
Amis de la bizarrerie, bonjour. Peut-être avez-vous déjà aimé, lors de vos pratiques intimes, vous faire promener en laisse comme un chien ? Nous serions mal avisés de juger vos préférences en matière de jeux de rôle. Mais avez-vous déjà rencontré une personne qui possède un être humain agissant H-24 comme un chien ? C’est sur ce constat brisant les frontières entre simple jeu entre adultes consentants et curiosité malsaine que le réalisateur et scénariste norvégien Viljar Bøe a décidé de baser le point de départ de son troisième long métrage, Good Boy. Nouvelle exclusivité Shadowz qui en ravira plus d’un, le film arrive à point nommé au cœur du marathon horrifique labellisé par la plateforme afin de nous offrir un film au sujet apparemment léger, mais au rythme diablement frénétique. Ne comptez pas trop vous reposer sur vos lauriers, Good Boy entend bien maintenir votre état de stress jusqu’à l’arrivée du 31 octobre prochain.
Sigrid et Christian se rencontrent via une application. Le charme agit et ils passent une première nuit ensemble à l’issue de laquelle Sigrid fait la connaissance de Frank, le chien de Christian. Le seul problème : Frank est de toute évidence un homme déguisé en animal.

Avec un pitch aussi tape à l’œil, difficile de ne pas avoir envie d’en découdre avec Good Boy. Seulement, le film de Viljar Bøe s’est bien gardé de sombrer dans une histoire racoleuse dans le but de choquer le tout-venant, bien au contraire ! En premier lieu Good Boy désarçonne : s’agit-il d’un jeu de rôle entre deux amants ? Lorsque Christian parvient à faire comprendre à Sigrid que Frank éprouve le désir d’être un chien, il se noue une relation on ne peut plus normale entre le couple naissant et leur animal de compagnie. Le ton volontairement léger de la première partie du film nous permet de coller au plus près des ressentis de Sigrid. D’abord interloquée, puis curieuse et enfin tolérante, elle se laisse convaincre de la normalité de la situation, d’autant que Christian a tout du petit-ami idéal… un peu trop idéal, même ! Nous nous faisons berner par autant de légèreté, oubliant que nous sommes bien devant un film de genre et non pas une comédie romantique. Si bien que lorsque la seconde partie du film s’enclenche, nous nous sentons pris au piège d’une spirale infernale qui ne nous laissera aucun échappatoire possible. Choix audacieux que de cacher ses atouts afin de les abattre au bon moment. Dans sa seconde moitié, Good Boy fascine et dérange et parvient aisément à décortiquer tous les thèmes qu’il cachait jusqu’alors.

Le film n’est aucunement là pour se moquer des personnes qui pratiquent ce genre de jeux, ce n’est même pas – à vrai dire – au cœur de son sujet. Good Boy est, avant tout, un thriller tendu sur les moyens qu’un pervers narcissique entreprend pour couper du monde les proies qu’il prend en chasse. Gard Fartein Lokke Goli qui interprète le rôle de Christian est la parfaite entité issue d’un accouplement entre Christian Grey (ce gros porc qu’on a voulu identifier comme un romantique torturé par un passé tumultueux de bobo-bourgeois péteux, 50 nuances qui sonnent encore bien racoleuses, même des années après sa gloire médiatique…) et Patrick Bateman de American Psycho. L’acteur terrifie par une carrure impressionnante, un visage mutique et une emprise bien présente qui sont accentués par une bande-originale en adéquation totale avec le film. Dans un premier temps absente, la musique s’immisce progressivement comme un invité indésirable et qui va participer à nous enfermer dans un inconfort de plus en plus prenant. Et même s’il n’est pas si difficile de deviner vers où veut nous mener l’épilogue (qui nous est révélé au détour d’une scène de dialogues qui nous paraissent, au premier visionnage, vains), on ne peut pas enlever au film son jusqu’au-boutisme assumé.

Il nous sera difficile de nous pencher d’avantage sur le film tant il vous appartient de le voir pour le croire, mais faites confiance aux trublions de Shadowz, Good Boy est une petite claque qui fait du bien par où elle passe. Un thriller redoutablement ficelé qui nous scotche au siège pour ne plus nous lâcher jusqu’à son générique final.
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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