The Happy Prince : And all men kill the thing they love…

Fervent admirateur d’Oscar Wilde, Rupert Everett a longtemps nourri l’ambition d’écrire et de réaliser un film sur le célèbre auteur. L’acteur, assez rare sur le grand écran, que l’on a tous découvert étant gosse en méchant dans le film Inspecteur Gadget a même refusé plusieurs projets pour se concentrer sur The Happy Prince, marquant ici ses premiers pas derrière la caméra.

Comment cerner Oscar Wilde ? Comment parvenir à approcher tout le génie et toute la complexité de cet auteur hors-normes ? En évitant les clichés. Rupert Everett, pour avoir déjà joué Wilde sur scène, semble bien placé pour raconter l’auteur. Et s’empare donc de la période la plus intéressante de la vie de Wilde d’un point de vue narratif : les dernières années de sa vie alors qu’il sortait de prison après avoir été condamné à deux ans de travaux forcés pour homosexualité. En s’extirpant des pièges habituels du biopic (ascension + chute), Rupert Everett ne raconte au final que la chute dans un geste narratif très fort. Et quoi de mieux après tout pour raconter le personnage ?

On l’a vu, les très bons biopics de ces dernières années sont ceux qui prennent un parti pris fort (Steve Jobs), se concentrant essentiellement sur une ou plusieurs périodes pour raconter tout le personnage. Ici, on ne saura rien des débuts d’Oscar Wilde, de sa gloire, de la façon dont il écrivait. Nous verrons un personnage revenir à la vie, goûter à l’humiliation publique et retourner vers ses amants, embrassant l’amour qu’on lui porte quitte à finir fauché. C’est un Wilde exubérant que l’on découvre, un débauché qui n’en pas perdu pour autant ses façons de gentleman. Personnage complexe, Wilde se découvre au fur et à mesure du film avec ses blessures, ses faiblesses, son orgueil. Rupert Everett a vu juste et la période où il concentre son récit permet finalement de raconter toute la grandeur et la démesure d’Oscar Wilde. On comprend toute l’ampleur du personnage en moins de deux heures, permettant de lever le voile sur un homme parfois contradictoire, tour à tour charmeur, exubérant, pathétique et profondément seul.

Saluons à ce titre la merveilleuse composition de Rupert Everett dans le rôle principal. Dans ce qui est certainement le rôle de sa vie, quasiment méconnaissable, Everett impressionne en Wilde. L’acteur se fond totalement derrière le personnage, lui insuffle la vie avec une émotion particulière et lui apporte mille nuances formidables. C’est bien Rupert Everett qui tient tout le film, en tant qu’acteur, scénariste et réalisateur. On regrettera d’ailleurs que ce soit du côté de la réalisation que The Happy Prince manque un peu de souffle, collant un peu trop près du personnage, empêchant parfois de vraiment faire respirer le récit, non dénué de quelques petites longueurs ça et là. Qu’importe, Rupert Everett a réussi son pari, redonner vie à Oscar Wilde le temps d’un film, nous faisant découvrir un homme à la fois si loin et si proche de nous et donnant surtout furieusement envie de redécouvrir l’œuvre d’un homme qui a si bien saisi la vie…

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