
N’ayant jamais réussi à séduire totalement malgré son potentiel et connaissant un succès relativement modeste, Désenchantée touche à sa fin (sans grande surprise) dans une cinquième saison disponible depuis le 1er septembre dernier et dont les dix épisodes ont la charge d’offrir à la série une conclusion qui pourrait lui apporter un peu plus d’ampleur. Pari réussi ? La réponse est non.

Si l’on avait salué les efforts effectués en saison 4 pour que le récit s’accroche enfin à sa trame narrative en creusant en profondeur ses personnages, cette cinquième saison démarre sur les chapeaux de roue et trouve une conclusion apaisante sans pour autant être mémorable. La faute à un rythme parfaitement inégal basé sur la répétition : alors que la méchante reine Dagmar n’a qu’à torturer et poursuivre les amis de Bean pour accomplir son plan diabolique, ceux-ci parviennent à lui échapper parfois simplement en… passant dans la pièce d’à côté ! L’on veut bien croire que la série soit avant tout humoristique mais cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faille pas prendre son récit au sérieux. À force de désamorcer systématiquement la moindre situation potentiellement dramatique, de faire incessamment revenir les morts à la vie et de ne pas réellement prendre au sérieux les enjeux pourtant énormes qu’elle a elle-même pris le temps de construire, Désenchantée retrouve ses vilains défauts et ne cesse de se tirer des balles dans le pied, à un point tel que cela en devient ridicule dans cette dernière salve d’épisodes.
C’est là toute la limite de la série, aussi sympathique soit-elle (et elle l’est, notamment et depuis le début, grâce à son trio formé par Bean, Elfo et Luci), elle est absolument incapable de se prendre au sérieux (ou alors le temps d’une séquence tous les dix épisodes) ce qui serait absolument acceptable si tel était son but. Mais dans ce cas, pourquoi s’acharner à bâtir tout un univers, à mettre en place des enjeux dramatiques et des personnages mal dans leur peau pour les voir se faire balayer au détour d’une multitude de gags dont le meilleur nous fait seulement sourire ? Désenchantée a beau être charmante et bénéficier d’une chouette direction artistique, on ne peut s’empêcher, à l’issue de la conclusion de la série, d’avoir le sentiment de s’être fait flouer à suivre cinquante épisodes pour pas grand-chose.

Si l’on ne demande pas toujours aux séries que l’on suit de nous bouleverser lors de leur fin (Succession, Better Call Saul et BoJack Horseman on pense à vous), on leur demande, au minimum, de nous offrir la sensation d’avoir donné de notre temps pour une raison, de nous toucher, de nous faire rire ou de nous faire vibrer. Désenchantée aura certes rendu quelques soirées sympathiques mais ce sont des soirées que l’on aurait tout aussi bien pu passer en compagnies d’autres séries. Et c’est à ça que l’on reconnaît une série ratée, incapable de nous toucher en plein cœur…
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