Jean-Claude Van Johnson: I’m (not) too old for this shit

On pense que le ton de ce Jean-Claude Van Johnson est donné d’entrée de jeu. On débarque chez un Jean-Claude Van Damme en déclin, vivant un quotidien maussade dans sa grande villa grisâtre. Dès cette ouverture, on ressent la volonté de tourner l’acteur en dérision alors qu’il déambule dans sa demeure, entouré d’objets estampillés « JCVD » témoins d’un ego-trip porté à l’excès. Mais il a malgré tout besoin de se sentir vivant à nouveau. C’est ainsi qu’après une rencontre fortuite avec Vanessa, une ancienne collègue et amante, il décide de se remettre en selle. Au cours des négociations avec sa supérieure, on découvre que le nom Van Damme n’est qu’une couverture, il est aussi et surtout Jean-Claude Van Johnson, un agent secret réputé, le meilleur de la profession, comme s’il pouvait en être autrement.

Avec un tel synopsis, on devine déjà que l’acteur n’est pas là pour se prendre au sérieux. Au contraire. Il n’hésite pas à revisiter sa carrière, son personnage, sans hésiter à prendre un recul critique sur ce qu’il était et ce qu’il est devenu. Mais alors assiste-t-on à un deuxième JCVD, l’humour en plus ? Et bien oui et non. Difficile de classer cette série foutraque, synthèse délurée de la carrière de Van Damme. Mélange de tons inégaux, Jean-Claude Van Johnson a le mérite d’aller au bout de sa folie et ne se prive de rien, alors que l’absurde prend vite le pas sur la cohérence et la résolution des intrigues.

« Shut up, nobody cares » assène le personnage du réalisateur à son assistante trop zélée qui se soucie du sort des ennemis que Jean-Claude vient de tuer réellement lors d’un tournage. Cette scène résume la philosophie de la série, du moins pour l’aspect comique. Les clins d’œil volent pour flatter les fans, les tacles gentils (via un name dropping moqueur) sont glissés entre deux lignes de dialogues et l’industrie en prend pour son grade (coke, mercantilisme, etc…) Personne n’est épargné, surtout pas Jean-Claude, qui se retrouve en Bulgarie à tourner un remake d’Huckleberry Finn version art martiaux digne de ses pires direct to video. Il en profitera même pour glisser quelques piques vers cette nouvelle tendance prosélyte à l’indignation automatique et irréfléchie qui commence à étouffer les créatifs. Pas de ça ici, on est là pour se marrer sans complexes.

On le constate bien vite. Van Damme est en forme et prend clairement plaisir à jouer son rôle qui lui offre bon nombre d’occasions de cabotiner dans ce feu d’artifice de clichés assumés. Imitations de plans iconiques des 80s, punchlines que même Michael Bay n’oserait pas (« Personne ne va mourir à part les gens que je tuerai ») et bien entendu, nombre de scènes d’action nanardesques, mais bien exécutées, sont au programme. Jean-Claude s’épanouit dans ce trip fun, voire régressif, à l’humour frontal où le too much est de mise. Cette aisance est sans doute aussi due au caractère personnel de cette mini-série.

Bien que l’on soit dans la fiction, Van Damme se livre tout de même à une introspection, certes confondante de simplicité voire mièvre pour les plus blasés, mais fondamentalement bienveillante et suffisament courte pour ne pas sombrer dans l’intellectualisme forcé. En résulte un OVNI qui a parfois besoin de se poser, qui souffre de problèmes de rythme pour qui ne se laisse pas porter par ce courant changeant où le poussif côtoie le jouissif. Jean-Claude Van Johnson a tout du burger gras et calorique qu’on dévore sans retenue, mais qui sait se démarquer de la concurrence avec son ingrédient secret : la sauce JCVD. Et, alors que le chef nous livre sa recette dans un final héroïque, on n’a qu’une envie c’est de lui répondre : « Nous aussi on t’aime Jean-Claude. »

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