Le Grinch : Merry Christmas !

Curieuse idée qu’a eu le studio Illumination de ressortir du placard le Grinch pour leur production annuelle. Avant la suite de Comme des Bêtes, c’est donc sous licence que le nouveau film des créateurs des Minions se positionne pour mieux caresser dans le sens du poil le public américain. Clairement Le Grinch n’est pas à destination du public européen, mais essentiellement envers le public anglo-saxon.
Le Grinch est une création du Dr Seuss, éminent écrivain pour enfants aux États-Unis, une véritable institution outre-Atlantique. De son vrai nom, Theodor Seuss Geisel, il est l’auteur entres autres du Lorax, Le Chat Chapeauté ou Horton. Toutes ses œuvres ont été portées au cinéma, dont deux en live : Le Chat Chapeauté avec Mike Myers et Le Grinch avec Jim Carrey sous l’œil de Ron Howard en 2000.

Le Grinch est donc de retour pour une nouvelle adaptation, cette fois-ci en animation. Et cela réussit plutôt bien au personnage. Avouons qu’en dépit du savoir-faire de Ron Howard et du cabotinage frénétique de Jim Carrey sous les poils verts du Grinch, le premier film ne fût pas une grande réussite malgré le succès public.
Ici le Grinch retrouve toute sa dextérité et sous l’impulsion de la voix ténébreuse de Benedict Cumberbatch, trouve enfin son charme. En 2000, Jim Carrey nous refaisait le coup du Mask au cœur d’un décorum renvoyant énormément au cinéma de Tim Burton, lui-même adepte de Dr Seuss. Malgré toute l’attractivité du film et sa plastique envoutante, la magie opérait le temps du premier acte. Dans cette version 2018 et animée, les couleurs piquantes et gourmandes du Dr Seuss retrouvent leurs places. Nous revoici au cœur d’un conte naïf où le Grinch va vouloir voler le Noël des habitants de Who City. Lui ancien orphelin n’ayant pu profiter des joies et des plaisirs de l’enfance, un Grinch sans famille outre Max son fidèle chien. 

Le Grinch sera donc sa propre Némésis, le héros et le méchant d’un film au scénario fin qui se suit sans déplaisir. Universal prend les devants sur les sorties de Noël. Le film est un avant-goût de la neige, des cadeaux, il y a comme une odeur de festivités tout d’un coup. Le Grinch joue à fond le jeu ne prenant jamais la tête par une histoire tarabiscotée. Les auteurs suivent à la lettre les péripéties du personnage ne tricotant rien de plus pour ficeler le divertissement. Tout est là à la lettre prête, la forme épousant le fond avec un charme certain. L’humour insolent est présent tout le long via le duo imparable, Grinch et Max. Quand s’ajoute alors Fred, renne gourmand et ahuri, cela tourne à l’irrésistible. Benedict Cumberbatch y est pour beaucoup en prêtant sa voix et son caractère à cet One-Grinch-Show. Espérons que Laurent Laffite pour la version française suit par le talent, car le spectateur y perdra au change. Mais ne boudons pas notre plaisir avec cette pépite diablement divertissante et hilarante qu’est cette nouvelle adaptation du Grinch. Un produit frais, simple et effronté pour toute la famille. Le film en profite pour brasser de multiples sujets en parallèle, notamment le quotidien compliqué de cette mère de trois enfants et célibataire qui entrainera l’aventure du film vers une bonté bienvenue. 

Le Grinch s’imprègne de la modernité de notre société pour produire un nouveau long-métrage savoureux et sincère. Chaque personnage respire se laissant une place de choix pour s’épanouir. Nous ne sommes plus oppressés par le poids d’un décor à rentabiliser, mais au coeur d’une œuvre qui s’égaye pendant 1h20. Le film trouve son ton dans le cynisme du Grinch. Il n’est plus une légende à l’image du Yéti, mais un être reclus reconnu de tous. Un misanthrope appréciant la seule présence de Max, se laissant une seule journée par année pour faire ses emplettes. Alors quand par malheur cela tombe pendant les préparatifs de Noël, le Grinch se déchaine pour notre plus grand bonheur. 

Nous redoutions sincèrement cette adaptation du Grinch de Dr Seuss. Nous ressortons de la projection totalement conquis. Le Studio Illumination réussit à moderniser un personnage sentant la naphtaline, mais surtout réussit à le faire accepter à tout à chacun. Une bien mince affaire notamment quand le personnage en question a toujours eu beaucoup de difficulté à s’exporter. Le Grinch réussit le tour de force de se faire adopter et de nous divertir sous la houlette des créateurs de Moi, Moche et Méchant. Le personnage trouve enfin l’universalité attendue depuis des années, particulièrement après les échecs du Lorax et de Horton chez Dreamworks.

5 Rétroliens / Pings

  1. Box-Office US du 23/11/2018 au 25/11/2018 -
  2. Box-Office US du 30/11/2018 au 02/12/2018 -
  3. Box-Office US du 07/12/2018 au 09/12/2018 -
  4. Édito - Semaine 48 -
  5. La Famille Addams : Les bonnes vieilles valeurs ? -

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