Predators : Ouverture officielle de la chasse.

18 ans après la suite devenue culte par Stephen Hopkins du Predator de John McTiernan, c’est Robert Rodriguez qui entame la démarche de produire un troisième opus en collaboration avec la Fox. Si cette dernière n’est pas forcément emballée suite à l’échec de l’opus 2 en salles, malgré une ferveur pour son exploitation VHS, elle accepte face au faible coût du film.
40 millions de dollars de budget du fait de la roublardise et du savoir-faire de Rodriguez bricolant des films dans son garage, enfin dans son ranch à Austin. Il y a produit les Spy Kids avec succès et les Machete pour une rentabilité optimale. À cet égard, la Fox espère donc rentabiliser l’affaire un maximum, surtout que le personnage du Predator reste assez populaire dans la pop-culture contemporaine. 

Robert Rodriguez à la production et Nimrod Antal à la réalisation, l’homme s’étant fait repéré avec Kontrol en 2003 et Motel en 2007, des succès critiques et publics qui auront fait pencher la tendance en la faveur du réalisateur hongrois face à la concurrence de Jeff Lieberman ou Neil Marshall qui se consolera avec Conan. 

Nous voici donc repartis en chasse en compagnie de l’un des plus célèbres extra-terrestres du cinéma. Après la jungle du Guatemala et la jungle urbaine d’un Los Angeles en 1997, il est temps de visiter un terrain de chasse propre aux prédateurs. Huit mercenaires sont propulsés sur une planète conquise par les extra-terrestres pour une petite chasse du dimanche. Si l’on retrouve avec une évidence certaine les codes inhérents à la saga, notamment au premier film, c’est surtout du côté de l’hommage vers lequel bascule le film, tout en les retravaillant pour les façonner de manière bienveillante.
Le Predator de McTiernan est une fiction basique de mercenaires qui se retrouvent face à un méchant extra-terrestre en pleine jungle, de la même manière que Ripley et l’équipage du Nostromo accueillaient une entité inconnue en leur sein, dans le Alien de Ridley Scott.
Dans Predators, les fameux extra-terrestres sont les instigateurs de cette chasse organisée chaque saison. Les humains sont jetés sur cette planète hostile pour être étudiés et traqués. On reprend les bases simples d’un actioner/survival tout en construisant une galerie de personnages distincts.

Tout le film va reposer sur ses appâts de luxe, des prédateurs de leur état, entre un mercenaire solitaire, une sniper d’élite de l’armée israélienne, un membre de gang, un violeur, un soldat russe, un membre d’un escadron de la mort de Sierra Leone ou encore un Yakuza. Le pire du pire de ce que peut produire la race humaine. Tout l’enjeu du film est là, le prédateur humain face à une race bestiale dont la chasse est un sport vital. L’homme vu comme une bête responsable des pires maux de nos différentes sociétés, guerres/massacres (Tchétchénie, Afrique, Israël), gangs/mafias (Mexicaine; Japonaise) ou cannibale de sa propre chair entre un violeur et un tueur en série. L’homme comme l’apanage du pire entre cynisme, narcissisme, racisme, égoïsme ou bienveillance et solidarité. Tout ce qui constitue le psychisme humain est mis au combat face aux Predators les traquant et les exterminant pour leurs simples plaisirs, tels des Comte Zaroff d’une autre galaxie. 

Au cœur d’un canevas classique et des décors redondants camouflés par la malice d’un Rodriguez inspiré et soutenu par l’énergie de Nimrod Antal, c’est la peinture d’une galerie de personnages qui n’ont rien à perdre qui prédomine ce troisième opus. L’homme comme le prédateur de sa propre entité, son propre chasseur en qui il ne peut avoir confiance même dans les pires situations. Quand bien même ils ou elles font preuve de solidarité et de courage, la trahison des siens entraînant une mort sacrificielle mesquine sera l’étalage de l’homme face à l’adversité.

De ce fond intéressant à décrypter au fil des projections du film, reste la forme inspirée et jouissive. Quelle magnifique idée de se retrouver dans la jungle souhaitée par les Predators pour une partie de chasse en compagnie de leurs chiens, leveurs de ses animaux que sont les humains pour eux. Cette jungle comme un hommage à McTiernan, mais surtout idée malicieuse pour respecter le faible coût du film. 40 millions de dollars pour un blockbuster estival qui peinera malheureusement à se rentabiliser sur le territoire américain. Sûrement la faute à un casting discret, provenant du cinéma de Rodriguez (Danny Trejo) ou du cinéma indépendant, en l’occurrence Adrien Brody. Lui-même sur lequel les détracteurs du film aimeront rejeter la faute comme une posture singeant maladroitement le Schwarzy du premier film. Faute surtout à ses pseudo spectateurs/fans qui ne comprennent en rien le contre-pied évident avec ce mercenaire sec, solitaire égoïste qui ne cherche qu’à sauver sa propre peau en se servant des autres comme d’appâts, là où « Dutch » était un major protecteur et solidaire de ses hommes. La preuve en est avec Isabelle (Alice Braga) avec qui Royce fera seulement les présentations dans le dernier plan du film. 

Predators est un nouveau chapitre essayant d’ouvrir l’univers des Predators de façon maline, recelant tous les secrets avares de production de Robert Rodriguez. Il en ressort alors un film concis et diablement efficace ne perdant jamais le fan que nous sommes grâce à la saveur des codes de la saga et le respect ultime de celle-ci. On sent l’amour du producteur pour cette bestiole d’une autre galaxie, prédateur ultime de l’homme pour son simple plaisir. Nimrod Antal saupoudre le tout d’une énergie communicative, le réalisateur hongrois réussissant à capter l’attention tout le long d’un 3e épisode réussi dont on ne connaîtra sans doute jamais la suite. Dommage, car on aurait bien retrouvé Royce et Isabelle pour une nouvelle saison de chasse en compagnie de nouveaux arrivants fraîchement tombés.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*