Teen Spirit : Lorsque la chrysalide devient papillon.

Histoire classique de la jeune fille de la campagne rêvant d’une vie meilleure, ici de star de la chanson, « Teen spirit » ne prétendra certes à aucun moment révolutionner le genre auquel il appartient, à savoir la success story à destination des pré-adolescentes, émaillée des éternels moments de doute et de gonflage de melon, mais plus simplement à bien raconter son histoire, allant d’un point A à un point Z, sans prétention, et à divertir son cœur de cible sans chercher à voir plus loin que le genre investi, ou à le prendre de haut. Ce qui pourrait passer pour un manque flagrant d’ambition se trouve pourtant ici être la meilleure option à prendre, tant l’on se surprend, que l’on soit adepte de ce type de musique ou non, à circuler dans le film avec grand plaisir, sans prise de tête aucune.

Violet est donc cette jeune femme, participant aux auditions de « Teen spirit », émission type « La Nouvelle Star », et passant toutes les étapes, avec son joli brin de voix et son air innocent qui contraste avec l’artificialité du milieu et des autres participantes déjà totalement calibrées, à priori bien plus dans le moule, mais ne possédant pas ce petit plus qui accroche le regard. Seul souci, son manque d’expérience de la scène. A l’aide de son mentor, rencontré lors d’une représentation dans un bar minable devant quelques badauds peu concernés, elle va donc passer par tout ce que l’on peut attendre comme étapes dans ce qui constitue un passage à l’âge adulte typique, et ses tentations mettant à l’épreuve son intégrité …

Là où le film marque un premier point, c’est bien évidemment dans son casting sur mesure, à commencer forcément par le personnage central, par qui passe l’identification (ou non) du public. Elle Fanning semblait donc le choix évident, tant elle possède cette image virginale, pure, qui sied parfaitement au personne qu’elle incarne, jeune femme élevée de manière plutôt stricte par une mère croyante et forcément méfiante lorsque se présente cette opportunité. Obligée de mentir pour passer les premières étapes, et de se diriger vers le personnage mentionné plus haut, incarné par Zlatko Buric (oui oui, le terrible Milo de la trilogie Pusher de NWR, les vrais savent), pour se faire passer pour un oncle, étant mineure, elle se retrouve donc affublée de cet homme à priori un peu à côté de ses pompes, mais finalement bien plus protecteur que l’on n’aurait pu le penser, et présence très attachante du film.

Grâce à ses personnages centraux bien campés et à l’écriture plutôt fine, bien qu’assez caricaturale de prime abord (ou disons, dans une émotion assez facile), le film peut donc avancer, avec son rythme soutenu et sa forme moderne, très clip, et donc très efficace. Il ne faut rien attendre qui dépasse du cadre de base, mais pour peu que l’on sache ce que l’on va voir et que l’on soit disposé à se coltiner de la pop aseptisée, mais finalement pas si désagréable que ça (du moins dans le film, car l’on ira pas jusqu’à l’écouter chez nous), le film fera donc ce qu’il a à faire, nous baladant de passage obligé en passage obligé, à base de doutes et possible trahison envers celui qui lui a servie de guide jusque là, mais qui ne la lâchera jamais, malgré les vautours gravitant autour d’elle, promesses illusoires d’un passage accéléré vers la notoriété, avant même le grand soir.

On en dira pas plus, car le film faisant ce que l’on attend de lui, il serait facile de tout décrire dans les moindres détails. On se contentera donc d’affirmer que s’il ne révolutionnera jamais le cinéma, ni même le genre auquel il appartient (il ne prétend d’ailleurs pas à ça), il saura se faire sa petite place parmi les œuvres représentatives d’une certaine idée du cinéma, cherchant avant tout à ne pas s’aliéner qui que ce soit, par souci de rythme et de confort pour le spectateur. Selon notre sensibilité, ou notre exigence cinéphilique , on pourra trouver ça un peu limite en terme de cinéma, ou en tout cas, peu stimulant, mais d’un autre côté, il est agréable, parfois, de se laisser porter dans un univers dont on est à priori pas la cible, mais qui, lorsque ses instigateurs savent à ce point ce qu’ils font, peut s’avérer fort plaisant, au moins sur le moment. C’est le cas ici, donc il n’y a aucune raison de bouder son plaisir, immédiat et tout à fait satisfaisant. Et puis, petite remarque personnelle n’ayant que peu à voir avec la qualité du produit, mais entendre dans un film en 2019 « Barbie girl » du groupe éphémère Aqua, cela n’a pas de prix …

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