
La fête est finie, les costumes maléfiques ont été rangés au placard et les sucreries dévorées en bonne et due forme. Beaucoup sont déjà en train de décongeler l’horrible Mariah Carey afin de préparer la venue du gros bonhomme barbu. Pourtant, nous sommes de ceux qui ne vont pas lâcher l’affaire aussi rapidement. Pour cette séance Shadowz, nous avons décidé de prolonger les festivités de Halloween avec un film à sketches qui se consomme sans modération aucune. Dix histoires sont tissées ensemble par un thème commun : Halloween. Dans une banlieue américaine, le 31 Octobre, les goules, lutins, assassins et autres monstruosités apparaissent pour terroriser les résidents. C’est le programme proposé par Tales of Halloween, une anthologie de l’horreur chapeautée par dix réalisateurs différents et un casting digne des plus grosses séries B dans lequel se côtoient Adrienne Barbeau, John Landis, Joe Dante ou encore Lin Shaye. Allez donc vérifier dans vos placards s’il vous reste quelques bonbons en réserve et installez vous confortablement, Shadowz se charge d’égayer votre séance.

Sweet Tooth de Dave Parker
Le premier segment de Tales of Halloween annonce la couleur d’entrée de jeu. Outre l’envie évidente de saluer Creepshow, le film est un hommage assumé aux grands noms du cinéma fantastique (George A. Romero et John Carpenter en tête de gondole) ainsi qu’aux grandes icônes du genre (on y reviendra plus bas). On ne compte plus les innombrables références aux classiques de l’horreur qui parsèment le film : des extraits de La Nuit des Morts-Vivants, une barre chocolatée sobrement intitulée « Carpenter »… Sweet Tooth reprend les préceptes de l’histoire d’épouvante qu’on se raconte le soir de Halloween et qui devient réalité. Dave Parker utilise une légende urbaine pour étoffer son histoire et confère, l’espace d’une dizaine de minutes, une ambiance terrifiante de très bon aloi. Méchamment gore et qui n’épargne personne, pas même les enfants, Sweet Tooth, à défaut de se montrer original, demeure une mise en bouche d’une efficacité redoutable.
The Night Billy Raised Hell de Darren Lynn Bousman
Il aurait été tentant de penser que le segment réalisé par Bousman se serait révélé être une pâle copie visuelle de Saw (ce dernier ayant réalisé plusieurs des épisodes de la franchise). Pourtant, sa partie est loin d’être la plus décevante tant elle déborde de générosité. Avec un humour grinçant, son projet navigue entre vigilante movie et fantastique pour nous offrir un tour de roller coaster mémorable qui, une fois encore, ne se montre pas tendre avec les enfants. D’une manière générale, Tales of Halloween n’épargne pas les enfants, du bon comme du mauvais côté de la morale d’ailleurs. Cependant, il garde toujours un ton ouvertement léger afin de ne pas oublier son but premier : divertir son audience et regagner son intérêt à chaque segment.
Trick de Adam Gierasch
Ici, les enfants sont clairement au cœur de l’histoire. De prime abord, il s’agit d’un home invasion tout ce qu’il y a de plus classique. Seulement, le segment verse dans un twist mémorable offrant une nouvelle dimension de lecture au massacre auquel nous avons assisté plus tôt. La mise en scène est extrêmement soignée et se permet quelques plans originaux afin de se démarquer. Trick amène Tales of Halloween vers un nouveau palier, celui de l’horreur sociale cachée derrière ses meurtres graphiques. Une belle réussite.

The Weak and the Wicked de Paul Solet
Il s’agit probablement de l’un des segments les plus faibles du film. Ce qui lui cause du tort est d’arriver juste après Trick qui était une prouesse de démonstration horrifique. Ici, Paul Solet ne sait pas trop comment garder l’attention de son spectateur. Il démarre son histoire comme un pastiche du western et inclut son élément fantastique de manière très grossière. De plus, la créature qu’il met en scène est clairement faiblarde visuellement. Faite de bric et de broc, elle effraie autant qu’elle est risible. Quand bien même son histoire de vengeance d’un adolescent envers ses harceleurs tient la route, on ne s’emballe que peu en fin de segment. Peut-être aurait-il du être introduit ailleurs au sein du film, ce qui aurait été largement faisable. Car, même s’il y a quelques liens qui unissent certains segments entre-eux, l’ordre de visionnage importe peu et ne compromet aucunement la compréhension de ces derniers. Chaque segment se tient comme un court-métrage à part entière. The Weak and the Wicked pâti donc d’un mauvais placement en dépit de son envie d’y inclure un vibrant hommage au western urbain.
Grim Grinning Ghost de Axelle Carolyn
Voilà le segment qui aurait dû succéder à Trick. Véritable histoire de fantôme construite de manière conforme à l’idée qu’on se fait d’une fable pareille, le segment de Carolyn parvient à instaurer un vrai effroi en déjouant sans cesse nos attentes. Nous sommes désormais continuellement abreuvés de jumpscares putassiers qui ont rendus les histoires de fantômes insignifiantes de manière générale. Il est devenu très difficile de réellement frissonner devant un film qui inclut des entités démoniaques. Grim Grinning Ghost joue avec ces attentes et déjoue tous les pièges qui l’aurait rendu grossier. Sa courte durée pourrait le contraindre à révéler ses intentions au mauvais moment, et pourtant Axelle Carolyn attendra le tout dernier instant, le moment où nous pensons être en sécurité, afin de nous imprimer les rétines d’une image forte et diablement épouvantable. Pas de jumpscare, juste l’efficacité d’un montage rondement mené et un joli tour de passe-passe plus que bienvenu. Très bel essai !
Ding Dong de Lucky McKee
Revisite du mythe de Hansel et Gretel, Lucky McKee n’en oublie pas de ramener toute sa conscience féministe pour nous asséner une histoire aussi terrifiante que diablement tordante. Via le prisme d’un couple stérile en mal d’enfant, il parvient à exorciser tout le mal-être d’une femme qui se sent privée de son pouvoir d’enfanter afin d’y faire naître un monstre redoutable. Ce n’est pas le fait qu’elle n’ait pas d’enfant qui rend la femme diabolique, mais bien le fait qu’elle se retrouve privée de ce droit par une pression patriarcale alarmante. Une fois n’est pas coutume chez McKee, les hommes en prennent pour leur grade et les femmes exorcisent leurs démons afin de prendre définitivement le pouvoir. Si vous en doutiez encore, Lucky McKee est un réalisateur à suivre de très très près.

This Means War de Andrew Kasch et John Skipp
Le segment le plus inoffensif du film. Une guerre entre voisins qui dégénère rapidement. Disons qu’il est une interlude bénéfique si l’on souhaite recharger le saladier de pop-corn. C’est drôle juste ce qu’il faut, mais ça ne transcende jamais vraiment rien.
Friday The 31st de Mike Mendez
Le seul fait d’arme notable de Mike Mendez et à peu près connu chez nous demeure Le Couvent sorti en 2000. Cela ne vous dit rien ? C’est normal. Nous devons être parmi la petite poignée de fous furieux à aimer revoir ce film avec ses nonnes zombies vertes-fluorescentes. Véritable nanar dégénéré, Le Couvent c’est un peu comme votre petit cousin de 15 ans qui se vante d’avoir soulevé des tonnes de nanas alors que sa seule expérience de la sexualité résulte de ses interminables nuits en compagnie de la veuve poignée. Le film de Mike Mendez se montre si prétentieux en pensant renouveler le genre qu’il en devient risiblement drôle (on parle d’une héroïne qui garde sa virginité pour l’offrir à Marilyn Manson et qui devient la cible d’une secte satanique…tout un programme, croyez-nous). Force est de constater que le gamin derrière la caméra en 2000 l’est toujours autant aujourd’hui. Pourtant, Friday the 31st, qui rend éminemment hommage à Jason, colle parfaitement à l’immaturité de Mendez. Imaginez un boogeyman se faire trucider par une ex-victime possédée par une entité extraterrestre au cœur de la cabane de Evil Dead. Tout un programme gore à souhait où les démembrements vont bon train.
The Ransom of Rusty Rex de Ryan Schifrin
Le meilleur segment de Tales of Halloween, et de loin. On y voit un caméo délicieux de John Landis. Ce film aurait pu être réalisé par Landis lui-même tant il transpire son humour. On y fait la connaissance de deux kidnappeurs empotés qui pensent détenir le coup du siècle en enlevant l’enfant d’un millionnaire. Seulement, l’enfant n’est pas celui qu’il paraît être et ses liens de sang avec son père son plus que douteux. En résulte diverses situations cocasses, d’un burlesque mémorable tenu par deux acteurs particulièrement doué pour jouer les empotés. Un segment si drôle qu’on se garde de vous en dévoiler d’avantage tellement il nous a cueilli au meilleur moment. Voyez-le de toute urgence.
Bad Seed de Neil Marshall
Difficile de conclure une anthologie horrifique, et encore plus difficile de faire mieux après le raz-de-marrée humoristique proposé juste avant. D’autant que le film de Marshall, s’il n’oublie pas d’être foncièrement gore, manque de rythme. On ne sent pas le réalisateur à l’aise avec l’exercice en dépit de son hommage évident à John Carpenter…ou plutôt aux ambitions de Big John. Souvenez-vous à l’époque de la sortie de Halloween 3, Carpenter souhaitait que la franchise se décline en diverses histoires horrifiques se situant à la période de Halloween. Il ne souhaitait pas faire revenir la figure de Michael Myers. La suite, on la connaît, Halloween 3 est un bide monumental (même s’il sera réhabilité par la suite) et Myers reviendra dans diverses suites inégales en terme qualitatif. Marshall semble vouloir marcher sur la voie suggérée par Big John en proposant une histoire de citrouilles carnivores. Le concept est intéressant, mais il manque un dynamisme prépondérant pour nous convaincre de ses qualités.

Globalement, Tales of Halloween est une anthologie horrifique de très bon aloi. Certains segments méritent amplement le détour. Shadowz nous propose un film injustement méconnu par chez nous et qui s’impose d’emblée comme la complétion parfaite pour un double-programme avec le génial Trick ‘r Treat de Michael Dougherty.
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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