Voyage en pleine conscience : Méditation en Aquitaine

Le Village des Pruniers est une communauté bouddhique basée en France et plus précisément en Nouvelle-Aquitaine, au croisement de la Gironde, de la Dordogne et du Lot-et-Garonne. Vraiment pas loin de Bergerac pour ceux qui connaissent. Le Village est fondé en 1982 par le maître Thich Nhat Hanh, ayant côtoyé plusieurs grand de ce monde, à commencer par Martin Luther King qui le proposa pour le Prix Nobel de la Paix en 1967 ou encore le Pape Paul VI. Cet individu et sa communauté sont les acteurs du documentaire Voyage en pleine conscience, un documentaire qui aura demandé 3 ans de rushs, réalisé par Max Pugh et Marc J. Francis. Le film est sorti dans les salles françaises en Juin 2018 et en Août 2017 aux USA. Il est disponible en édition vidéo depuis Novembre 2018 en France chez L’Atelier d’Images.

L’idée de suivre la communauté du Village des Pruniers est venu à Max Pugh (The Road to Freedom Peak) suite à la décision de son frère d’abandonner ses biens matériels et de rejoindre la communauté il y a une dizaine d’années. Il s’est alors tourné vers Marc J. Francis (When China Met Africa) pour réaliser ce documentaire et vers la compagnie Sunny March pour le produire, compagnie appartenant à Benedict Cumberbatch qui avait déjà produit le court métrage de Marc J. Francis, A Letter from Calais, en 2016. Ce qui explique aussi pourquoi Benedict Cumberbatch donne sa voix à la narration de Voyage en pleine conscience en V.O. Tandis que chez nous, c’est avec la voix de Tchéky Karyo que nous suivons le film.

Qu’est-ce que la pleine conscience ? La pleine conscience est l’énergie générée par une personnes qui est pleinement consciente de ce qui se passe dans le moment présent, selon le site du Village des Pruniers. Sa pratique consiste à recentrer son attention sur l’instant présent par la méditation.

Voyage en pleine conscience nous offre un ensemble de petits moments de vie, aussi bien pour les moines de la communauté que pour les personnes extérieurs venus en retraite. Dans les repas et leur préparation, les moments de travail, de méditation avec des chants du Dharma d’une puissance toute particulière. Mais aussi dans la marche dans la campagne aquitaine, qui évoquent le titre original du film à savoir Walk with me qui évoque lui-même le pèlerinage de Thich Nhat Hanh à travers les États-Unis, l’Europe, l’Asie et l’Australie.

En substance, le film ne donne pas beaucoup aux spectateurs. C’est aussi un effet de style, le film traite de la pleine conscience et donc nous fait découvrir l’instant présent des individus en nous gardant dans les rails. Ce qui signifie qu’on ne sort que très rarement, voir jamais, du cadre de l’instant. Autant, ça passe très bien quand on est dans le Village des Pruniers. Autant, quand il est question d’extérieur et surtout de suivre Thich Nhat Hanh et quelques moines aux États-Unis, le film change de ton et on se sent un peu floué du manque d’extérieur quand on était encore en France. Nous suivons plusieurs membres de la communauté à l’occasion d’un voyage aux États-Unis, où Thich Nhat Hanh donnera des conférences. Ce qui nous permet de voir les rapports entre les moines et les badauds de New York, dont un new yorkais pas content et un peu trop chrétien. Mais surtout un moment faisant écho à la relation entre Max Pugh et son frère, où une moniale (féminin de moine) rend visite à sa famille qu’elle ne peut voir qu’une fois tout les deux ans environ, puisqu’elle vit en France et partage un moment d’une extrême tendresse avec son père. Ou encore, un moine rendant visite à ses parents et qui nous parle de plan de vie qu’il avait établi plus jeune, le rêve américain typique pour faire contraste avec sa vie actuelle. Finalement, toute cette partie aux États-Unis est là pour nous rappeler ce que les moines laissent derrière eux.

Mais en France, il est dommage de ne pas avoir étendu le documentaire aux rapports qu’a le village, à travers ses trois hameaux, avec les habitants des alentours. En soi, la présence d’une communauté bouddhique au cœur de la campagne aquitaine est surréaliste. À titre d’informations, pour ceux habitant dans toute cette zone triangulaire entre la Gironde, la Dordogne et le Lot-et-Garonne, il vous suffit de prendre le TER jusqu’à Sainte Foy la Grande où une navette fait le voyage tout les vendredis entre la gare et le village. Donc avoir fait l’impasse sur les relations entre le Village des Pruniers et les villages alentours, c’est faire l’impasse sur la France elle-même qui est quand même le pays où la communauté s’est installée. D’autant plus que Max Pugh est franco-anglais et n’aurait sûrement eu aucun problème de communication avec l’extérieur du village.

Pour finir, on ne peut nier que le documentaire est d’une extrême bienveillance à l’égard de la communauté du Village des Pruniers, on ne peut que vous conseiller de vous rendre sur leur site pour en apprendre plus sur eux. Mais le documentaire manque de profondeur, la raison étant qu’on est pas réellement devant une expérience cinématographique mais devant une expérience spirituelle. Voyage en pleine conscience nous demande de faire abstraction de ce qui nous entoure pour 90 minutes et de seulement nous concentrer sur l’instant présent, sur les chants et sur la méditation. Comme une connexion intemporelle à chaque visionnage.

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