
Rappelez-vous ce nom à l’avenir : Nathan Ambrosioni. A l’âge d’à peine 24 ans ce jeune réalisateur des plus prometteurs signe avec Toni, en famille une saga familiale pour le moins prenante et maîtrisée d’un bout à l’autre, éventuel évènement majeur de la 16ème édition du FFA de cette année doublé d’un authentique coup de coeur de la part de son célèbre organisateur : le décidément ubiquitaire et passionné Dominique Besnehard. Profondément humain, simple sans pécher par excès de simplisme et redoutablement dense et mature en dépit du jeune âge de son auteur, réalisateur et monteur principal ledit métrage propose – du haut de sa centaine de minutes proprement efficace et à l’humeur bienveillante et communicative – le portrait d’une mère de famille joignant son travail et ses cinq bouts de choux alors en pleine ambivalence adolescente à l’orée du récit ; offrant le rôle-titre à la drolatique et rayonnante Camille Cottin Nathan Ambrosioni part d’emblée avec de solides arguments dramatiques et dramaturgiques, jouant sur la dimension atta-chiante de la brillante comédienne pour mieux accoucher d’une comédie douce-amère portant aux nues son héroïne : Toni.

Porté par un casting hors-paire Toni, en famille confirme la consécration de certains de ses jeunes comédiens, et comédiennes : entre un Thomas Giora déjà remarquable et remarqué dans les très différents Jusqu’à la Garde de Xavier Legrand et Adoration de Fabrice du Welz et surtout une Louise Labèque révélée dans le confidentiel – mais sublime – Coma de Bertrand Bonello l’équipe artistique entourant Camille Cottin réserve de magnifiques moments de quotidienneté touchante, pariant simplement mais efficacement sur la reconnaissance des spectateurs à son égard ; ainsi l’on se prend à s’émouvoir au regard de la rivalité opposant Toni à sa fille aînée (Léa Lopez, superbe en jeune femme férue de danse et de gloire…), s’amuser du coming-out du jeune Marcus (Thomas Giora, de fait) banalement reçu par une famille au silence éloquent ou encore s’agacer avec tendresse des frasques hyperactives de Timothée, puîné en pleine crise adolescente (Oscar Pauleau, l’une des grandes révélations de cette comédie dramatique à laquelle la notion d’équilibre sied si merveilleusement, ndlr).

On comprend néanmoins rapidement que Toni écoute beaucoup ses cinq petits protégés, travaille à temps plein, cuisine en grande quantité et se décarcasse au maximum pour complaire à toute sa tribu… oubliant dans le même temps ses aspirations professionnelles et ses rêves personnels ! Ancienne star de la télé-réalité et veuve d’un époux que l’on devine disparu dès les premières minutes du métrage Toni est de ces femmes volontaires et déterminées à accorder tout leur petit monde coûte que coûte, quitte à reléguer au second plan leurs désirs au profit d’une réalité matérielle et maternelle pour le moins inévitable.
Camille Cottin semblait d’ores et déjà idéale dans ce rôle de quadragénaire rattrapée par le passage du temps et des désillusions heureusement résorbables, portant avec ses cinq partenaires de jeu cette saga s’imposant simplement mais certainement comme l’une des séances indispensables de cette rentrée 2023. Visible et appréciable dès ce mercredi dans nos salles obscures Toni, en famille est un vrai feel good movie dépourvu de mièvrerie et plein de bon sens et de bons sentiments : un film qui fait littéralement du bien à notre âme de cinéphile trop souvent confrontée aux miroirs les plus noirs de nos existences lorsqu’il s’agit d’y faire face dans le confort d’un fauteuil baignant dans l’obscurité. Rien que pour cela le film du jeune et très talentueux Nathan Ambrosioni se doit d’être vu, parce qu’il montre la vie telle qu’elle devrait l’être sans nous en assommer plus que de raison dans le même mouvement d’humilité. Magnifique.
Soyez le premier à commenter