The Pod Generation : Bébé du futur, mode d’emploi

Réalisatrice discrète dont le précédent long métrage, Madame Bovary, est sorti en 2015, Sophie Barthes est de retour cette année avec The Pod Generation. Se déroulant dans un futur proche où l’intelligence artificielle a pris le pas sur la nature (plus personne ne met les pieds dans une forêt, les arbres sont majoritairement représentés par des hologrammes), le film nous conte l’histoire de Rachel et Alvy. Désirant avoir un enfant mais souhaitant se consacrer à sa carrière, Rachel s’est inscrite sur la liste d’attente du Womb Center, un centre de haute technologie offrant la possibilité de porter son enfant dans un pod, en épargnant à la femme les problèmes de la grossesse. D’abord réticent à cette idée, plus attaché que Rachel à une conception ‘’naturelle’’ des choses (il est botaniste), Alvy finit par accepter cette expérience. L’occasion pour le couple de se remettre en question et de voir leur dynamique affectée par cette gestation tout à fait particulière…

Fortement intéressée par la question de l’ectogenèse (processus de procréation permettant le développement de l’embryon et du fœtus dans un utérus artificiel), Sophie Barthes livre avec The Pod Generation une légère comédie sur la question de la parentalité et de la procréation, dénonçant la marchandisation systématique des gens et la capacité des grandes corporations à nous faire croire que nous avons besoin de leurs produits. La satire est bel et bien là et pendant un temps, on pourrait presque se croire devant un épisode de Black Mirror. Il faut d’ailleurs reconnaître à la réalisatrice et à toute son équipe visuelle sa capacité à créer un futur qui nous est proche et qui est immédiatement tangible : les applications et intelligences artificielles y règnent en maître (la psy de Rachel est une IA), la végétation se fait si rare que plus personne ne semble en reconnaître les bienfaits et sous ses dehors faussement bienveillants, le Womb Center est moins intéressé par le bien-être de ses bébés à naître que par ses profits – la question de rentabilité régnant en maître.

Il est donc dommage qu’en ayant tout ce potentiel entre les mains, The Pod Generation reste finalement assez lisse. Jamais assez acerbe pour être une pure satire, jamais assez drôle pour être une comédie décalée, jamais assez tendre pour être une belle réflexion sur la parentalité, le film dessine des pistes, les explore en surface et s’en éloigne rapidement, partant dans plusieurs directions et tonalités qui finissent par lasser. Sa durée d’1h50 se fait alors ressentir et la conclusion du récit ne viendra pas appeler notre clémence puisqu’elle ne fait que tout laisser en suspens sans s’occuper de certaines conséquences.

Reste alors l’indéniable capital sympathie du couple vedette incarné par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor. Lui se montre toujours aussi solide dans ses interprétations, avec une belle versatilité quand elle surprend et confirme que le registre comique – ou tout du moins humoristique – lui va bien mieux que le drame pur. Avec ses mimiques, ses sourires parfois gênés et ses regards d’incompréhension, Emilia Clarke affine en effet son jeu sur cette tonalité qui lui allait déjà si bien dans Last Christmas (là où dans Solo ou Secret Invasion, c’est une autre paire de manches). Le couple, joliment crédible, constitue le principal atout d’un film autrement plus diffus, peinant à réellement convaincre par des intentions peu affirmées et qui auraient méritées une orientation plus claire…

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