
Nouvel arrivé dans la collection Angoisses de chez Rimini, Sweet Sixteen est avant tout un titre qui ne parlera qu’aux quinquagénaires qui ont eu la chance de le louer lors de sa sortie vidéo de l’époque. Invisible par chez nous depuis 1984, le film s’est targué d’une ressortie restaurée en blu-ray au Royaume-Uni et aux Etats-Unis aux alentours de 2015. Slasher injustement oublié ou banale copie horrifique comme il en pleuvait par dizaines à l’époque ? Telle est la question que nous nous sommes posés en partant à la découverte de Sweet Sixteen.

La famille de Melissa vient d’emménager dans une petite ville du Texas. Rapidement, la jolie jeune fille est l’objet de toutes les attentions. Or, tous les hommes, jeunes ou plus âgés, qui s’approchent d’elle sont victimes d’un tueur fou. Le shérif Dan Burke mène l’enquête et découvre bientôt d’étranges éléments.
Sorti en 1983, Sweet Sixteen est un film à l’orée de deux chemins. Le film est tiraillé entre l’envie de proposer une enquête policière parsemée de meurtres à l’instar de Psychose (sorti une vingtaine d’années auparavant) et celui de s’inscrire dans la mouvance du slasher pur et dur qui détonnait à l’époque. En dépit du fait qu’il ne soit pas le slasher originel, les Etats-Unis considèrent souvent que Vendredi 13 est à l’origine de ce sous-genre du film d’horreur. Il n’est pas étonnant d’avoir vu poindre divers ersatz calqués, souvent avec pertes et fracas, sur le film de Sean S. Cunningham. Sweet Sixteen aurait mérité d’être mieux étoffé car il regorge d’idées qui auraient pu le placer dans le haut du panier des meilleures productions du genre. Tout d’abord son sujet. Le seizième anniversaire est un rite initiatique aux US. C’est le début du passage à l’âge adulte. Les adolescents se voient le droit de passer leur permis de conduire ainsi que de prétendre à un port d’arme dans certains Etats. C’est une étape charnière dans la vie des individus américains. C’est aussi le moment de la puberté, avec tout ce que cela comporte d’envie de liberté et de libération des frustrations qu’elles soient sexuelles, festives ou autres. Ainsi, choisir de montrer une héroïne à l’aube de ses 16 ans qui voit tous ses prétendants se faire mutiler dès qu’elle présente un semblant d’intérêt pour eux a de quoi offrir un vrai sujet de réflexion derrière. Sweet Sixteen aurait pu être un slasher féministe avant l’heure. L’arme des crimes, le couteau, représentation phallique qui se retourne contre les agresseurs sexuels potentiels, aurait dû nous guider sur une réflexion de la sorte. S’il y aura bien des relents qui iront dans ce sens (les hommes mûrs qui finissent en gibier de potence avant qu’ils ne commettent un viol, le mobile du meurtrier), rien n’est jamais creusé et tout reste lisse et fade à commencer par la réalisation.

Jim Sotos, le réalisateur, n’a jamais percé sur le grand écran. Réalisateur de seconde, pour ne pas dire troisième, zone, il confère à son projet un rythme lent non pas par envie, juste parce qu’il ne sait pas quoi faire de son film. A-t-il jamais su comment donner du rythme ? Sweet Sixteen est équivalent aux téléfilms que mamie Gilberte s’inflige par défaut chaque après-midi sur France 3. Parce qu’il n’y a pas qu’au niveau technique que le film patine, il faut voir comment les acteurs s’en donnent à cœur joie dans un non-jeu abyssal. Mis à part Bo Hopkins qui tente de sauver le navire du naufrage, tout le casting semble avoir été approché au détour d’une ruelle uniquement peuplée d’anciens héroïnomanes accros au Subutex. Il faut voir Patrick McNee froncer ses sourcils pour se donner un air menaçant afin de comprendre dans quel bourbier l’on se trouve, c’est d’un navrant. Et puis, la cerise sur le gâteau, provient de sa chanson finale digne d’un soap opera de mauvais goût. Passé une scène d’introduction qui semble sortir d’un autre film tant elle n’a absolument rien à voir avec l’intrigue, Jim Sotos ne sait même pas comment conclure son histoire. Il préfère laisser agir une musique extradiégétique pour venir nous compter l’état psychologique de son héroïne. Héroïne qui, au passage, possède des mœurs bien légères pour une, soi-disant, adolescente de 15 ans. Bref, Sweet Sixteen est vraiment le bas fond de ce que le sous-genre du slasher nous ait offert de pire et n’intéressera probablement que ceux l’ayant découvert à sa sortie et qui nourrissent un semblant de nostalgie à son égard.

Cependant, impossible de ne pas saluer la superbe copie proposée par Rimini. Une fois encore, l’éditeur nous permet de (re)découvrir ces curiosités oubliées dans des conditions optimales et c’est un vrai régal que de voir s’agrandir cette magnifique collection Angoisses. Ne serait-ce que pour soutenir le travail de l’éditeur à toujours nous exhumer des pépites, Sweet Sixteen s’impose comme un achat indispensable.
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