The Continental : La jeunesse de Winston

Petit film de série B au pitch improbable, John Wick s’est rapidement transformé en franchise à succès avec des opus de plus en plus chers et de plus en plus spectaculaires. Après un quatrième film enterrant (définitivement ?) ce bon vieux John, il n’est guère étonnant de voir les producteurs capitaliser sur l’extension d’un univers aux codes devenus bien connus des fans. En attendant Ballerina l’année prochain avec Ana de Armas, The Continental, mini-série de trois épisodes d’1h30, a débarqué sur Amazon Prime Video pour nous raconter comment le fameux hôtel du titre s’est retrouvé entre les mains de Winston Scott dans les années 70.

Autant l’avouer tout de suite, sur le papier, The Continental ne nous faisait guère envie, simple tentative d’essorage d’un univers qui, de toute façon, n’a pas réellement les épaules pour être étendu à l’infini. Savoir comment Winston s’est emparé du Continental ne nous avait jamais effleuré l’esprit et l’on s’en moquait bien jusqu’à ce que la série débarque et qu’on se laisse tenter par son visionnage, aguiché, il faut bien le dire, par la présence toujours aussi magnétique de Mel Gibson en antagoniste de luxe. Et si The Continental ne nous a pas franchement donné tort dans notre façon de l’aborder, elle nous a tout de même procuré un plaisir qu’il serait presque dommage de bouder.

Comme sa franchise mère, The Continental n’est jamais aussi réussie que lorsqu’elle verse dans l’action pure avec une forme d’inventivité ludique, entre ses personnages hauts en couleur et ses chorégraphies bien énervées plutôt que lorsqu’elle tente d’explorer la psychologie de ses personnages. C’est ainsi que le premier épisode de la série apparaît comme le plus laborieux, nous présentant tous ses (trop nombreux) personnages tout en tâchant de développer des enjeux autour du passé familial de Winston qui se retrouve quasiment forcé de retrouver la trace de son frère, traqué par Cormac, le directeur du Continental qu’il a trahi. Et si le passé de Winston n’est pas si inintéressant que ça, donnant de nouvelles nuances à un personnage plus complexe qu’il n’en a l’air, le fait est que le scénario n’arrive jamais à nous maintenir dans un fort intérêt pour ses personnages dont les destins se croisent assez laborieusement.

Fort heureusement, les épisodes suivants viennent remonter la barre, le second en mettant en place un plan d’attaque stratégique sur le Continental par Winston et ses complices (parmi lesquels on retrouve avec plaisir le génial et trop rare Ray McKinnon en tireur d’élite vieillissant), le troisième en nous faisant assister à cette attaque. De fait, ce troisième épisode constitue un climax plutôt réjouissant, crescendo d’action quasiment ininterrompue se tenant entre les murs du Continental que l’on prend plaisir à explorer alors que nos héros font face à des antagonistes coriaces (incarnés par la contorsionniste Marina Mazepa et par Mark Musashi, cascadeur pratiquant le Wushu). Le spectacle est moins impressionnant et moins inventif que chez John Wick mais, chapeauté par Albert Hughes, n’en demeure pas moins redoutablement efficace et hautement divertissant, nous rappelant pourquoi on aime autant John Wick.

Si l’on ajoute à ça la prestation solide de Colin Woodell, largement convaincant en jeune Winston, le charisme toujours intact de Mel Gibson même quand il vient cachetonner (son temps de présence à l’écran est relativement réduit, bien qu’il soit crédité en premier au générique) et la BO 70’s forcément emballante, on pourra difficilement dire du mal de The Continental. Simplement en souligner le caractère opportuniste et finalement assez vain. Ce qui parfois n’empêche pas le plaisir.

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  1. Winston's youth - SparkChronicles

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