
Oscillant habilement entre exclusivités et classiques à découvrir, le catalogue de la plate-forme Shadowz est un pur plaisir à parcourir chaque semaine, en quête du film susceptible de faire l’objet de notre séance Shadowz du samedi. Si l’on se laisse souvent tenter par les exclusivités, la séance Shadowz c’est aussi l’occasion un peu égoïste pour nous de découvrir enfin un film que l’on veut voir depuis longtemps. C’est le cas pour Les femmes de Stepford qui nous intéresse ici, occasionnellement cité çà et là comme film culte notamment pour son propos et son atmosphère et dont l’influence se reconnaît encore aujourd’hui dans un film comme Don’t worry darling qui lui a clairement tout piqué.

Réalisé en 1975 d’après un roman d’Ira Levin paru en 1972 (qui se faisait adapter très rapidement dès qu’un de ses livres sortait à l’époque), Les femmes de Stepford nous fait basculer dans l’envers d’une petite bourgade américaine bien trop proprette pour être honnête. Emménager à Stepford n’est pas vraiment la décision de Joanna, épouse de Walter et mère de deux enfants. Elle se sentait bien à New York où elle tâchait de gagner sa vie comme photographe mais Walter a pris la décision sans la consulter. Très vite, Joanna constate qu’à Stepford, toutes les femmes sont heureuses d’être des ménagères aux petits soins pour leurs maris. Elles sont prêtes à tout pour les combler, sacrifiant leur bonheur individuel au profit d’une image d’épouse parfaite, ne rechignant pas à faire l’amour quand monsieur le désire et la cuisine quand il a faim. Une situation inquiétant Joanna et son amie Bobbie, elle aussi nouvelle venue en ville. Elles décident alors de mener l’enquête, sans se douter de la terrible vérité se dissimulant derrière ces beaux petits pavillons américains bien rangés…
Œuvre troublante et profondément féministe, Les femmes de Stepford fait partie de ces films éreintant avec férocité le vernis bien trop propre des banlieues américaines. Il rejoint ainsi un film comme L’ombre d’un doute tout en annonçant d’autres œuvres majeures comme Blue Velvet et Get Out. Ici, le réalisateur Bryan Forbes et le génial scénariste William Goldman, sur la base du roman de Levin, brossent un terrible portrait au vitriol de la société patriarcale. Celle où les hommes sont tellement étroits d’esprit qu’ils ne peuvent envisager leur femme ailleurs que dans la cuisine ou dans la chambre à coucher (où évidemment, il faut les flatter de leurs performances sexuelles). Il ne s’agit pas pour eux d’échanger intellectuellement avec leurs épouses mais plutôt de répondre au bon vieux fantasme de la ménagère des années 50 : la maison doit être propre et entretenue, la femme ne doit pas penser à elle mais uniquement à ses enfants et au confort de son petit mari. Vision étriquée de catalogue ou de parc d’attraction (l’une des têtes pensantes de la ville a travaillé à Disneyland) où rien ne doit dépasser et tout doit être ordonné.

Joanna et Bobbie, tentant d’intégrer des notions de féminisme aux femmes de la ville réalisent qu’elles ne peuvent les comprendre, celles-ci semblant avoir subi un lavage de cerveau. Décidées à ne pas répondre à l’image qu’on attend d’elles et à se battre contre des existences mornes dans lesquelles elles ne pourraient s’épanouir, les deux amies vont tout faire pour se révolter, ignorant les dangers qui les guettent. On ne gâchera évidemment pas la fin du film ici mais sachez seulement que Les femmes de Stepford n’a guère de tendresse pour ses personnages masculins mettant en place beaucoup d’ingéniosité pour répondre à des besoins primaires parfaitement ridicules. Acerbe et encore (hélas) d’actualité aujourd’hui, le film aurait peut-être gagné à avoir une réalisation plus affirmée (Brian De Palma avait été attaché au projet pendant un moment, nul doute que ça aurait été plus sulfureux et plus provocateur avec lui), celle de Bryan Forbes entretenant savamment son ambiance sans pour autant faire des étincelles mais il bénéficie de son scénario joliment ficelé et de l’interprétation parfaite de Katharine Ross (Le Lauréat, Butch Cassidy et le Kid) jouant parfaitement toutes les nuances d’un personnage découvrant l’envers d’une vie qu’elle refuse de tout son être. Alors messieurs-dames, venez donc faire un tour dans la bourgade tranquille de Stepford, vous ne serez pas déçus !
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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