
On n’arrête plus les sacripants de chez Rimini qui continuent d’étoffer leur collection Angoisse avec des titres rares et/ou oubliés. A peine avons-nous la chance de découvrir Sweet Sixteen le mois dernier que l’éditeur en remet une couche avec la sortie, dans une copie somptueuse, de The Slumber Party Massacre. Slasher précédé d’une aura culte chez les amateurs de genre, il nous est désormais possible de (re)découvrir ce film sorti à l’orée de l’âge d’or du slasher dans une édition confectionnée avec soin (comme toujours) par un éditeur qui ne cesse de nous surprendre par l’audace de ses choix de titres.
Une jeune étudiante se retrouve seule chez elle. Elle décide d’organiser une soirée pyjama avec plusieurs copines. Mais un meurtrier est en cavale dans le coin et il ne va pas tarder à faire la fête lui aussi.

Œuvre totalement culte aux Etats-Unis, beaucoup moins par chez nous, The Slumber Party Massacre est un film qui possède une histoire autour de sa production assez tortueuse qui est essentiel de connaître afin d’appréhender au mieux sa découverte. A l’origine, le scénario écrit par Rita Mae Brown (scénariste et écrivaine, militante pour plusieurs causes féministes) devait être une parodie du genre avec, en toile de fond, une critique acerbe sur le male gaze. Précurseur des mouvances féministes qui se démocratisent de plus en plus depuis #MeToo, The Slumber Party Massacre sera dénué de presque toute sa substance en fin de parcours. Le projet est récupéré par Roger Corman qui charge la monteuse/scénariste Amy Holden Jones de réécrire le script dans le but de coller aux productions du genre qui fonctionnaient à l’époque avec, à la clé, le poste de réalisatrice en guise de compensation. Amy Holden Jones refuse de s’occuper du montage de E.T. de Steven Spielberg afin de se consacrer pleinement à Slumber Party Massacre. Totalement novice et pas du tout adepte des films d’horreur, et encore moins des slashers, la réalisatrice accouche d’un scénario hybride entre les écrits de Rita Mae Brown et les consignes de Corman. En résulte un film brouillon, qui garde quelques fulgurances féministes et quelques gags bienvenus, mais qui se noient indéniablement au cœur d’un film qui ne connaît ni ne comprend les codes du genre auquel il s’attaque.

A commencer par la révélation quasi-instantanée du boogeyman. Sorte de tonton Jacky pervers échappé d’une prison qui aurait fait ses courses chez Monsieur Bricolage dans le but d’y trouver de quoi dessouder de la donzelle avec les hormones en feu. Sur le papier c’est rigolo, dans les faits c’est du domaine de la fosse sceptique tant le film refoule par tant de paresse d’exécution. Les séquences s’enchainent sans véritable panache, les meurtres sont quelconques et les personnages n’ont rien de bien intéressant à raconter. La faute, une fois encore, à un scénario alambiqué et exécuté par une réalisatrice qui, de ses propres aveux, a avoué avoir regretté de ne pas avoir vu de slashers pour s’en inspirer. On ne peut pas prétendre faire une parodie si on ne s’est pas abreuvé des codes que l’on veut détourner. C’est une erreur qui coûte cher au film puisqu’il essaie d’être généreux, il essaie de nous divertir…mais il n’y a aucune passion derrière la caméra. Pourtant, Amy Holden Jones utilise brillamment ses talents de monteuse pour nous offrir quelques séquences humoristiques par un montage au cordeau (la scène du frigo) qui prouvent qu’elle n’était pas dénuée de talent. Mais il nous reste si peu de matière à nous mettre sous la dent en définitive qu’on oubliera bien vite le film aussitôt le visionnage terminé. La réalisatrice se contente du cahier des charges. Sa copie est trop lisse, rien ne dépasse. The Slumber Party Massacre aligne tous les poncifs comme un élève modèle sans jamais rien transcender des codes qu’il utilise. Que de gâchis ! Il paraîtrait que la suite de Slumber Party Massacre renferme tout ce que son grand frère n’a pas… Rimini, si vous nous lisez, nous voulons en découdre !

The Slumber Party Massacre est un slasher qui avait tout pour devenir le premier slasher féministe de l’Histoire. Presque totalement vidé de son discours initial, il n’en reste pas moins une curiosité alignant quelques sursauts bienvenus, malheureusement noyés dans un océan qui ne comprend pas sa propre substance. On ne passe pas foncièrement un mauvais moment, mais le résultat est bien trop pauvre pour nous sustenter pleinement. Un pétard mouillé en ce qui nous concerne, mais qui ravira autant les fans de Slumber Party Massacre 2 désireux de compléter ardemment leur collection que les néophytes qui veulent découvrir le genre du slasher.
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