
Il ne faut jamais sous-estimer la capacité des studios hollywoodiens à transformer en film tout concept susceptible de passer sous leur main. Jeu d’horreur minimaliste reposant sur une idée toute simple et efficace de gestion en nous confrontant à de terrifiants animatroniques, Five nights at Freddy’s a su séduire les joueurs par son univers mystérieux, son ambiance angoissante et le design particulièrement inspiré de ses antagonistes. Soit quelque chose qui fonctionne parfaitement dans un certain cadre et qui, développé au sein d’un long métrage avec ses contraintes narratives, est souvent condamné à perdre de sa force.

Réalisé par Emma Tammi et produit par Jason Blum, Five nights at Freddy’s repose donc sur un équilibre relativement précaire. Il s’agit de donner corps à son concept et de lui donner des personnages auxquels on peut se raccrocher émotionnellement tout en creusant la mythologie d’un univers ayant connu plusieurs suites vidéoludiques. La bonne nouvelle c’est que Scott Cawthon, créateur du jeu, participe au scénario afin d’assurer une cohérence à l’ensemble. La mauvaise, c’est qu’à trop vouloir bien faire, cette adaptation se prend souvent les pieds dans le tapis.
Le film s’attache au personnage de Mike. Traumatisé par l’enlèvement de son petit frère qu’il était censé surveiller lors d’un pique-nique en forêt, Mike s’occupe de sa jeune sœur Abby tant bien que mal depuis la mort de ses parents. Dans une situation précaire, il accepte le poste de veilleur de nuit qu’on lui propose dans une ancienne pizzeria, autrefois réputée pour ses animaux animatroniques. L’endroit est désormais désert et il se murmure que le propriétaire était un tueur d’enfants, ayant caché les cadavres de ses victimes dans les animatroniques qui prendraient vie chaque nuit…

Sur une formule classique mais efficace, Five nights at Freddy’s se montre assez sobre dans son approche et son adaptation. On saluera le fait qu’il évite de verser dans la surenchère et le soin apporté aux animatroniques, palpables et terrifiants à chacune de leurs apparitions à l’écran. On sera cependant plus réservé sur toute la backstory de Mike, finissant par être raccrochée de façon peu subtile à l’intrigue de la pizzeria et à ses fantômes d’enfants (on l’avait vu venir à des kilomètres – surtout au vu de la présence peu anodine d’un certain acteur dans un rôle secondaire). D’ailleurs, si l’on accepte volontiers que les animatroniques prennent vie la nuit, toute l’histoire concernant les fantômes des enfants morts et leurs apparitions dans les rêves de Mike semble mal équilibrée dans son traitement du fantastique, intervenant sans crier gare et sans prendre le temps de s’installer, faite pour donner du liant à un film qui n’en demandait peut-être pas tant.
Si Josh Hutcherson donne de sa personne dans le rôle de Mike et que Emma Tammi impose une réalisation soignée (surtout dans ses scènes de nuit), plus intéressée par la psychologie de ses personnages que par l’esbroufe visuelle, la réalisatrice demeure cependant contrainte à suivre à la lettre un scénario beaucoup trop explicatif pour son propre bien. Partisan du risque minimum, la production Blumhouse se cale sur un chemin balisé que l’on peut prendre plaisir à emprunter, sans pour autant réellement frissonner tant tout y est relativement convenu. Pas déplaisant mais trop sage et moins foutraque que sa version officieuse (Willy’s Wonderland avec Nicolas Cage), Five nights at Freddy’s reste une tentative sympathique d’adaptation vidéoludique dont le succès surprise (78 millions de dollars de recettes pour son premier week-end d’exploitation au box-office américain – pour un budget de 20 millions) laisse augurer la naissance d’une nouvelle franchise…
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