Dark Harvest : The Halloween Purge

Il y a des réalisateurs qui surgissent de nulle part et qui parviennent instantanément à susciter tout notre intérêt dès leur premier film. David Slade fait parti de ces cinéastes qui nous avait fait drôlement bonne impression dès ses deux premiers longs métrages : Hard Candy et 30 Jours de Nuit. Il y avait une solide maîtrise de la mise en scène, l’art de maintenir une tension permanente et surtout une recherche esthétique qui plaçait ces films sur le haut de la mêlée (notamment 30 Jours de Nuit qui parvenait à reproduire toute la noirceur du roman graphique avec brio). Puis vint l’appel de Hollywood, le besoin de se faire (re)connaître par un plus large public et Slade s’en alla réaliser le troisième volet de la franchise Twilight en 2010. En dépit d’un esthétisme toujours bien présent, cela ne lui apporta pas la renommée tant désirée. Passons sa traversée du désert qui aura duré plus de 10 ans (il a beaucoup travaillé à la télévision, notamment sur les séries Hannibal et Black Mirror) puisque 2023 signe le grand retour de Slade au cinéma…via Prime Video. Dark Harvest sort à point nommé en pleine période pré-Halloween afin de renouer avec la tradition du film de genre que l’on allait fièrement louer afin de vénérer au mieux la célèbre fête des morts.

Au début des années 1960, dans une petite ville du Midwest, un sombre rituel a lieu tous les ans lorsque Jack Dents-de-Scie quitte son champ de maïs le soir de Halloween et menace les jeunes garçons de la ville.

Adapté du best-seller éponyme de Norman Partridge, Dark Harvest est, n’ayons pas peur des mots, un énorme coup de cœur. A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous pouvons affirmer sans problème que le nouveau bébé de David Slade figure parmi notre top 3 horrifique de l’année. La réussite du film réside en une chose très simple : son scénario en béton. On ne le répètera jamais assez, mais un script solidement construit, qu’il soit original ou non, contribue fortement à la réussite d’un film. En soit, Dark Harvest n’a rien de bien nouveau ni d’innovant à nous offrir dans le genre. Seulement, il revient à ce qui fait la sève de toute bonne histoire d’épouvante : ne pas inclure du fantastique à tire-larigot sous prétexte qu’il s’agisse d’un film d’horreur. Il faut, dans un premier temps, construire des personnages intéressants, avec des bagages forts qui permettent aux spectateurs d’identifier rapidement les caractères de chacun. Dark Harvest, passé son introduction nerveuse (qui ne sera pas présente uniquement pour appâter le chaland, mais qui agira comme un miroir sur l’épilogue) prend le temps de nous présenter les (anti)héros qui accompagneront la prochaine heure. On y retrouve forcément les ambitions littéraires de Partridge qui, à la manière d’autres célèbres auteurs, accentue les traits afin de définir rapidement ses personnages. La matière écrite étant déjà bien solide, Slade n’a plus que l’embarrât du choix pour servir au mieux sa mise en scène.

Affirmons-le : David Slade est bien de retour ! Dark Harvest possède une esthétique léchée et soignée, c’est un régal visuel. Pour sûr que nous aurions adoré le découvrir sur grand écran. Magnifique produit qui sent bon les films d’horreur des années 1980, c’est comme si Steven Spielberg avait signé la production d’un film réalisé par John Carpenter tiré d’une histoire de Stephen King. En ce sens, venir titiller notre corde sensible avec une telle aisance ne pouvait que nous convaincre d’aimer le film. En revanche, Dark Harvest n’est, en aucun cas, une œuvre qui accentue son aspect nostalgique dans le but d’arriver à ses fins. S’il est évident que Slade est un enfant des 80’s, il n’a pas pour ambition de singer ses pères. Son film transpire les références aux auteurs susmentionnés parce qu’ils font partis intégrants de l’ADN de cette histoire singulière. D’ailleurs, s’il sera aisé de deviner rapidement le dénouement de l’intrigue, ce n’est aucunement un frein à la bonne appréciation du film. Une fois encore, Dark Harvest repose sur des mécaniques huilées et qui ont fait leur preuve. On ne cherche pas l’originalité, juste le plaisir d’un travail bien fait, ce qu’il y a de plus difficile à délivrer en définitive. Nous retiendrons des fulgurances visuelles notamment sur la manière dont les champs de maïs sont éclairés qui sont de vrais décors de carte postale devant lesquels nous sommes restés estomaqués. De plus, le film se permet quelques envolées gores de très bonne facture qu’il faudrait être sacrément difficile pour ne pas passer un excellent moment.

D’un roman habilement écrit, David Slade en tire un film terriblement efficace. Les enjeux sont limpides, le film se débarrasse de toute fioriture possible, les personnages sont hauts en couleur et le boogeyman charismatique. On regrettera quelques effets numériques peu soignés, mais qui sont vite rattrapés par des meurtres en durs d’un bel acabit. Soyez avertis, un nouveau challenger pour vos futures soirées de Halloween vient de faire son entrée sur Prime Video et il compte bien défendre son bifteck avec hargne !

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