cinéma d’animation. Hollywood a complètement écrasé le marché si l’on compte la concurrence au début des années 2000 du département animation chez Dreamworks avec Shrek et compagnie. Mais outre cet affrontement purement américain, peu ont tenté le coup. Jusqu’à l’évasion de quelques talents de l’écurie Disney, formés dans le studio, ayant quitté le château pour rentrer à la maison en quête de liberté.
C’est le cas d’Alexs Stadermann, Australien d’origine, ayant très tôt rallié les studios de Los Angeles. L’homme a travaillé sur les effets visuels de Fievel au Far West ou Les 4 Dinosaures et Le Cirque Magique, avant de rejoindre Disney pour travailler sur le show Timon & Pumba. Devenu ensuite animateur sur les suites direct-to-vidéo chez Disney sur des titres tels que Peter Pan 2 ou Cendrillon 3 gérant les personnages de Jane ou Anastasia sur les films respectifs, il quitte la firme pour s’attaquer à la réalisation de projets plus importants et plus personnels.
C’est ainsi qu’il rejoint le Studio100, firme franco-belge, ersatz européen à la Disney gérant une multitude de parcs d’attractions entre la Belgique et l’Allemagne. Studio100 est un studio d’animation produisant des divertissements pour mieux nourrir en mascottes leurs différents parcs. Après The Woodlies en 2013, Stadermann s’est donc attaché à ranimer Maya L’Abeille pour deux films ayant connu un succès modéré en France en 2014 et 2018. Le réalisateur est de retour avec 100% Loup en salles en France le 28 octobre 2020, idéal pour le studio et le distributeur, Alba Films, pour surfer sur les vacances de la Toussaint en pleine période COVID-19 sans le poids de la concurrence américaine.

100% Loup suit Freddy Lupin et sa famille qui cachent depuis des siècles un grand secret. Le jour, ils sont des humains ordinaires. Mais dès la tombée de la nuit, ils deviennent des loups-garous ! Le jour de son quatorzième anniversaire, Freddy s’attend à se transformer en loup-garou pour la première fois. Mais le soir de son initiation, rien ne se déroule comme prévu et le voilà qui devient … un mignon petit caniche au caractère bien trempé. Sacrilège pour sa famille ! Freddy n’a plus désormais qu’un objectif : démontrer qu’il est bel et bien 100% Loup !
D’un pitch sommaire, Alexs Stadermann ne cherche jamais à réellement créer un univers original. Dès les premières minutes, nous sommes affligés de constater que les loups-garous jouent aux super-héros allant sauver des enfants d’un immeuble en flamme. Sautant de toit en toit tel un Batman ou un Spider-Man, on peine à croire en ses êtres bienveillants. La suite s’enfonce dans la banalité la plus crasse livrant une histoire cousue de fil blanc. Nous avons le droit à la référence frontale et totalement assumée au Roi Lion dont 100% Loup plagie sans vergogne plusieurs séquences fortes, avant de s’attaquer à d’autres classiques Disney pour mieux se structurer.
Ainsi la seconde partie du long-métrage, loin d’être désagréable au demeurant, spoile allégrement La Belle et le Clochard, voire même le chef-d’œuvre de Brian Levant, Beethoven. Il manquerait plus que le dîner aux chandelles sur fond d’une musique romantique italienne pour mieux les confondre. Le film animé préfère enchaîner sur une séquence dans un chenil et se la jouer Comme des Bêtes avec des personnages s’animant tels des humains pour une Grande Évasion, avant une conclusion shakespearienne renvoyant au Roi Lion, et donc Hamlet… 

100% Loup se révèle être un modèle de conformisme aberrant, un cinéma d’animation banal sans la moindre consistance. Les personnages présentés sont dépersonnalisés au possible, sans la moindre consistance ni la moindre accroche empathique. Les enfants se retrouvent face à un produit de consommation grand public sous des fausses notes rockn’roll enchaînant des péripéties rebattues depuis 30 ans. 100% Loup est un produit anodin conforme aux attentes d’une production stéréotypée sans le moindre relief préférant piller les classiques et autres succès proches du genre à défaut de s’émanciper comme tel.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*