Demonia : Lucio Fulci est fatigué

Revenu sur le devant de la scène cinéphile ces dernières années grâce au travail acharné d’éditeurs passionnés comme Le Chat qui fume ou Artus Films, le cinéma de Lucio Fulci continue d’être exploré parfois par d’autres éditeurs comme ESC l’année dernière avec La maison près du cimetière ou Carlotta cette année avec la sortie au mois de juin de Demonia. Un choix confirmant l’éclectisme de Carlotta et qui nous permettra de compléter notre collection avec un beau master et… c’est à peu près tout tant le visionnage du film est particulièrement douloureux.

Sorti directement en vidéo en 1990, Demonia est le film d’un cinéaste fatigué qui n’est plus que l’ombre de lui-même et à qui personne ne donne d’ailleurs les moyens de faire mieux que ce film relativement indigent, bien que traversé par quelques idées. Le tournage fut difficile à cause d’un manque de budget freinant les intentions du réalisateur qui ne participa même pas au montage. En résulte un film étonnamment ennuyant au scénario mou, incapable de nous accrocher au moindre personnage ou au moindre rebondissement. On retient simplement qu’il s’agit d’une histoire d’archéologues effectuant des fouilles en Sicile près d’un monastère où, au Moyen-Age, on avait tué des nonnes accusées de satanisme.

Soit pas grand-chose d’original (on pense beaucoup au Sanctuaire de Michele Soavi sorti l’année précédente) mais cependant suffisamment d’outils qui devraient permettre à Fulci de concocter une ambiance mortifère dont il a le secret. Le manque de budget l’empêche cependant de rattraper les errances de son scénario et l’absence de charisme de son casting (qui, de toute façon, n’a rien d’intéressant à jouer) ne fait que rendre l’expérience particulièrement difficile. C’est d’autant plus étonnant que même la bande-originale est aux fraises (zéro tension dans la scène finale) et que les effets gores (pourtant l’une des marques de fabrique du cinéaste) sont tellement mal montés qu’ils en deviennent hilarants, à l’image de cet écartèlement aberrant, généreux en tripailles mais particulièrement grossier.

On n’en voudra pas à Carlotta de nous proposer le film, venant compléter une collection bien garnie sur nos étagères mais la déception est bien là, difficilement entièrement imputable à un Fulci qui n’a pas eu réellement les mains libres dessus et qui aimait beaucoup tourner, quitte à faire moins bien de ce dont il était capable. Inepte et pas assez mauvais pour être complètement hilarant, Demonia est donc à mettre de côté, jusqu’à ce qu’on l’oublie et qu’on tente une réévaluation un jour, sait-on jamais…

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