
S’il y a bien un sujet qui alimente les films depuis des décennies, c’est celui du couple. Le couple idyllique, la romance impossible, le divorce explosif, l’infidélité pardonnée… bref, le couple a été disséqué dans tous les sens par les cinéastes jusqu’à rendre très difficile le renouvellement du thème. Très difficile, mais pas impossible et le réalisateur BenDavid Grabinski nous le prouve dans son film Happily disponible en ce moment sur la plateforme Shadowz.
Tom et Janet (interprétée respectivement par Joel McHale et Kerry Bishé) forment un couple unique en son genre. En quatorze ans de mariage, la flamme passionnelle qui les anime ne s’est jamais éteinte. Leur quotidien est rythmé par de fréquents ébats explosifs, ce qui a le don d’énerver au plus haut point leurs amis. Jaloux de leur relation fusionnelle, ils décident de les mettre à l’écart en leur expliquant être lassés d’être témoins de leur indéniable bonheur conjugal. Peu de temps après cette crise, Tom et Janet, dont les liens restent toujours aussi solides, reçoivent la visite d’un mystérieux individu qui prétend que leur couple est une anomalie. Ce petit film indépendant mélangeant la comédie sociale et le thriller paranoïaque reprend le thème du couple pour le traiter de façon décalée. Ici, pas de sentiments qui se désagrègent du fait de pressions extérieures mais un véritable amour, pur et idéal qui devient justement l’erreur qui dérange le monde.

Le cinéaste se risque à partir du postulat issu des contes, mythes et autres fables : le grand amour existe. Son choix narratif prend toute son originalité dans sa manière de raconter ce grand amour. L’intrigue s’intéresse justement à “ils vécurent heureux” et au XXIe siècle, ça n’est pas obligatoirement synonyme de “beaucoup d’enfants” ou de “chien et grande maison à la campagne”. Il met au centre du bonheur idyllique la question de la libido de façon bien plus subtile qu’il n’y paraît au premier abord. Evidemment, cela passe par un prologue dans lequel on découvre leurs habitudes sexuelles débridées et aventureuses, comme deux ados qui ne peuvent pas rester cinq minutes sans se toucher (ce qui participe au comique du film) mais BenDavid Grabinski n’avilie jamais le sexe à un comportement bestial ou puéril. Il montre justement qu’il est possible d’être un couple d’adultes responsables sans pour autant passer par la soi-disant case incontournable de la lassitude sexuelle.

Joel McHale et Kerry Bishé ont d’ailleurs été « castés » à merveille puisqu’ils correspondent a priori à l’image que l’on se fait d’un couple de banlieue enfermé dans une routine, alors que le film nous dévoile exactement l’inverse. L’épanouissement sexuel n’est pas signe de puérilité ou d’irresponsabilité. Malheureusement pour notre couple déjà attachant, le monde tentera de faire obstacle à leur bonheur, sinon il n’y aurait pas de film.
Avec une conclusion vraiment surprenante, des acteurs en pleine forme et une mise en scène épurée utilisant à son avantage le budget restreint, BenDavid Grabinski nous livre une jolie surprise intelligente et efficace. Choisissez le bon moment si vous le regardez en couple.
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Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec la plateforme Shadowz.
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