Rogue One – A Star Wars Story : Deux heures moins le quart avant Un Nouvel Espoir.

Avec la sortie de Star Wars VIII : The Last Jedi, l’annonce du spin-off consacré à Han Solo ainsi que d’une nouvelle trilogie déjà prévue après Star Wars IX, la franchise Star Wars continue de s’étendre. C’est pourquoi la rédaction de Close-Up revient sur chaque film de la saga depuis le début de la semaine. Aujourd’hui c’est à Rogue One : A Star Wars Story que nous nous intéressons. Un film réalisé par Gareth Edwards (Godzilla, 2014). Retour au temps de l’Empire sous le régime de l’empereur Dark Sidious et du charismatique Dark Vador – Oui, nous allons garder les noms français – pour une aventure se passant quelques jours avant le début de Star Wars : Un nouvel Espoir.

L’histoire de Rogue One, nous la connaissons déjà, dans une version assez différente délivrée par la sénatrice Pamlo, la rousse habillée en blanc, dans Un nouvel Espoir. La récupération des plans de l’Étoile Noire par des espions bothans qui ont donné leurs vies pour mener à bien leur mission, ça c’est l’histoire telle qu’elle nous est racontée dans le premier opus. On est face au premier mauvais point d’un film qui se veut tellement imbriqué dans la saga qu’ils ont été jusqu’à créer un Peter Cushing numérique avec un vrai rôle, à l’inverse d’une Leia qui n’est qu’un caméo. Aux oubliettes les bothans, maintenant il s’agit de l’histoire de Jyn Erso qui est « sollicitée » par la rébellion pour les aider à retrouver son père, Galen Erso. L’ingénieur en charge de la conception de l’Étoile Noire – même si on a déjà vu un hologramme de l’Étoile Noire dans les mains du Comte Dooku dans L’attaque des Clones – emprisonné et forcé à travailler par les forces de l’Empire. On apprend qu’il est responsable de l’unique faiblesse de l’Étoile Noire, celle-là même exploitée par un Luke guidé par la Force dans Un nouvel Espoir.

C’est très gentil de la part des scénaristes de chercher à vouloir justifier quelque chose qui était, à défaut d’une réelle incohérence, une zone grise et un ressort scénaristique. Mais il y a un problème dans la démarche qui consiste à attribuer cette faiblesse à la volonté d’un seul homme, cherchant à détruire l’Empire de l’intérieur. En effet, on retrouve le même point faible dans l’Étoile Noire du Retour du Jedi, ainsi que dans la base Starkiller du Réveil de la Force. Finalement, on a obtenu l’effet inverse et de simple facilité scénaristique, on est passé à une réelle incohérence. Comment peut-on expliquer la présence d’un même défaut sur chaque base alors qu’il a été initialement rajouté par Galen Erso dans les plans de la première Étoile Noire ?

Rogue One est le premier film stand-alone de la franchise Star Wars, comprenez qu’il se suffit à lui-même. Évidemment, il implique des événements dont on connaîtra les conséquences dans Un Nouvel Espoir. Mais l’histoire que nous raconte le film est totalement terminée, tous ces personnages qu’on a appris à connaître pendant ces deux heures, leur destin est connu de tous depuis maintenant 40 ans. La Menace Fantôme, l’Attaque des Clones, la Revanche des Siths, eux aussi nous racontent une histoire dont on connaît la fin, la mort d’Anakin Skywalker et la naissance de Dark Vador. Mais justement, ils racontent une histoire à laquelle on s’est intéressé car il n’était pas question du Dark Vador des premiers films, mais d’un personnage qu’on avait jamais connu jusqu’à maintenant, Anakin Skywalker. Dans un univers comme Star Wars, où chaque conte prend 3 films à être raconté, on nous laisse le temps de s’attacher aux personnages et on apprend à les découvrir. Être maintenant face à un film unique nous empêche de nous attacher malgré tout l’amour qu’on peut ressentir pour Felicity Jones en Jyn Erso ou Alan Tudyk en K-2SO.

Seules petites miettes auxquelles on a le droit pour assouvir notre faim pour Star Wars et sa mythologie, ce sont les personnages de Chirrut Îmwe et Baze Malbus, le duo de gardien du temple de Kyber, réminiscence de la religion Jedi. Le personnage campé par Donnie Yen est probablement le plus intéressant du film. En cela qu’il permet aux spectateurs de renouer avec les Jedi et surtout avec une vision des Jedi bien plus spirituelle et connectée aux idées véhiculées par la trilogie originale, garantie sans midi-chloriens. Retour à la philosophie et la spiritualité avec un personnage sensible à la force à l’instar de Maz Kanata dans le VII. Celui qui interprétait le célèbre maître de Bruce Lee, Ip man, nous livre ici une performance d’artiste martial aveugle très bien chorégraphiée. Cela nous rappelle avec tristesse la simple apparition du duo indonésien du frappant The Raid dans le Réveil de la Force. Alan Tudyk en K-2SO apporte la pointe d’humour nécessaire à tout film Star Wars mais est aussi, paradoxalement, le personnage le plus expressif.

En parlant de personnage expressif, on va aborder le point noir niveau personnage. La numérisation de Peter Cushing pour reprendre son rôle de Grand Moff Tarkin. Le problème ne vient pas de la volonté de faire apparaître le personnage joué initialement par Peter Cushing, ça avait déjà été fait à la fin de La Revanche des Siths. Comme il n’y avait pas de problème au caméo de Leia à la fin de Rogue One. Mais dans ces deux cas il s’agissait de simple apparition des personnages. Ici, on est au-delà de l’apparition pour tomber dans la vraie interprétation et à ce moment ce n’est plus Tarkin à l’écran mais Peter Cushing. Peter Cushing qui a été un illustre acteur dans Le Chien des Baskerville ou d’autres films qu’on vous présentera bientôt chez Close-Up. Mais, « il a été », Peter Cushing est mort en 1994. Par respect pour lui et pour son talent d’acteur, son image devrait-elle continuer de lui appartenir ? Ou bien, son image appartient-elle maintenant à chaque studio propriétaire des films dans lesquels il a tourné ? Avec cette pratique, maintenant de plus en plus répandue comme en témoignent Rogue One et même la franchise Fast & Furious avec l’image de Paul Walker, où se trouve la limite éthique et morale ?

On a tendance à l’oublier mais visuellement, le film est magnifique. La 3D de Rogue One est faiblarde car Gareth Edwards a privilégié la 2D pour travailler les reliefs au niveau de la focale, c’est quelque chose qui doit être porté à son crédit. Bien que pas spécialement nécessaire étant donné la place de Rogue One dans la chronologie, on y découvre plusieurs nouveaux concepts de vaisseaux spatiaux, d’uniformes de troopers et on continue de découvrir de nouvelles planètes. Surtout, la photographie est excellente et mention spéciale aux dernières minutes faisant écho à la première scène d’Un Nouvel Espoir, dans les couloirs blancs des vaisseaux rebelles, on se croirait revenu en 1977, tout à fait bluffant. Avec une scène incroyable de combat de Dark Vador dans un couloir, histoire de rappeler qui est Dark Vador et à quel point il est redoutable. Rien que cette scène rend le film génial pour tout fan inconditionnel de Star Wars.

Dernières précisions sur la musique, tout comme pour Le Réveil de la Force on sera frustré d’entendre un travail ne faisant que s’approcher de l’œuvre de John Williams. Avec plusieurs moments où la musique ne sera appréciable que parce qu’on reconnaîtra celle de John Williams dont elle s’est inspirée.

Bon visionnage, parce que maintenant, le nouvel ordre c’est Rogue One, IV et V, puis les I, II et III comme un flash-back pour conclure avec le VI et attaquer la nouvelle trilogie avec le VII et bientôt le VIII.

4 Rétroliens / Pings

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