Édito – Semaine 51

La nouvelle est tombée jeudi dernier comme un coup de poignard : non les salles de cinéma et de théâtre ne rouvriront pas leurs portes cette semaine, la faute à une hausse de cas de Covid-19 depuis la réouverture générale de tous les commerces. A voir les images d’interminables files d’attente et d’agglutinements dans les centres commerciaux, ces chiffres ne sont guère étonnants et l’on ne peut encore une fois que condamner la bêtise humaine, les gens se précipitant en masse à Primark ou à Zara pour faire des achats qui, bien évidemment, ne pouvaient absolument pas attendre.

On ne peut donc que déplorer la décision du gouvernement qui tombe comme un couperet et marque une fois de plus le mépris total de l’État pour la culture. Alors que l’on peut parfaitement respecter les règles d’hygiène et la distanciation sociale au cinéma comme au théâtre, il paraît parfaitement hypocrite et illogique de condamner ces lieux à rester fermer tout en laissant les immenses centres commerciaux ouverts. Mais puisque Noël approche, laissons les gens consommer, faire tourner l’économie qui importe à ce gouvernement et laissons la culture et les restaurateurs crever la gueule ouverte en les considérant comme non-essentiels et voyons ce que le monde de demain donnera sans cinéma, sans théâtre, sans littérature, sans art et sans divertissement. On exagère, bien sûr, mais la façon dont cette décision a été prise, sans consultation en amont des acteurs de la culture qui se préparaient tous à rouvrir leurs portes, confirme bien le mépris assez ahurissant de nos gouvernants pour la culture, domaine dont on pensait qu’il faisait pourtant la fierté de la France.

On a donc une pensée émue pour les attachés de presse, les distributeurs et les exploitants qui travaillaient d’arrache-pied ces derniers jours avec remise en route des projections presse, nouvelles dates de sorties planifiées avant qu’on leur annonce, 4 jours avant la réouverture prévue, qu’elle ne pourra pas se faire avant début janvier prochain et ce si les chiffres le permettent. Difficile d’imaginer que les chiffres le permettront puisqu’avec les fêtes et les rassemblements qui approchent, le nombre de contaminations risque d’atteindre un sacré pic et Olivier Véran n’a d’ailleurs pas caché son doute quant à la réussite de l’objectif à atteindre pour rouvrir les salles début janvier. Difficile dès lors de prévoir quoi que ce soit mais nous finissons en tout cas l’année sans cinéma et sans culture, histoire d’enfoncer le clou de la morosité ambiante et d’une année merdique qui aura vu nos salles de spectacles fermées pendant près de 5 mois, soit quasiment la moitié de l’année !

Notons aussi que le gouvernement ne s’est pas arrêté là, mettant en place un couvre-feu à partir de 20h dès demain. Couvre-feu sans intérêt aucun puisque sans les bars, les restaurants et les lieux de culture ouverts, on voit difficilement ce qui ferait sortir les gens hors de chez eux. Ce couvre-feu semble finalement être une décision plus humiliante qu’autre chose, forçant chacun d’entre nous à rentrer à la maison avant l’heure fatidique car après tout, si le gouvernement le dit, c’est qu’il a raison et qu’il faut l’écouter. Rappelons que cette décision vient d’un gouvernement tout à fait capable de quasiment nier l’existence des violences policières pourtant montées en flèche depuis le mandat d’Emmanuel Macron et qui déshumanise de plus en plus les travailleurs honnêtes au profit des banquiers et des grandes entreprises. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de vous inviter à l’insurrection chers lecteurs mais avouez que priver un peuple de sa liberté et de son droit à la culture (et donc à la réflexion) n’est pas sans rappeler certains romans d’anticipation qui avaient visé juste. Plus que jamais la culture est nécessaire, simplement pour offrir d’autres points de vue que celui unilatéralement exposé sur BFM à longueur de journée et si le gouvernement a largement insisté sur la douleur ressentie en décidant de laisser les lieux culturels fermés, croyez bien qu’elle n’est pas aussi grande et pas aussi réelle que celle des acteurs du secteur dont certains ne pourront certainement pas se relever d’une telle durée de fermeture et qui, lorsqu’ils fermeront leurs portes, seront remplacés par un salon de thé pour bobos ou par une start-up inventant on ne sait quelle appli débile. Le monde de demain n’a jamais été aussi incertain et effrayant et il nous faudra tout notre courage pour l’affronter avec déjà, l’espoir de vous retrouver la semaine prochaine avec un édito plus positif !

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